Le Football aux Etat-Unis :
Planetepsg.com : Le « soccer » était un sport davantage connu en Europe comme étant pratiqué par les femmes. Qu'en est-il aujourd'hui ? La Major League Soccer est-elle enfin devenue attractive pour les hommes ?
Villebout : C'est vrai, je trouve que les filles jouent beaucoup plus au « soccer » et aux sports en général que les filles françaises. Déjà, au collège et au lycée, les filles sont plus actives. Dans mon lycée, elles avaient une équipe de basket, « soccer », hockey sur gazon, baseball, lacrosse, volleyball, tennis, natation et d'autres sports, dont l'athlétisme avec moi. Mais c'est les jeunes qui pratiquent le foot. Toutes les écoles ont des équipes pour les garçons et les filles, et le foot (avec les « soccer moms ») fait partie des sports les plus populaires, mais cela pour les plus jeunes générations. A l'inverse, c'est assez amusant car quand on voit des adultes jouer au foot, on sait automatiquement qu'ils sont soit Européens, soit sud-américains. Il faut aussi reconnaître que les Américaines sont tout de même championnes du monde. Mais il faudra attendre que les jeunes générations qui jouent aujourd'hui deviennent des adultes.
Tonito : Assez d'accord, le soccer est toujours plus ou moins considéré comme un sport de jeunes, pratiqué à l'école, et de filles, qui jouent d'ailleurs très bien. Concernant la MLS, cela a permis aux hommes de s'y intéresser un peu plus, mais c'est assez faible quand même. Le soccer est surtout suivi par les communautés (latinos, africains et expatries).
Villebout : Moi, honnêtement, je ne m'intéresse PAS DU TOUT à la MLS. Mais je sais un peu ce qui se passe grâce à la télé et des amis. La MLS n'a pas arrêté de se transformer car le nombre d'équipes change constamment et les équipes changent de ville ET de nom tout le temps. Cela serait impossible en Europe. En plus, elle perd de l'argent depuis ses débuts même s'il n'y a qu'une division!! Donc aucun risque de relégation, mais plutôt de déménagement. Il y a néanmoins des signes encourageants, car de plus en plus d'équipes construisent leur propre stade. Pour vous donner une idée, les New York/New Jersey Metrostars ont récemment été rachetés par Red Bull et maintenant le club se nomme Red Bull New York. Le prix de cette transaction est presque le double de la vente du PSG car Red Bull a dépensé près de 100 millions de dollars! Donc il y a des signes qui promettent un avenir...
Planetepsg.com : Quel est son poids par rapport aux autres mastodontes sportifs tels le basket, le football US, le baseball et le hockey sur glace ?
Tonito : Le soccer reste très loin de ces quatre sports majeurs et fait rarement la Une des journaux. Mais ça devrait changer avec la prochaine Coupe du Monde, car on aura droit à une très bonne couverture, tous les matches étant retransmis en direct et gratuitement sur des chaînes majeures (ESPN et ABC).
Villebout : Je pense aussi qu'il n'y a aucune comparaison. Prenons l'exemple des stades de MLS. Ils restent à moitié vides, c'est-à-dire entre 10 et 20 000 spectateurs ! Depuis une décennie, c'est le football US qui est devenu le sport numéro 1 ici. Le baseball était et est toujours le sport classique américain (American passtime) mais le football US a su se démontrer plus excitant, d'autant que le baseball traverse plusieurs crises, notamment le stéroïdes. Pour vous montrer un peu la folie ici, il y a une liste d'attente de 30 ans pour être abonné dans le stade des équipes de football US de NY, les Giants et les Jets. Le basket reste toujours aussi populaire tout comme le hockey sur glace. Ce dernier se place toujours à la 4ème position en terme de popularité même s'il y a eu une grève et une saison annulée l'année dernière. Sinon, mes équipes préférées sont de Philadelphie car mon père est originaire de cette ville. Je suis les Philadelphia Eagles, en foot US, qui étaient le perdant du Super Bowl en 2004, match auquel j'assistais, et les Philadelphia Flyers en hockey. Avec ma famille et mes amis, j'assiste aux matchs un peu partout aux USA. Malheureusement, Philadelphie n'a pas de chance car de toutes les villes qui possèdent les 4 équipes professionnelles, c'est « Philly » qui a gagné le moins de trophées. Donc les équipes qui ont des années difficiles, je connais bien cela !
Planetepsg.com : Quels sont les équipes et les joueurs phares du championnat américain ?
Villebout : Les meilleures équipes ces dernières années sont les Los Angeles Galaxy, FC Dallas, DC United et New England Revolution. Pour les joueurs, il n'y a aucun doute que Youri est une des stars de la MLS. Son adaptation ici est une exception car les Européens comme Matthaus n'ont pas aussi bien réussi. Il y a une grande présence des joueurs de la CONCACAF (l'UEFA de l'Amérique Centrale et Nord). Amado Guevara des Red Bulls (originaire du Honduras) et Carlo Ruiz (Guatemala) sont de bons exemples. Et les Americains (Clint Mathis et Landon Donovan) de l'équipe nationale sont nombreux dans la MLS, tandis que Tim Howard et Damarcus Beasley ne sont toujours pas rentrés du vieux continent (Howard avec Man Utd. ou Beasley avec l'équipe qui a battu Lyon en LDC en 2004 - PSV Eindhoven)..
