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Chronique PSG : PSG, ne cède pas face à la puissance qatarienne

Publié le 23 Décembre 2011 à 18h28 par Cyril Peter
En cette période agitée pour le club de la capitale, Planète PSG propose un nouveau format: le billet d'humeur. Le but est de susciter le débat alors que Paris prend une autre dimension. Ce vendredi, Cyril Peter (@CyrusleVirus) critique le projet commercial de Qatar Sports Investments (QSI), après les annonces de transfert de David Beckham et du licenciement d'Antoine Kombouaré.
"Mon défi est que le PSG génère du business, et qu'il devienne un divertissement, un spectacle, qui s'intègre dans les offres culturelles de la ville. Un match ne peut se réduire à un résultat, c'est aussi un moment de réunion sociale." C'est dans un long entretien accordé au quotidien italien La Repubblica que le directeur général du PSG, Leonardo, a déclaré mardi – avec fierté – vouloir tout chambouler.

Le transfert retentissant de la superstar anglaise David Beckham et le lâche licenciement du coach kanak Antoine Kombouaré (et de son staff) s'inscrivent dans ce projet commercial. Peu importe si un footballeur en pré-retraite, en quête d'un dernier challenge sportif (sait-on jamais), demande 800 000 euros par mois. Et peu importe si l'équipe entraînée par un Néo-Calédonien, respecté dans l'Hexagone mais qui a le défaut d'être inconnu à l'étranger, réalise un parcours de champion : 40 points, 12 victoires, 4 nuls, 3 défaites. Une première depuis 15 ans.

Pour engager de grands joueurs capables d'attirer les foules contre des salaires indécents, les nouveaux dirigeants parisiens souhaitent travailler avec un entraîneur disposant d'une notoriété internationale : Carlo Ancelotti. Annoncé par les médias italiens puis français comme le successeur de Kombouaré (http://www.planetepsg.com/news-19419-mercato_ancelotti_annonce_pour_deux_ans_et_demi.html), le double vainqueur de la Ligue des Champions avec le Milan AC permettrait au PSG de passer un cap afin d'intégrer d'ici trois à quatre ans le top 10 des clubs européens. Une obsession chez Leonardo. La marionnette de QSI croit inculquer la haine de la défaite à un club avec lequel il n'a rien gagné en tant que joueur lors de son passage éclair en 1996-1997.

Si le polyglotte émérite et les milliardaires qatariens ont employé avec Kombouaré et son staff "des méthodes brutales qui existent dans tous les championnats européens", dixit l'ancien président du club (2008-2009) Charles Villeneuve, l'avenir du club de la capitale et son identité sont plus que jamais menacés.

Touche pas à mon Parc !

Un nom qui fait rêver. Une enceinte mythique. Née en 1970, l'équipe francilienne a accédé à l'élite dès sa première saison, avant de connaître pour la première et dernière fois de son histoire la rétrogradation un an plus tard. C'est à partir de 1973 que le Parc des Princes a accueilli ses matches de D2 puis de D1. Depuis 1974, le PSG a disputé 698 rencontres de Ligue 1 à domicile – "Porte d'Auteuil" pour les intimes – sans jamais descendre dans le championnat inférieur.

En 1997, battu en Roumanie sur tapis vert (3-0), le PSG dirigé par Ricardo pulvérisait au match retour le Steaua Bucarest (5-0) et se qualifiait avec brio en C1, la compétition reine sur le Vieux Continent. Le buteur italien Marco Simone découvrait le Parc des Princes tandis que Leonardo disputait son dernier match avec Paris (http://www.youtube.com/watch?v=hhW3r1C0OFI). Une soirée inoubliable pour les tous les supporters franciliens.

Des crises de novembre qui rythment les saisons d'un club pas comme les autres aux années noires sous Colony Capital (2006-2011), le PSG et son Parc auraient pu couler. Ils ont résisté. Et ce n'est pas l'arrogant Leo, qui a osé dénigrer un stade "vieux et inadapté", qui va changer la donne (http://www.planetepsg.com/news-19371-club_leonardo_trouve_le_parc_trop_vieux.html).

