Qualifié de "courageux, franc et solide" par ses amis et de "terne et dissimulateur" par ses détracteurs (sources : "L'Expansion"), Sébastien Bazin est administrateur délégué Europe chez Colony Capital depuis 1997. Depuis 2005, il est également président de HSE (Holding Sport Evénements), société mère qui englobe le Paris Saint-Germain. Mais au-delà de ces informations que nul aujourd'hui ignore, qui est exactement cet homme de 43 ans qui préside en grande partie désormais aux destinées du club de la capitale ?
Bazin, fan du PSG ?
Les propos peuvent porter à caution – l'intéressé ne s'est jamais exprimé lui-même sur le sujet – mais selon son entourage, Sébastien Bazin est un fondu du PSG de longue date : "Quand il était tout petit, son père l'emmenait voir des matchs du PSG. Sa sœur adore le foot. C'est un vrai passionné", affirme Nicolas de Tavernost, président de M6. Guillaume Kuperfils, avocat d'affaire et administrateur du PSG, relate une anecdote censée accréditer une affection ancienne du président pour son club : le 14 mai 1997, il se serait rendu en compagnie de trois amis en voiture à Rotterdam pour assister à la finale de la Coupe des Coupes opposant Barcelone au PSG. "Quand on fait six heures de route pour aller voir un match, c'est forcément qu'on aime un peu ça".
Un rachat impulsif mais pensé
Lorsque Canal + a mis le PSG en vente fin 2005, Sébastien Bazin se serait montré enthousiaste... et calculateur : "Il y avait d'un côté le fan de foot et de l'autre son intuition", raconte Matthieu Pigasse, patron de la filiale d'acquisitions de la banque Lazard, qui a procédé à la vente du club pour le compte de la chaîne cryptée. "Il a senti l'opportunité : l'investissement était raisonné et calculé dans un environnement qu'il aime et qu'il connaît. Avant d'acheter, il m'a posé plein de questions sur la vie à l'intérieur d'un club. J'ai organisé un dîner chez moi avec Jean-Louis Triaud (NDLR : président des Girondins de Bordeaux) et Sébastien."
Sagacité d'esprit et honnêteté
M. Pigasse dresse un portrait élogieux de son ancien client : "Il sent les coups, il est très habile. Ce qui me frappe en premier chez lui, c'est sa très grande rapidité d'exécution. Entre le moment où il regarde et celui où il agit, ça va très vite." Quel rapport peut bien entretenir un homme de sa fortune pour le billet vert ? Rappelons que Sébastien Bazin est rien moins que propriétaire de la chaîne de restaurants Buffalo Grill et du vignoble Château Lascombes, un margaux. Ces dernières annés, il s'est distingué par le sauvetage économique du groupe Accor (hôtels Mercure, Novotel, etc.) et son entrée dans le capital de Carrefour. Pourtant, selon un ami, M. Bazin ne régule pas exclusivement son comportement à l'aune de l'argent. "C'est paradoxal par rapport au boulot qu'il fait mais c'est sans doute pour cela qu'il réussit. Pour lui, les gens riches ne sont pas ceux qui ont réussi. L'argent devient important si on peut en faire profiter les autres. Il ne doit surtout pas servir à écraser".
Tout pour plaire, finalement ?
Mais c'est sur ses qualités humaines que les avis sont les plus favorables, comme on peut le constater dans la bouche de Philippe Baudillon, directeur général de France 2 ? "J'ai connu pas mal de monde de qualité dans ma carrière mais à ce point-là, c'est exceptionnel ! Il est d'une très grande qualité humaine et intellectuelle." "J'aime beaucoup ce mec parce qu'il a une grande élégance de comportement, note l'architecte et militant politique Roland Castro. Chez lui, il n'y a pas de morgue. Mon engagement de gauche l'intéresse beaucoup. Il est de très bonne famille, comme on dit, catho, propre sur lui, mais il n'a pas les préjugés de sa caste. Ma gouaille plébéienne s'accommode très bien de se réserve patricienne. Ce n'est pas un libéral violent. Il comprend très bien que l'on puisse être révolté."
"Il ne m'a pas respecté" dixit Luc Dayan
Un seul homme finalement se déclare publiquement ennemi de Sébastien Bazin : "C'est vrai que c'est quelqu'un de très sympa, de très ouvert, de très intelligent", reconnaît Luc Dayan, candidat malheureux au rachat du PSG et s'étant fait selon toute vraisemblance "rouler dans la farine". "Mais il a eu une façon très cynique de ne pas me respecter. Il a un rapport aux gens différent du mien. Il sait qu'avec l'argent on achète tout. Cela nécessite une configuration psychologique éloignée de la mienne et qui est peut-être celle qu'il faut pour réussir. Sur le plan de la moralité, je n'aimerais pas être à sa place. On n'est pas obligé de tricher en affaires."
