Le PSG a signé un large succès face à Lyon dimanche soir au Parc des Princes (5-0). Mais des interrogations subsistent tout de même. Dans ce match irréel, pas mal de lacunes ont été constatées en première période à 11 contre 11. Des lacunes récurrentes.
Il n'est pas question là de calmer l'enthousiasme ambiant. Paris a largement battu son adversaire sans doute le plus sérieux en France. Lyon a tout de même battu Manchester City sur sa pelouse il y a quelques semaines (2-1) et semble une équipe de plus en plus redoutable. Mais les circonstances du match ont rendu la soirée complètement folle. Voire difficile à analyser.
Si les Parisiens ont su bien mieux négocier la seconde période que les Rhodaniens, à 10 contre 10, il a été très difficile de s'emballer devant le spectacle proposé en première période. A 11 contre 11. Pendant 35 minutes (jusqu'à l'expulsion de Presnel Kimpembe), on a ainsi observé les mêmes carences que lors du match à Liverpool il y a quelques semaines.
Un équilibre bancal
Au coup d'envoi, le PSG était annoncé en 4-2-3-1 avec un duo Marquinhos-Verratti positionné derrière le trio Di Maria-Neymar-Mbappé, Cavani étant isolé en pointe. Sauf que dans les faits, ce dispositif a souvent basculé en 4-3-3. L'Argentin s'est ainsi placé près des deux milieux axiaux pour former un trio devant couvrir toute la largeur. Mbappé n'ayant pas souvent soutenu Meunier, Verratti s'est ainsi retrouvé à boucher les espaces sur sa droite. Plus discipliné, Di Maria s'est davantage replié sur le côté de Bernat. L'OL maîtrisant bien le ballon, ce manque d'efforts des attaquants a pénalisé l'équilibre de l'équipe parisienne.
Nous retrouvons ainsi ci-dessus quatre situations précises de ce dispositif bancal. Lyon attaque et Mbappé (rond rouge) reste donc assez loin de Meunier (rond bleu) (image 1). En phase défensive, il est même arrivé que Cavani (rond bleu) se décale sur la gauche pour laisser Neymar (rond rouge) assez libre dans l'axe (image 2). Verratti (rond rouge) est donc obligé de se décaler sur la droite pour défendre devant Meunier (image 3). Mais le Belge (rond bleu) peut être livré à lui-même si son compère italien n'arrive pas à temps. Une zone large est ainsi laissée (rectangle rouge) (image 4).
Des efforts insuffisamment fournis
Le porteur du ballon a parfois manqué de soutien, comme Meunier (rond bleu, image 1 ci-dessous), ce qui a provoqué une perte dangereuse dans son camp. Mais ce qui a été le plus marquant, c'est l'absence de repli sur les contres lyonnais. Sur les trois autres focus, Lyon attaque vers la droite. Sur l'image 2, Neymar (rond rouge) réclame une faute inexistante et Lyon part en contre alors que pas moins de 7 joueurs parisiens sont effacés. Traoré (rond bleu) peut ainsi se retourner pour décaler un partenaire.
Idem sur l'image 3, où une nouvelle perte de balle entraîne un contre dangereux (Ndombélé, rond bleu) et 5 joueurs effacés. Et puis symbole ultime des difficultés parisiennes, l'image 4 qui amène l'expulsion de Kimpembe. La perte de balle est pourtant assez proche de la surface adverse mais Ndombélé fait de belles différences et 7 joueurs sont effacés. Dans la panique, le jeune défenseur du PSG (rond rouge) se rend ensuite coupable d'un tacle trop agressif qui entraîne un jaune, puis un rouge direct logique après visionnage des images de la part de l'arbitre.
Evidemment, tout n'a pas été négatif mais nul doute que Thomas Tuchel a bien observé le comportement de son équipe et devrait encore travailler là-dessus pour les prochaines échéances. Car ces constats ont déjà été effectués lors de la rencontre à Anfield, face à Liverpool le 18 septembre dernier (défaite 3-2). Et au plus haut niveau, en Ligue des champions, face à des équipes rôdées, reproduire ce genre de productions pourrait s'avérer fatal.
Mais Paris a pu s'appuyer sur des joueurs-clés
Face à Lyon, le PSG a été sauvé par la performance de joueurs déterminants. A commencer par Thiago Silva. Le capitaine parisien a tenu son rang et a signé 4 dégagements défensifs et 5 interceptions (meilleurs chiffres du match, livrés par Opta). Coupant pas mal de centres lyonnais, il s'est montré intraitable dans les duels. De même que Marquinhos devant lui. Peu convaincant à ses débuts au poste de milieu défensif, le Brésilien est en train de prendre ses aises et a gagné en science du placement. Il a réussi 5 tacles et récupéré pas moins de 10 ballons (meilleurs chiffres de la partie là-aussi). Deux hommes qui ont aidé à endiguer les offensives lyonnaises.
Sans oublier, toujours dans ce secteur défensif, Marco Verratti. L'Italien a retrouvé ses sensations et prend de nouveau des risques balle au pied, avec sa qualité de conservation légendaire. Il a été aidé par un Angel Di Maria qui a retrouvé de l'énergie et du volume pour fournir des efforts. Paris a donc fait le dos rond et profité de la grosse débauche d'énergie lyonnaise au cours du premier acte pour achever l'adversaire en seconde période. Avec un duo Neymar-Mbappé fatal. Prometteur pour la suite. A condition d'être mieux protégé.
L'interrogation Cavani
C'est bien la question qui va se poser : existe-t-il un malaise Cavani ? Au-delà de sa sortie pour des raisons tactiques (après l'expulsion de Kimpembe), l'Uruguayen n'a pas été vu en train de célébrer ce large succès face aux supporters. Surtout, sur le terrain, le «Matador» ne semble pas en phase avec le jeu vertical prôné par Tuchel. Et sa sortie a permis de libérer Mbappé, qui s'est régalé en prenant la profondeur dans l'axe. Mais il ne faut pas oublier l'apport du numéro 9 parisien, un des meilleurs au monde pour couper des centres.
Mais comment l'incorporer dans cette équipe ? Alors que Neymar et Mbappé sont tellement plus efficaces libérés de toute tâche défensive. La présence d'un milieu supplémentaire pourrait assurer plus de sécurité. Mais comment se séparer d'un joueur à plus de 35 buts en moyenne chaque saison ? L'entraîneur allemand va devoir vite résoudre ce souci d'équilibre et... d'ego.