Cette critique touche en plein cœur les supporters du club et plus largement, les amoureux du football. Puisque la maison du PSG, qui a accueilli chaleureusement Susic, Raí et Pauleta, est une grande source de fierté pour le peuple Rouge et Bleu. C'est aussi une enceinte exceptionnelle où les chants des deux virages résonnent – résonnaient ? – comme nulle part ailleurs en France. Il suffit de demander aux abonnés marseillais ou lyonnais du Vélodrome et de Gerland.

Consommer PSG n'est pas supporter

A partir de 2013, le Parc des Princes sera en travaux en vue de l'Euro 2016, qui aura lieu en France. C'est alors que les bêtes de foire, venues des cinq continents et acquises à prix d'or dans un marché dominé par les Qatariens, fouleront dans des tenues sexy de Giorgio Armani la pelouse du Stade de France. Le rêve de Leonardo et des nouveaux investisseurs : ce ne sont pas 45 000, mais bien 80 000 consommateurs qui assisteront au plus beau spectacle de la capitale, retransmis sur les chaînes asiatiques. Qui regrettera l'ambiance glaciale du Parc de ces deux dernières saisons ?

En l'absence de capo – ce fan aux cordes vocales aussi puissantes qu'hystériques dirigeant les chants à l'aide d'un microphone – et des supporters historiques, l'ambiance est devenue affligeante. Les rares chants, courts et peu variés, partent dans tous les sens. On comprend pourquoi la star en devenir Javier Pastore, qui peine à s'habituer au climat de la capitale, pleure les tifosi du stade Barbera de Palerme... Mais c'est surtout la généralisation des chants vulgaires – plus faciles à coordonner et à retenir – qui pourrait faire fuir de nouveau parents et enfants. Un public qui est l'une des cibles privilégiées des entrepreneurs du Golfe Persique.

Le tandem Leo-QSI espère construire un club fictif type Manchester City à coups de milliards d'euros tandis que l'Europe entre en récession, que ses gouvernements appliquent la rigueur, et que ses citoyens se serrent la ceinture. Quel supporter, ancien joueur ou dirigeant, se reconnaît dans ces valeurs ? L'ex-président de l'OM, Bernard Tapie, essaiera de démontrer que c'est la seule solution à l'heure du foot-business (http://www.sport24.com/football/ligue-1/Homes-Clubs/paris-sg/fil-info/tapie-paris-prend-un-risque-523924). Consternant.

Les plus pragmatiques des amateurs de football partagent son avis. Néanmoins, ces derniers sont peu nombreux à Paris, la majorité des supporters du PSG étant surpris, voire dégoutés, par l'éviction de Kombouaré (http://www.facebook.com/questions/10150478597200789/?notif_t=question_forward_success). Sur Facebook, plusieurs groupes de soutien ont été créés. Sacrifié sur l'autel du clinquant par des Qatariens impatients qui ont grandi dans le luxe, le Néo-Calédonien de 48 ans est devenu un martyr.

Rien dans son contrat ne stipulait qu'il devait se comporter comme un mercenaire du foot moderne. Fidèle à ses principes et au club de son cœur, l'ancien entraîneur de la réserve parisienne (1999-2003) était un bon soldat. L'ex-défenseur du FC Nantes et du PSG, surnommé le Casque d'Or, s'est toujours efforcé de transmettre à ces protégés des valeurs, telles que la solidarité, la combativité, le respect. Droit, honnête, attachant et spontané, il est également réputé pour ses coups de gueules face à des joueurs qu'il n'a jamais cessé de défendre en public. Mais l'ancien coach de Valenciennes (2005-2009), qui a fini par se calmer à Paris, n'est pas l'homme de réseaux, calculateur et opportuniste, que ses dirigeants recherchent. Ainsi, il paie un lourd tribut à une image pas assez "glamour" pour ce PSG made in Qatar. Révoltant.

Depuis l'arrivée cet été de QSI, le club est en construction. Mais il est avant tout en perte d'identité depuis plusieurs années. Une période marquée par des résultats indignes d'une grande équipe et un contexte tendu entre les inconditionnels du club et la direction... La transition imposée par les nouveaux propriétaires du PSG se fait dans la douleur bien que certains fans, à la mémoire courte, ne se transforment en de vulgaires consommateurs, appâtés comme des pigeons par des mercenaires (Tevez par exemple).

