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Chronique PSG : Peut-on ne pas se satisfaire du titre ?

Publié le 21 Mai 2013 à 12h06 par Raoul Sanchez
Le PSG a remporté le championnat et vous peinez à manifester votre enthousiasme ? Votre spécialiste, le Docteur Planète, est là pour répondre à vos inquiétudes. Il partage d'ailleurs vos symptômes : il n'est pas content. Pour vous, le doc a accepté de rendre publique sa dernière consultation avec le plus angoissé des rédacteurs de planetepsg.
Spécialiste parmi les spécialistes des névroses du supporter, le Docteur Planète est assurément expérimenté. Il est 14h, le doc' digère dans son cabinet, pénard. Il laisse son corps chuter lourdement sur le fauteuil 100% cuir (ça aussi, c'est le prince qui l'a payé, assurera-t-il en « off ») et se rince la bouche au 18 ans d'âge, histoire de « se parfumer façon fut de chêne », selon ses mots. Il est prêt à recevoir son prochain patient sur la liste, un certain R. S., rédacteur chez planètepsg.com, un original misanthrope dont le cœur est tatoué à l'effigie de Bruno N'Gotty. Tenez, le voilà qui entre, avec son costume de Lynx.

- Le patient « R. S. » : Bonjour ! Alors voilà je suis aigri par rapport a...

- Le Docteur Planète, qui le coupe immédiatement : Je vous en prie, prenez tout de même le temps de vous assoir... Voilà... Dites-moi tout... C'est à propos du sacre du Paris Saint-Germain c'est cela ? Il ne vous convient pas ? Après dix-neuf ans de diète, tout de même...


Soulagez-vous à Gerland


- Le patient: Dix-neuf ans d'attente, c'est long. Alors pour la délivrance, j'aurais sans doute préféré que la manière soit plus authentique, histoire que la victoire soit vraiment mienne. J'veux dire, ce titre, on a bien mérité de le remporter « normalement ». Pour vous résumer le truc, ce titre, j'ai un peu l'impression qu'on se l'est adjugé en empruntant des voies non balisées. On a pris un raccourci, on a tapé sous la ceinture, plus simplement, on a triché. 300M€, Ibrahimovic, Thiago Silva et Ancelotti pour faire plier la Ligue 1, l'OM de Gignac et l'OL de Lacazette, est-ce vraiment sérieux ?

- Le Doc' : Le plus sérieux du monde ! Les joueurs l'ont de toute façon bien compris : ils n'ont pour le moment gagné qu'un championnat de second rang dont le niveau est proche de l'Eredivisie hollandaise ou de la Süperlig turque. Prenez-donc de la hauteur (sur la tour Eiffel ou ailleurs), sucez des pastilles et observez les perspectives : un seul titre en deux ans de totale suprématie nationale, c'est peu, c'est la moindre des choses. Alors pouvez-vous vraiment parader ? Vous avez raison d'avoir le triomphe discret. Après l'immense désillusion de l'an passé où le titre qui vous était promis a fini dans l'escarcelle d'un club aux allures de promu, ce sacre est d'abord un soulagement pour vous. Vous étiez ultra-favoris, vous êtes sacrés, vous êtes soulagés ; Le job est fait.

- Le patient : Ouais, ce titre remporté, on se l'était peut-être imaginé autrement. Après tout, on a eu le temps d'y penser pendant presque vingt piges. On l'a rêvé, et dans tous les sens. On y pensait aussi (surtout) quand on voyait évoluer la crème de la crème, Pancrate, Traoré, Madar ou Potillon : gagner le championnat, ce serait incroyable.

- Le Doc', inattentif, jouant avec son coupe papier : Vous savez, c'est comme avec les filles. On désire, on planifie, on cogite. Et quand les choses se font finalement, on ne sait que penser, on peine à se satisfaire. Mais le moment n'était pas à la hauteur. C'est certain.


