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Supporters PSG : Arno P-E : Fiers d’être Parisiens ?

Publié le 01 Avril 2008 à 17h21 par Arno P-E
Vue la dimension d'affaire nationale prise par la banderole déployée face à Lens, vue la réputation du club auprès des Français, et vues les remarques qu'il faut désormais subir à longueur de journée quand on avoue être fan du PSG, une question se pose : a-t-on encore le droit, aujourd'hui, d'être fier de supporter le Paris Saint-Germain ?
Impossible de louper les tifosi parisiens ces jours-ci : pour ne reprendre qu'un exemple parmi des dizaines d'autres, nous nous sommes tous retrouvés en une de L'Equipe le lundi 31 mars, juste au-dessus ou bien juste en-dessous de la désormais fameuse banderole « Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch'tis », avec, sur cinq colonnes, en énorme, le titre : Dehors !... Et franchement, on s'en serait bien passé.

Soyons clairs dès le départ. Il ne s'agit pas de se poser en victime. Ceux qui ont été insultés, à la base, ce sont les Lensois. Il ne s'agit pas non plus d'occulter le message étalé sur notre tribune : cette banderole n'avait rien à faire, ni dans un stade, ni autre part. Condamner cette triste initiative ne pose d'ailleurs de problème à personne au PSG. La preuve ? Du président Cayzac aux associations de supporters du KOB, tout le monde l'a fait.

Seulement voilà, en tant que supporter parisien, j'ai un petit souci à propos du battage qui entoure cette banderole haineuse, et déplacée : je n'ai aucune envie de m'excuser. Ni pour le lamentable message qu'elle véhicule, ni d'ailleurs pour les autres terrifiantes exactions commises par des Parisiens ce soir-là.

Je refuse de devoir m'excuser d'être supporter Parisien

J'étais au stade, je suis fan du PSG. Je n'ai même pas attendu le battage médiatique du lendemain pour avoir été affligé par l'attaque visant les Lensois. Et pourtant je ne m'excuserai pas. Et je n'admettrai pas non plus que notre club à tous, le Paris SG, soit puni à cause de cette affaire.

Parce que bien que Rouge et Bleu, je ne me reconnais pas là-dedans. Tout simplement. Et du coup, je ne vois pas pourquoi je devrais me cacher, ou avoir honte de supporter mon club. Ce n'est pas mon club qui a déployé cette banderole ! Ce n'est pas mon club qui a insulté, ou coursé des familles dans le RER, parce qu'elles étaient noires. Ce sont des gens qui en font partie... mais ne l'incarnent pas. Le PSG, ce n'est pas ça, quoi qu'on en dise.

En tant qu'habitant d'Île de France, un Parisien quelconque éprouve-t-il le besoin de présenter des excuses après qu'un commerce ait été brulé par d'autres un soir d'émeutes dans les Yvelines ? Un résident de la capitale pris au hasard devra-t-il avoir honte de continuer à se sentir Parisien quand on lui racontera qu'une agression a eu lieu la veille, dans son arrondissement ?

Eprouver de la tristesse, faire preuve d'empathie, dire qu'il faut régler les choses, et punir les fautifs, oui. Sans problème. Mais avoir honte d'appartenir à la communauté parisienne à cause de cette banderole, et devoir en plus faire amende honorable, ça en revanche je le refuse. Parce que je ne me sens pas responsable des actes des autres, fussent-ils honteux, et condamnables par la justice.

Rappelons que ce n'est pas le PSG qui s'occupait de la fouille des supporters mais bien les CRS. Comment le Paris SG aurait-il pu empêcher la banderole de rentrer, dans ces conditions ? Rappelons que toutes les associations de supporters reconnues par le club ont condamné sans équivoque les propos tenus dans cette banderole. Alors comment accuser l'ensemble des supporters de souscrire à son message ?

Le PSG non plus, ce n'est pas la violence et le racisme !

Le souci dans cette affaire, c'est que beaucoup de personnes parlent, mais très maladroitement, et surtout sans maîtriser le dossier. Entendre à la radio que tout cela ne pouvait arriver qu'à Paris, par exemple, est injuste, et très blessant quand on voit ce qui se passe parfois ailleurs, sur les stades de L1.

Une banderole dans laquelle certains supporters déclaraient à l'occasion d'un match contre Lyon : « la chasse est ouverte, tuez-les ! » avait été déployée à Geoffroy Guichard l'an passé. C'est une claire incitation à la haine et à la violence. Ce genre de propos n'ont pas leur place en tribune. Pourtant, refuse-t-on à un Stéphanois le droit d'être fier de son club ? Non, parce que Saint-Etienne, le club, ses valeurs, ce n'est pas ça. Malgré les supporters qui ont exhibé ce texte.

Et quand les Lyonnais répondent aux Verts, toujours au moyen de ces fameuses banderoles qu'ils sont « des ordures consanguines », en déduit-on qu'il faut dissoudre des associations, et fermer des tribunes ? Demande-t-on à un Gone chaque fois qu'on le croise : mais comment peux-tu supporter ce club, avec de tels messages ? Non, parce que l'OL représente bien d'autres choses. Malgré ces supporters-là.