Paris, capitale du football européen

Si les joueurs parisiens n'ont pas encore trouvé une identité de jeu, les supporters – dont certains ont été écartés des tribunes – se reconnaissent de moins en moins dans les valeurs véhiculées par le club le plus bling bling de France. En outre, le PSG part avec un handicap : son jeune âge (41 ans). Puisque ses futurs concurrents en Ligue des Champions sont majoritairement centenaires.

Maintenant que les décideurs parisiens disposent de moyens conséquents, pourquoi se priver d'un centre de formation digne d'un grand d'Europe ? Implantée en Catalogne, une terre de football peuplée de 7 millions d'âmes, la Masia du grand Barça est un réservoir illimité de talents. Résultat : le triple champion d'Espagne domine le football mondial. De cette école, sont sortis Messi, Iniesta et Xavi, soit le podium du dernier Ballon d'Or. Et pourtant, le FC Barcelone doit faire face à la concurrence de son voisin, l'Espanyol, actuel 8e de Liga.

La situation à Paris est différente. Premièrement, ni le Paris FC, ni le Red Star, ni Créteil-Lusitanos, qui bataillent en National (http://www.foot-national.com/classement-national.html), ne sont en mesure de remettre en cause le leadership du PSG. Deuxièmement, l'Ile-de-France, une région dynamique et cosmopolite de 12 millions d'habitants, constitue un vivier de footballeurs impressionnant.

Le parcours de Nicolas Anelka, qui fait aujourd'hui le bonheur des Chinois, est révélateur du manque d'ambition du PSG pour les jeunes. Un an après ses débuts sous le maillot Rouge et Bleu, le Trappiste avait été transféré à Arsenal pour 5 millions de francs. Trois ans plus tard, le président parisien Laurent Perpère déboursait 200 millions de francs pour le récupérer...

La liste de Franciliens sacrés champions d'Angleterre, d'Espagne et d'Italie, ces dernières années, est longue : Thierry Henry et Patrice Evra (Les Ulis), Sylvain Wiltord (Neuilly-sur-Marne), Jonathan Zebina (Paris)... La saison passée, le Mantois Moussa Sow a terminé meilleur buteur de L1 avec le LOSC. Le Parisien Marvin Martin, meilleur passeur avec Sochaux. A quoi bon se payer des pseudo-stars attirées par la fortune des Qatariens ? La capitale de la mode s'apprête à accueillir David Beckham. L'icône planétaire et sa famille, à la recherche d'une ville chic, après des expériences à Madrid, Milan et Los Angeles, seront-elles suivies par la crapule de City ?

Ce modèle, qui repose uniquement sur l'argent, est fragile. Pour construire durablement un grand club, les dirigeants doivent parier sur la jeunesse francilienne, des banlieues et de Paname. Dans le même temps, les Qatariens pourraient dépenser leur fortune et faire venir une poignée d'internationaux français ou étrangers chaque année. Sans se presser et à petite dose. Car le PSG n'a pas besoin de 15 internationaux de seconde classe (Pastore, Lugano, Sissoko...) pour se faire roi de France.

Le Bayern et la Juventus – pour ne prendre que ces deux monuments du football européen – sont des exemples à suivre. Philipp Lahm, Bastian Schweinsteiger et Mario Gomez pour le club bavarois, Gianluigi Buffon, Giorgio Chiellini et Claudio Marchisio pour la Vieille Dame, sont les moteurs de ces machines à gagner, où l'identité est particulièrement forte. C'est donc en s'appuyant sur des locaux et des francophones, issus ou non du centre de formation, que Paris et sa région grandiront en s'inscrivant dans un projet d'avenir durable.

Suivre QSI les yeux fermés, c'est tuer l'âme du PSG. S'incliner devant la Toute-Puissance qatarienne, c'est renier l'identité d'une des régions les plus dynamiques et cosmopolites d'Europe. Critiquer cette politique immorale, c'est être ambitieux et exigeant.
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