Mercato PSG : Bodmer - "Je n'ai pas fait une croix sur Paris"

Mathieu, avez-vous été concrètement contacté par Paris l'été dernier ?
On peut dire que oui... Il y a eu quelques échanges mais pas plus que ça. Les dirigeants du club sont venus vers moi au mois d'avril ou mai 2007, ils ont entamé des discussions avec mon agent mais ils me demandaient de rester patients compte tenu de leur situation, le club n'était pas sur de se maintenir.

Que leur avez-vous répondu ?
Vous savez combien j'aime le PSG donc j'ai patienté. Le problème est que juste après la fin du championnat, Lyon s'est positionné et tout est allé très vite. Après, tout s'est réglé en quelques jours. Malheureusement, le PSG ne s'est pas montré aussi déterminé. S'ils avaient été rapides et incisifs comme Lyon dans leur approche, les choses se seraient peut-être passées différemment. Je voulais être fixé au plus vite pour pouvoir partir en vacances l'esprit tranquille. Et à mon âge (25 ans), Lyon ne pouvait pas se refuser.

En vous laissant filer, le PSG a-t-il laissé passer sa chance ?
Absolument pas. Je n'ai pas fait une croix sur Paris.

Le PSG peut-il rivaliser avec Lyon, sextuple champion de France et en Ligue des Champions ?
Pour moi oui, j'ai toujours envie de porter le maillot du PSG. Je ne ferme pas la porte à ce club que j'ai toujours dans mon cœur. Quand on goutte à la Ligue des Champions, on a envie de la jouer tous les ans. Je l'ai jouée depuis trois ans. Je n'ai que 25 ans, j'aspire à une belle carrière. Mais je ne ferme pas la porte s'il y a un bon projet.

Savez-vous qu'Alain Cayzac vous apprécie particulièrement ?
(Gêné) Je ne savais pas car je lis peu les journaux. Ce genre de choses fait toujours plaisir à entendre surtout venant du président du PSG.

La première moitié de saison avec Lyon, vous avez souvent dépanné en défense alors qu'à Paris, vous auriez joué à votre poste, au milieu...
(Sourires) Il est vrai que le fait de jouer défenseur central ne m'a pas toujours plu. A Paris, cela aurait peut-être été différent. Mais on ne peut pas ressasser le passé. Je ne regrette pas mon choix d'être à Lyon. C'est une super expérience ici. Je me sens bien même si tout n'est pas toujours facile.

Vous avez côtoyé Yoan Gouffran à Caen. Que vous inspire son refus de venir au PSG ?
Je ne suis pas trop étonné, je comprends sa décision. Ce n'est pas évident surtout s'il a donné son accord. Caen termine 4e à la trêve et Paris 17e, il a choisi la carte de la tranquillité, pas celle de la pression. Mais il a du la prendre dans la douleur car il aime beaucoup Paris.


"Si Paris s'était montré aussi rapide et incisif que Lyon... "


Qu'avez-vous pensé du match aller au Parc (2-3, 12e journée) ?
C'était un super match avec une grosse ambiance au Parc, comme j'aime. On menait 2-0 à la mi-temps (doublé de Ben Arfa), tout allait plutôt bien pour nous. Puis Pauleta est rentré, il nous met un but, on se fait rattraper 1-2, heureusement que Govou nous redonne un peu d'air (NDLR : il marque d'un tacle glissé à la 85e min), surtout que Pauleta a réduit le score à la fin. C'était chaud, mais on a quand même bien maîtrisé le match malgré l'expulsion de Cleber Anderson.

Etiez-vous surpris que le PSG aligne autant de jeunes ?
Oui et non. Oui car ce n'est pas dans les habitudes du PSG. Et non car cela faisait deux ou trois semaines que Paul Le Guen faisait appel à eux. Ce n'était pas facile pour eux mais ils s'en sont bien sortis.

Avec le maillot de Lyon sur les épaules, les matches au Parc sont-ils plus chauds ?
On est attendus dans tous les stades de France, plus qu'avec Lille ou Caen. Mais au Parc, c'est toujours plus chaud. Pour moi c'est toujours particulier, j'ai les amis, la famille qui viennent.

Vous supportez le PSG depuis tout jeune ?
Oui ! David Ginola était mon idole. Ma passion pour ce club est vraiment née lorsque j'avais 10-11 ans, je suis venu faire un essai au PSG pour jouer en pupilles. Le PSG voulait me prendre mais j'étais trop jeune pour être hébergé au centre de formation et mon père ne pouvait pas faire la route pour m'amener à l'entraînement plusieurs fois par semaine, j'habitais quand même à Evreux.

Que vous inspire la situation de votre meilleur ami Bernard Mendy ?
Je sais que de ne pas jouer n'est pas du tout évident pour lui. C'est l'un des plus anciens au PSG, il a à peu près tout connu avec le club depuis 2000, dont deux Ligues des Champions. Je trouve que les gens oublient rapidement. Il est assez rare, surtout au PSG, qu'un joueur se montre aussi fidèle mais bon après il a refusé de prolonger, le club et lui ont leurs raisons mais le mettre de côté ne me plaît pas beaucoup. Forcément, il le vit mal.

Propos recueillis par Emilie Pilet
Paru dans "Le Foot Paris" (n°43, avril 2008), actuellement en kiosques