De même que l'OM ne se limite pas à ces fans qui ont été condamnés pour avoir commercialisé des tee-shirt homophobes, assimilant tous les Parisiens à des Gays, ou pour avoir déployé une voile de 100 m² sur le même thème, avant une rencontre.

Il y a à Marseille, Lyon et Saint-Etienne des supporters haineux. A Paris aussi. Ces clubs ne sont pas des clubs de tarés violents homophobes ou racistes pour autant. Le Paris SG non plus.

Voir un présentateur télévisé assimiler les fans parisiens à des nazis, c'est jeter l'opprobre sur l'ensemble des supporters de la Capitale. Et c'est tout autant insupportable que d'assimiler les Lensois à des chômeurs consanguins.

La vérité, c'est que ce n'est pas le PSG qui déraille. C'est tout le foot. Français, européen (encore un supporter mort en Italie ce week-end), mondial... Punir le club de la Capitale en lui retirant des points, ou en l'obligeant à rejouer cette finale à huis-clos, ne changera rien à l'affaire. Que l'on punisse les vrais coupables, ceux qui ont réalisé, puis sorti cette banderole. Pas les joueurs qui luttent pour le maintien, ni tous les supporters qui se sont retrouvés en une de L'Equipe, associés à cette phrase, et à sa condamnation, alors qu'ils n'avaient rien fait.

Il y a, à Paris comme ailleurs, des fans qui veulent encore supporter leur club. Juste supporter leur club. Mais à fond. Laissez-nous le faire ! Le PSG regorge de ces passionnés qui ont toujours envie de vivre pour leurs couleurs, de manière parfois excessive, parfois absurde ou choquante, mais sans violence et sans haine.

Supporter le PSG, sans violence et sans haine... mais pas sans passion !

Oui, la limite est parfois ténue, entre passion et violence, entre rivalité et hostilité. Mais c'est justement d'approcher cette limite, sans la franchir, qui fait toute la beauté de nos oppositions. Punissez-nous si nous dérapons, mais en attendant regardez l'actuel secrétaire d'État chargé de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, Bernard Laporte. Lors d'un reportage consacré à la rivalité entre les équipes de France et d'Angleterre de rugby, on le voyait dans une séquence très forte électriser ses joueurs, les motiver avant la rencontre en leur disant qu'il voulait voir de la rage dans leurs yeux. Qui y a vu une incitation à la violence ? Il ne s'agissait que d'aller « au combat », comme le disent justement les rugbymen, de se dépasser. Qui pense à interdire le Rugby pour autant ?

Nos joutes sont habituellement du même acabit. Demain, lors de PSG – Strasbourg, les supporters de la Capitale iront au Parc des Princes pour livrer leur bataille. Un combat sans arme, sans haine et sans violence. Noah disait des Parisiens qu'il fallait qu'ils deviennent des « Guerriers pacifiques ». Depuis, son chant est régulièrement repris en tribunes. Demain, l'immense majorité des supporters parisiens ne livreront qu'une guerre de chants, de drapeaux et d'applaudissements. Une guerre pacifique.

Et pourtant, j'espère voir de la rage dans nos yeux à tous. Laissez-nous ça, la haine de la défaite, le refus du silence qui tombe sur les tribunes, la peur qu'un joueur Parisien ne sente plus son public derrière lui, pour le pousser. Pas la haine des Strasbourgeois, ni des Alsaciens, que je respecte en tant qu'adversaires, comme je respecte Lensois, Stéphanois ou Marseillais, mais sans l'avouer habituellement.

Oui, malgré toute la pression qui est tombée sur les épaules des supporters du PSG, malgré le poids de la bonne conscience populaire, malgré cette honte qu'il faudrait endosser, malgré les amalgames et la tristesse de se voir mêlés à cette déplorable histoire, et même si le mot peut choquer, j'espère la rage, j'espère le combat. J'espère que les Parisiens se battront, qu'ils lutteront de toutes leurs forces contre le spectre de la descente en L2. Qu'ils auront la rage au moment de chanter pour leur club.

Parce que trouver la rage de vaincre, c'est déjà trouver de la vie.

Ne tuez pas le mouvement supporter ! Ne nous demandez pas de nous transformer en gentils agneaux de peur qu'un loup ne se cache parmi nous : nous ne pourrions plus encourager notre équipe avec passion. Ne nous empêchez pas de sortir le moindre drapeau de peur d'y lire une insanité : nous ne pourrions plus vous montrer ces couleurs dont nous sommes fiers. Ne nous bâillonnez pas de peur d'entendre la moindre insulte. Nous ne pourrions plus vous dire que nous aimons notre club.

Laissez-nous vivre notre passion ! Punissez ceux qui dérapent, ceux qui versent dans la haine de l'autre, la violence physique ou la diffamation, pour marquer quelles sont les limites à ne pas franchir. Mais ne détruisez pas les associations de supporters. Et laissez-nous être fiers de supporter le PSG. C'est suffisamment dur.
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