Si l'on en croit Sébastien Bazin, le représentant de l'actionnaire Colony Capital, l'arrivée du QIA ne déclenchera pas de révolution dans la capitale. Les Qataris auraient l'intention de poursuivre le travail réalisé par le groupe américain depuis cinq ans (visibilité à l'internationale, développement de la Fondation PSG et du centre d'entraînement...). Quant au plan Leproux, soutenu par les pouvoirs publics, il ne sera vraisemblablement pas remis en question. Mais qui sont ces investisseurs qui ne connaissent pas la crise et comptent rester à Paris pour une "durée très longue", d'après Bazin ?
Omniprésence dans l'événement sportif
Nouvelle vitrine du micro-Etat du Golfe Persique (presque aussi vaste que la région Ile-de-France), le PSG est promis à un très bel avenir sportif et financier grâce aux pétrodollars des Qataris. Mais en achetant le club de la capitale, le pays riche en pétrole et en gaz veut surtout "ancrer son image dans l'univers du sport et en devenir une référence mondiale, souligne un spécialiste en économie du sport. Paris n'est pas un caprice ou un achat compulsif, mais l'application d'une ligne de conduite murement réfléchie qui aura pour point d'orgue le Mondial 2022." Autrement dit, cette opération s'inscrit dans la stratégie globale de la monarchie pétrolière et gazière du Golfe.
En janvier, l'organisateur contesté du Mondial-2022, qui a accueilli la Coupe d'Asie de football 2011, a été désigné pour préparer le championnat du Monde de handball masculin en 2015. Le Tour du Qatar cycliste, le Grand Prix moto de Doha, la capitale, et son tournoi ATP et WTA de tennis ont lieu chaque année. La liste est déjà bien fournie et pourrait grossir encore puisque le Qatar postule à l'organisation des Mondiaux d'athlétisme en 2017. Ces rendez-vous sportifs internationaux illustrent la volonté royale de promouvoir, à travers le sport, l'image d'un émirat généreux et dynamique. Qui n'est pas uniquement le riche pays allié des Etats-Unis au Moyen-Orient.
Francophilie
Les membres de la famille régnante al-Thani parlent couramment la langue de Molière. Cheikh Hamad Ben Khalifa al-Thani, l'émir du Qatar depuis 1995, entretient des liens politico-économiques étroits avec la France, et en particulier avec Nicolas Sarkozy. Le président français, supporter du PSG, aurait facilité les négociations entre le QIA et Colony Capital. En outre, la France est de plus en plus convoitée par ces richissimes entrepreneurs. Le fonds souverain qatari possède déjà des hôtels de luxe à Paris, comme le Royal Monceau. Il est également présent dans plusieurs sociétés hexagonales, comme Lagardère et Vinci. Des groupes qui sont dirigés, selon certains, par des "amis" du président de la République. Enfin, la ville-lumière ou bien la capitale du luxe jouit d'une belle cote à l'étranger.
D'un point de vue sportif, l'attrait pour le championnat de France est certain. Il constitue une cible idéale pour ce microscopique pays de football qui n'a pas encore produit de star internationale. Il dispose toutefois de onze années pour préparer au mieux le Mondial. "En mai 2010, des Qataris m'avaient dit qu'ils voulaient avoir des antennes sportives dans différents pays, résume un membre du conseil de surveillance du PSG à l'AFP. C'est cohérent. (...) Paris, c'est une capitale mondiale dans un pays de foot, une ville qui n'a qu'un seul club avec une communauté arabe importante. C'est un signe."
Investir le football européen
Afin de ne pas décevoir Sepp Blatter, le tout-puissant patron de la Fifa, le Qatar souhaite s'inspirer du Vieux Continent, terre de football par excellence, où il espère s'implanter durablement. Ainsi, le PSG n'est pas le seul grand club européen à attirer la famille régnante qatarie, passionnée de sport. En effet, le FC Barcelone portera la saison prochaine sur son maillot les couleurs de la Qatar Foundation alors qu'il n'avait jamais accepté de sponsor jusque-là. L'émirat détiendra 10% du capital du club catalan. En échange, le Barça a ouvert un centre de formation à Doha sur le modèle de La Masia, l'école des futurs champions espagnols.
Toujours en Espagne, le Malaga CF, qui est passé sous contrôle qatari il y a un an, pourrait devenir le Manchester City du Sud. Le club andalou, qui a terminé 11e de Liga, n'a pas la dimension symbolique des capitales française et catalane. Mais son nouvel homme fort, le cheikh Abdallah Ben Nasser Al-Thani, veut faire bouger les lignes. Ce membre de la famille royale souhaite notamment agrandir le stade afin de porter sa capacité à 65 000 places. En outre, Malaga se montre très actif sur le marché des transferts : Ruud Van Nistelrooy (Hambourg) a déjà signé, Lucio (Inter), Gabriel Heinze (OM) ou encore Jérémy Toulalan (OL) sont attendus.
Edel et Maurice ont du souci à se faire. Paris est désormais en mesure de recruter Casillas et Messi ! Non, pas encore. Mais cette prise de participation ne peut être que positive pour un grand club qui n'a glané que quatre modiques coupes nationales ces dix dernières années.