Certes, Nenê est très efficace ; il a déjà inscrit treize buts en dix-sept rencontres de Ligue 1, soit un but toutes les 114 minutes (il fait légèrement moins bien que Sow qui a une moyenne d'un but toutes les 96 minutes, mais qui évolue en pointe du LOSC). Certes, l'ancien Monégasque réalise des gestes d'anthologie, comme celui de la victoire contre Valenciennes ou sa frappe en lucarne contre Monaco. Certes, c'est souvent par lui que passent les actions parisiennes et s'il n'a délivré que deux passes décisives, il oriente le jeu à merveille. Certes, Nenê est impliqué sur vingt des quarante-neuf réalisations du PSG cette saison toutes compétitions confondues. Et enfin, certes, le retour de Paris sur le devant de la scène coïncide avec son arrivée. Bref, de quoi suffire à la presse pour créer ce phénomène de "Nenê-dépendance", comme il avait été question de "Pauleta-dépendance" à une époque pas si lointaine.
Cependant, à y regarder de près, l'équipe de Kombouaré ne semble pas totalement dévouée à son génial gaucher. En effet, d'autres joueurs se détachent dans cet effectif Rouge et Bleu mais leurs performances sont moins mises en avant. On peut donc penser à Giuly (2 buts, 5 passes décisives) ou encore à Hoarau (6 buts, 4 passes décisives). Mais là où la situation semble vraiment exagérée, c'est que les buts de Nenê sont souvent présentés comme étant dus à lui seul. Or, il n'en est rien.
Sur les treize buts du milieu, six sont intervenus après des passes décisives de ses partenaires (cinq différents), un est un penalty (provoqué par Chantôme, contre Auxerre) et un est inscrit sur coup-franc direct (contre Arles-Avignon). Ainsi, des réalisations dans le jeu créées du seul fait de Nenê existent bel et bien, mais en nombre limité. On en compte cinq au total (contre Saint-Etienne, Brest, Valenciennes et Monaco deux fois) dont trois lors des deux derniers matches, ce qui a pu influencer la presse. Cette tendance indique clairement que le numéro 19 profite du jeu offensif de ses partenaires avec qui il s'entend bien (voire sa bonne relation avec Hoarau, par exemple). Son poids sur l'équipe parisienne est donc bien réel, mais amplifié par les avis extérieurs. Nenê a su s'intégrer dans un collectif au sein duquel il conclut plus souvent les actions que ce que l'on pourrait attendre d'un milieu gauche.
Si désormais on s'attache à l'apport de Nenê au niveau comptable, on peut s'apercevoir qu'il n'occupe pas une part si importante des points acquis par le PSG. Bien que, ces derniers temps, il ait pesé sur les résultats parisiens en rapportant sept points en cinq matches, cela n'a pas toujours été le cas. En début de championnat, Nenê a souvent marqué des buts avec peu de conséquences sur le résultat (contre Saint-Etienne, Arles-Avignon, Lens ou Auxerre). On peut donc en conclure qu'il a su prendre le jeu à son compte ce dernier mois, lorsque ses coéquipiers étaient moins inspirés. Il semble donc que les émissions qui s'inquiètent de voir une absence du Brésilien choisissent volontairement de schématiser la situation. Pour preuve, Paris a déjà su gagner sans lui (contre Lyon en coupe de la Ligue), et gagner alors qu'il était dans un jour sans (face à Caen).
Alors oui, ce joueur est probablement le meilleur de Ligue 1, le plus impressionnant à Paris depuis quelque temps et dont la présence est plus que profitable pour son équipe, mais déclarer que le PSG souffre de "Nenê-dépendance" constitue un a priori qui montre que la presse ne prend pas toujours le temps d'analyser les statistiques.