L'abus de PSG est dangereux pour la santé


- Le patient : Et puis il y a la manière. Non pas que je me soucie d'une quelconque façon du « beau jeu » et de toutes ces lubies. Je laisse ça à Pierre Ménès, aux Barcelonix, aux petits qui jouent dans ma cour. Que ce soit clair, ça ne m'intéresse pas, et cela ne devrait pas non plus intéresser tous les supporters sincères. Le football n'est pas un cirque ni un tour de magie et je me fous éperdument du spectacle proposé. Ce n'est qu'un bonus. Au Parc, je viens surtout pour voir mon équipe gagner et/ou me procurer de l'émotion : égaliser à la dernière minute avec rage, marcher sur la gueule de l'adversaire, humilier nos rivaux, bref, notre équipe devrait savoir mettre de l'intensité, de l'application et de l'abnégation. Elle devrait savoir aller à la guerre, mourir pour nos couleurs, pour nous. Mais sur le rectangle vert, ce n'est pas tout à fait ce que l'on a pu voir (Ouais, il y avait Barcelone quand même, c'est vrai...).

- Le Doc' : Oui... Bien... Comme beaucoup d'autres patients, vos nerfs semblent être saturés suite à une exposition trop longue à « l'objet PSG ». Voir son équipe se faire bouger comme il faut par Evian, Troyes ou Sochaux, c'est de la violence, ça vous fatigue les connections. En ne se faisant pas respecter face aux plus chétifs, le PSG manque assurément de délicatesse envers ses supporters les plus fragiles. Face à Valenciennes, beaucoup avaient mis leur cœur sur minuterie. L'explosion était proche, on savait. On était venu de toute la France pour voir ça. On avait acheté à prix d'or des places en forme de sésame pour la guérison. Mais l'équipe a choisi, en offrant une intensité proche de la faute professionnelle, de renvoyer tout le monde à la maison, dans l'aigreur générale.

- Le patient, qui renchérit : Pour ma part, les trottinements, les moues dubitatives et les bâillements observés depuis un an avaient déjà très largement entamé le capital sympathie que je réservais à cette équipe. C'est une bonne équipe, une équipe talentueuse incontestablement, mais ce n'est pas (encore ?) mon équipe.


Greffe de cœur artificiel


- Le Doc' : Ce qui est tout aussi certain, c'est que le lien qui naguère liait l'équipe à ses supporters est presque intégralement dissout. Les nouveaux joueurs recrutés à prix d'or dans les plus grands clubs européens manquent cruellement de culture foot et ne semblent pas toujours intégrer le Paris Saint-Germain dans leur chair (ce qui n'est pas le cas en ce qui concerne les « Anciens » ou les « Français » qui paradaient la semaine dernière sur le pré de Gerland). Qui pourrait toutefois le leur reprocher puisque la ferveur qui entoure le club est terriblement médiocre ? Les supporters ultras, autrefois gardiens du temple et garants de la survie de l'identité (réelle ou fantasmée) du club, ne sont plus aujourd'hui conviés à participer à la nouvelle ère du PSG. Artificielle, opportuniste, sans relief, voilà sans doute ce qui caractérise le mieux la relation qu'entretient aujourd'hui l'équipe fanion avec son public. Bref, l'atmosphère n'est pas très sexy et n'encourage pas véritablement à l'enthousiasme.

- Le patient : Vous m'avez convaincu, putain. Mais alors... quel est le traitement que vous préconisez docteur ?

- Le Doc' : Eh bien... Je vous enverrais bien faire une cure de thalasso à La Corogne ou à Gueugnon, juste pour vous faire chier. Mais je crois qu'avec la chimiothérapie que vous administré le docteur Leproux la dernière fois, il vaut mieux rester dans la médecine douce... Enfin bref, partez l'esprit tranquille, je ne vois rien de pathologique chez vous... Ah ! Attendez ! Prenez donc ce maillot, c'est celui du PSG 2013-2014. Je vous l'offre. C'est une horreur. Je cherche à m'en débarrasser.


Avis médical et diagnostic du spécialiste


L'avis du spécialiste : votre sentiment est tout à fait compréhensible, presque physiologique, un reflex pavlovien de défiance face à un évènement devenu extraordinaire depuis des décennies. Certains vont certainement comprendre ce sentiment, voire même le partager. Je vais faire le médecin avec ceux-là aussi : votre propension à la consommation d'aigreur n'est pas inquiétante outre mesure et pourrait même confiner à la salubrité mentale (veillez toutefois à ne pas dépasser les doses prescrites). Les autres, vous manquez de passion, c'est certain, c'est médical.
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