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Leclub PSG : Rothen - "Une grosse désillusion"

Publié le 13 Août 2007 à 22h42 par Ghost75
Leclub  PSG : Rothen -
Jérôme Rothen est longuement revenu, pour le magazine "France Football", sur sa carrière au Paris Saint-Germain, marquée jusque-là par des échecs sportifs. L'international français, qui invoque ses blessures à répétition, voit cependant cette nouvelle saison d'un oeil très optimiste.

Arrivé de Monaco avec à son palmarès une finale de Ligue des Champions, Rothen ne s'attendait pas à vivre ce qu'il a vécu, c'est-à-dire "beaucoup de déceptions dans un premier temps... J'ai eu trop peu d'occasions de montrer mon meilleur niveau : les deux premières saisons ont été gâchées par des blessures, et la troisième... Les cinq premiers mois ont été durs, avec un entraîneur qui ne me faisait pas confiance (Guy Lacombe) . En fait, ces trois saisons à Paris se résument surtout aux six derniers mois, avec Paul Le Guen, les meilleurs, avec aussi, il ne faut pas l'oublier, quelques bons passages avec Laurent Fournier, qui avait su me redonner confiance. J'avais alors retrouvé par moments un bon niveau de jeu, mais pas avec suffisamment de régularité."

L'ancien Monégasque est au final extrêmement déçu : "Collectivement, ç'a été une grosse désillusion. Quand j'ai signé, Paris venait de finir deuxième de Ligue 1 devant Monaco et était en Ligue des champions avec de grosses ambitions.(...) Je considère avoir vécu une grosse désillusion sur le plan sportif, excepté la finale de Coupe de France contre l'OM. Mon seul plaisir sportif en trois ans, parce que quand on finit neuvième, neuvième et quinzième..."

Sur le plan physique, il a également pas mal souffert : "Les deux premières saisons ont été vraiment gâchées par les blessures. La première, notamment. Fracture de la cheville : cinq mois ! Tu mets autant de temps pour revenir, et la saison est morte. Tu reviens, et tu te blesses à nouveau derrière la cuisse, au mollet, au genou.(...) Ces blessures ont affecté ce que je voulais faire sur le terrain."

Les critiques sur son physique l'ont beaucoup touché, car il ne s'estime pas en "porcelaine" : "Pour signer au PSG, j'avais dit non à de grands clubs européens et fait des concessions sur le plan financier. J'étais venu parce que c'était un rêve de gosse. Une fierté. Forcément, je m'attendais à vivre des trucs exceptionnels. Et j'ai été déçu. Dès que j'ai commencé à être blessé, des critiques ont fusé, du genre "joueur fragile". Mais je n'ai jamais été fragile ! De l'entendre te fragilise encore plus mentalement. Et tu y penses encore plus. Je me disais : "Put..., il ne faut pas que je me blesse à nouveau, on va encore dire des choses"... Et je me blessais ! Pas évident de faire abstraction de ça, d'autant que c'était la première fois que ça m'arrivait. Il a fallu que, mentalement, je me remette bien dans le coup, parce que j'avais plongé comme tout le monde."

Mais le staff du PSG l'a toujours soutenu dans ses moments difficiles, notamment le docteur Chalabi : "J'entretenais de bons rapports avec Hakim Chalabi. On parlait beaucoup. Il était comme un confident. Par moments, il a dépassé son rôle de docteur et ça m'a fait du bien. Cela m'a remis en confiance. Si j'ai fait six bons derniers mois la saison passée, malgré les résultats, c'est parce que j'ai été bien suivi sur le plan médical, bien entouré."

Attendu pour être LE passeur décisif de l'équipe, Rothen aura finalement déçu les observateurs. Une explication ? "Moi, j'ai besoin qu'il y ait des décalages. Or, on n'était pas du tout cohérents sur le terrain. Je ne dis pas que c'était la faute des autres, parce que moi aussi je n'étais pas bon, c'est un tout. Ce n'est pas que j'avais perdu ma précision, mais peut-être que je ne recevais pas le ballon comme il le fallait, à cause de moi ou à cause de mes coéquipiers, et c'est pour ça que je ne retrouvais pas mes repères."

Il rappelle que son jeu est basé sur un collectif cohérent, et que celui de Paris ne tenait jamais très longtemps : "J'ai besoin de sentir une grande complicité avec mes attaquants. Et j'ai aussi besoin d'avoir une bonne "doublette" sur le côté. Or, avec Sylvain (Armand), on a eu du mal à se trouver dans un premier temps. Et, je le répète, l'équipe n'était pas du tout cohérente : quand l'un faisait un pressing, l'autre était à trois mètres, un troisième à dix mètres... Ce n'était pas une équipe de foot, ce n'était pas un collectif ! Avec Monaco, on avait montré ce qu'était un collectif. Avec de grands joueurs, mais a priori pas avec un effectif pour aller en finale de la Ligue des champions. Avec des jeunes plus que des vedettes. Et un collectif fort."