Tonito : Pour ma part, je ne connais pas beaucoup d'équipes ni de joueurs aux Etats-Unis, car je préfère m'intéresser aux championnats européens. En effet, même ici, on a une très bonne couverture de ces championnats. Par exemple, la Ligue des Champions passe en direct dans certains pubs, et même le championnat de France est très bien couvert, avec deux matches en direct le week-end sur TV5 et Fox Soccer Channel. Même Jour de Foot passe le dimanche. Donc on ne rate rien !
Planetepsg.com : Dernièrement, on a vu des anciens joueurs ayant connu une belle carrière en Europe à avoir choisi les Etats-Unis comme lieu de retraite (Matthaus, Djorkaeff, Romario, Stoichkov...). Qu'est ce qui les attire dans ce championnat ? Qu'ont à gagner les clubs en les embauchant ?
Villebout : L'idée est simplement d'attirer un peu plus de monde aux stades. La MLS est vue comme une ligue de retraite (retirement league) où des joueurs qui ne sont plus à leur top niveau peuvent toujours jouer et bien gagner de l'argent à la fin de leur carrière. Les résultats sont irréguliers, car même si quelques cas comme Djorkaeff ont très bien marché, la plupart du temps c'est le contraire.
Tonito : En effet, c'est peut-être qu'un beau dernier contrat les intéresse, une nouvelle expérience et un style de vie différent. Venir jouer aux USA, c'est vivre le « Rêve Américain ». Youri a été très clair : il est venu car il adore New York. Il habite en plein centre-ville et c'est un nouveau style de vie pour lui.
Planetepsg.com : Très peu de joueurs évoluant aux Etats-Unis arrivent à percer en Europe, même les stars du style Landon Donovan. Pour quelle(s) raison(s) ?
Tonito : Je crois qu'ils n'ont tout simplement pas le niveau en général pour jouer dans les grands clubs. Donc plutôt que de jouer loin de chez eux dans un club mineur d'un championnat majeur, ils préfèrent rester chez eux ! Ils sont trop attachés à leur pays pour le quitter et tenter une aventure difficile en Europe.
Villebout : C'est une bonne question. Premièrement, c'est une question d'impatience. Donovan est un parfait exemple. Il n'est resté que quelques mois au Bayer Lervekusen cette année avant de partir puisqu'il s'est trouvé sur le banc. Deuxièmement, le niveau technique du foot en Europe est encore d'une classe supérieure à la MLS. Donc dès que les joueurs qui ont du succès en MLS ratent leur entrée dans les championnats d'Europe, ils rentrent là où ils se sentent plus confortables. Et troisièmement, les Américains en général ne sont pas aussi habitués aux changements de cultures. En Europe, il y a énormément de langues, de cultures et de pays différents tandis qu'aux USA, ce n'est pas exactement le cas. Les joueurs américains ont peut être beaucoup plus de mal a vivre à l'étranger que les autres. Donc les joueurs comme Beasley et Howard, je leur dis bravo car ils font partie des quelques courageux.
Planetepsg.com : La Coupe du Monde arrive dans moins d'un mois. Dans un groupe relevé (Italie, Ghana, République Tchèque), de quels atouts dispose la sélection américaine pour tirer son épingle du jeu ? Et quels sont, au contraire, ses défauts ?
Villebout : Il faudra noter qu'au dernier classement FIFA, les Etats-Unis sont classés 4eme! La France, et bien n'en parlons pas. La République Tchèque est classé 2e, l'Italie est 12e, le Ghana 50e, donc tout est possible. En plus, les Etats-Unis n'ont jamais battu les Italiens. Mais il faut noter que les Etats-Unis ont bien un défaut : leur préparation. Pour se qualifier, ils ont joué des matchs contre Grenada, la Jamaïque, Guatemala ou Trinidad & Tobago. La seule grande équipe contre qui ils ont joué, hors les matchs amicaux, est le Mexique. Je n'ai plus rien à ajouter à ce sujet. Mais avec des jeunes joueurs comme Santino Quaranta, Landon Donovan et DaMarcus Beasley et avec ceux ayant de l'expérience comme John O'Brien et Kessey Keller, tout est envisageable. Je pense que les Etats-Unis vont passer le premier tour, mais pas plus.
Tonito : C'est un groupe difficile, mais je crois que la sélection a un assez bon niveau et peut créer la surprise. Ils ont fait des bonnes qualifications, en battant le Mexique par exemple...
Deuxième partie demain, consacrée à la Ligue 1 et au PSG.