Au niveau mental, le manque de confiance de Guy Lacombe l'a beaucoup diminué : "Il faut aussi les résultats, les performances sur le terrain et, surtout, un entraîneur qui te fasse confiance. Il t'aligne parce qu'il n'a aucun doute, parce qu'il trouve que tu es le plus performant à ce poste-là, que tu peux apporter des choses. Il n'a pas besoin de te le dire dix fois, tu le sens ! Laurent Fournier, je sentais qu'il me faisait confiance, mais il est parti. Un autre est arrivé. Je ne me blessais plus, mais je sentais les doutes. Le premier ballon, premier centre ou premier corner que tu rates, le mec se lève. Premières réflexions... Je n'ai pas besoin de ça pour savoir si je suis bon ou pas ! La confiance, je ne l'ai jamais sentie avec M. Lacombe. J'ai fait quelques bons matchs, mais j'ai eu du mal à être régulier. En fait, j'ai senti une véritable évolution avec l'arrivée de Paul Le Guen. Et pourtant il ne m'a pas beaucoup parlé."

L'arrivée du coach breton a ainsi permis à Rothen de se relancer. Qui plus est à un nouveau poste, celui de milieu défensif : "Ce n'est pas celui où j'ai le plus de repères, mais je l'ai parfois occupé à Troyes ou à Monaco. Et j'avais tellement peu joué les deux mois précédant l'arrivée de Paul que même s'il m'avait mis arrière droit j'aurais accepté ! En fait, je savais que je pouvais rendre des services à ce poste en ressortant bien le ballon. Ca s'est bien passé et j'ai repris énormément confiance : tu fais de belles choses sur un terrain, on reparle de toi en bien, et c'est un cycle... Tu te requinques, tu redeviens décisif, c'est ça, l'important. Puis Jérémy Clément est revenu, le milieu s'est stabilisé et j'ai retrouvé le côté gauche. Mais avec la confiance engrangée dans l'axe et une vision un peu différente. Ca a même fait évoluer mon jeu : j'étais moins le mec qui reste penché sur le côté gauche, le long de la ligne..."

Il serait même prêt à reprendre ce poste, même s'il préfère jouer sur le côté : "C'est en milieu gauche que je prends le plus de plaisir, que je sens que je peux être décisif, donner la passe qui va amener le but. Mais quand tu as passé toutes les galères dans ton club, la moindre des choses, c'est d'accepter les décisions de l'entraîneur. Moi, mon plaisir, c'est d'abord d'être sur le rectangle vert, d'avoir la fierté de porter ce maillot."

Sollicité par Lyon, l'ancien Monégasque n'a pas longtemps hésité avant de refuser l'offre. Il aime trop le club de la capitale : "J'ai été très fier que Lyon me demande, par l'intermédiaire de l'entraîneur qui m'a lancé en L1 à Troyes et pour lequel j'ai un grand respect. Mais, au fond de moi, je voulais rester. Même dans les moments les plus noirs de la saison passée, je n'ai jamais songé à partir. Mon plaisir absolu, c'est d'être dans ce cadre, au Parc des Princes. Je me revois dans le virage Auteuil bleu, à cinq ans, pour mon premier match ici, en 1983, un PSG-Nantes, avec mon père... Paris, c'est comme chez moi... C'est chez moi ! Il était hors de question de tirer un trait sur ces trois saisons de déception. Et puis, partir alors que j'ai retrouvé mon meilleur niveau et que le club est en reconstruction... Je veux y participer."

Tous les voyants semblent maintenant au vert pour réaliser sa meilleure saison parisienne : "Le groupe a été rajeuni, étoffé. Et le public est derrière nous, il l'a montré après le 0-0 contre Sochaux, où il nous a applaudis parce qu'il a vu qu'on s'était battus. Je me suis dit : "sur quel terrain tu as envie de t'éclater chaque jour ?" C'est ici, lorsque je mets le maillot du PSG. Aujourd'hui, je suis plus heureux en restant ici, en voyant ma famille heureuse d'être ici. Alors, on va être prudent en termes d'objectifs, ne pas dire qu'on vise la Ligue des champions. Mais moi, je suis un compétiteur. J'ai envie de me battre pour voir le PSG en haut, le plus haut possible ! Et puis, sentir le public pousser derrière nous, ces gens qui paient leur place parfois cher par rapport à leurs moyens, ça me donne des frissons. J'ai envie de leur donner du bonheur."

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