Bernard Lacombe (255 buts marqués en L1) :
"C'est le dernier des très grands buteurs. Il me fait penser à des joueurs comme Onnis, Bianchi ou, plus près de nous, le Suisse Alexander Frei, même si Pauleta est probablement plus complet que ce dernier. C'est un renard, un buteur instinctif qui marque la plupart de ses buts dans la surface, voire dans les 5,50 m, à l'instar d'un Gerd Müller. Je ne connais pas son état physique du moment, mais il est certain que plus on avance en âge, plus ça devient difficile. Mais tant qu'il ne se blessera pas, Pauleta restera un joueur dangereux. En outre, c'est un gars qui doit bien se préparer pour faire le métier. Il aura vraiment marqué son époque dans le football français. A Bordeaux, une année, je me souviens qu'il avait inscrit près de 75 % des buts de son équipe, ce qui est exceptionnel. Je ne sais pas si un joueur comme lui est capable d'accepter de ne jouer qu'une heure tous les deux matchs, comme c'est un peu le cas actuellement au PSG. Je me mets d'autant plus à sa place que j'ai vécu exactement la même chose lors de ma dernière saison à Bordeaux. J'avais à peu près son âge et je sais que je vivais assez mal le fait d'être remplaçant. Quand Mémé (Jacquet) me demandait d'aller m'échauffer pour rentrer en cours de match, je ne vous cache pas que c'était difficile. Quand on a été un leader et un joueur décisif comme Pauleta, c'est très difficile d'accepte une telle situation. Tu te dis que les temps changent et que tu n'es sans doute plus très loin de la sortie. On aurait aimé recruter Pauleta à l'OL, surtout juste après son départ de Bordeaux. Avec nous, je crois qu'il aurait terminé trois fois de suite meilleur buteur du championnat".
Jean-Pierre Papin (cinq fois meilleur buteur de L1 de 1988 à 1992) :
"Comme je suis fan de Pauleta, je plaide en sa faveur ! Mais je comprends aussi tout ce qui se dit autour de lui, c'est le foot d'aujourd'hui. A mon sens, quand on a un tel buteur dans son équipe, une denrée rare en L1, on construit autour de lui, il est la pierre angulaire. A trente-quatre ans, il est loin d'être fini. Il suffit de reprendre le nombre de buts marqués, et le nombre de points que le PSG a engrangés grâce à lui pour comprendre. Je ne crois pas que ce soit le genre de mec à problèmes, je connais le joueur et l'homme, et je me souviens de sa gentillesse. Les raisons évoquées aujourd'hui me paraissent plus "politiques" qu'autre chose. En même temps, Paul (Le Guen) doit gérer un groupe, et il ne peut se permettre de le faire par rapport à un joueur. Un buteur doit pourtant être placé dans les meilleures conditions. J'ai été avant-centre et je sais qu'il est très difficile d'être performant en jouant seulement soixante minutes tous les quinze jours. Un attaquant a besoin de rythme et de repères. Son entente avec Luyindula n'était pas mal du tout en fin de saison dernière. Je me souviens que, quand je n'avais pas joué depuis longtemps, j'avais du mal à me situer, je n'étais pas dans le coup. Tout était déréglé. Pedro, il n'y a pas d'autre buteurs comme lui dans notre Championnat, je n'en vois pas en tout cas. C'est une perle rare. A l'OM, on bâtissait l'équipe autour de moi ; au Milan AC, autour de Van Basten, au Real, autour de Butragueno. Alors, s'il ne joue pas, qu'il s'en aille..."
Guy Lacombe (entraîneur de Pauleta au PSG en 2005 et 2006) :
"Pedro, c'est le buteur par excellence. Le but est sa raison de vivre ! Cela peut sembler banal de dire ça, mais peu de joueurs ont cet état d'esprit. Pedro me fait penser à Delio Onnis qui, dans un registre différent, avait le même état d'esprit, les mêmes qualités, les mêmes réflexes. Il consacre toute son énergie à ses appels, il est comme obsédé par le but. Et on sait la grande importance de l'appel de balle dans la réalisation d'un but. Lui, il en a une science étonnante, une grande intelligence. Il a le bon tempo. Ce qui fait la différence avec d'autres attaquants, c'est que chez lui ses qualités sont de naissance. Ce que je veux dire, c'est que certains attaquants peuvent progresser dans ce domaine, dans l'approche du but, mais Pauleta a ça en lui au départ. Du reste, lorsque j'entraînais Guingamp, je le prenais en exemple pour faire progresser mes attaquants, et cela pour l'avoir observé alors qu'il évoluait à Bordeaux. Concernant ses statistiques, elles sont en légère baisse, mais c'est assez logique dans la mesure où il prend de l'âge. Mais, pour avoir appris à bien le connaître au Paris Saint-Germain, je peux dire qu'il se connaît très bien et qu'il connaît très bien son corps. Ses jambes le suivront-elles longtemps ou pas ? Lui seul peut le dire. Mais il démontre qu'il est encore très performant ; et il a su renoncer à l'équipe du Portugal après le Mondial 2006 pour s'économiser. C'était le bon moment, à trente-trois ans, après une quatrième place et une carrière internationale bien remplie. Maintenant, ses performances sont liées au reste de l'équipe. Mais son expérience lui permet encore d'être souvent efficace."
Lilian Laslandes (124 buts en L1, partenaire d'attaque à Bordeaux en 2000-2001) :
"Que peut encore apporter Pauleta ? Mais des buts, évidemment ! Qui termine meilleur réalisateur du championnat depuis des années ? Il est encore tout à fait capable de faire tourner un match à lui tout seul. Et il ne lui faut pas trente-six occasions pour en transformer une. Devant Lorient, il s'en est créé une. Le ballon est allé au fond. Peut-être perd-il de l'énergie, du jus, dans le replacement et dans le jeu défensif. Mais c'est un véritable chasseur de buts qui sait se faire discret jusqu'au moment opportun. C'est son jeu. Il faut jouer pour lui. Il vous le rend toujours. A Bordeaux, j'avais changé de rôle et je m'étais mis à son service. Même si j'ai été moins en vue, je ne l'ai pas regretté. Maintenant, peut-être sera-t-il plus utile à domicile qu'en déplacement dans une équipe comme Paris. Il est loin d'être fini. Je ne sais pas s'il a un problème de communication avec Paul Le Guen. Cela m'étonnerait car c'est quelqu'un de simple, de facile à vivre. Sur le terrain comme dans la vie. J'ai toujours plaisir à le rencontrer. C'est un bon vivant. Depuis le temps qu'il est chez nous, il aurait quand même pu apprendre le français sérieusement. On le chambre toujours là-dessus. Mais sans doute le fait-il exprès pour sa tranquillité. C'est un malin ! A mon sens, se passer d'un tel attaquant me semble difficile. Si le PSG peut se le permettre, tant mieux pour le club parisien. Dans ce cas, j'ai un petit message : Pedro, baisse ton salaire et viens nous rejoindre à Nice. Tu claqueras des buts. J'attends une réponse."
Elie Baup (entraîneur de Pauleta à Bordeaux entre 2000 et 2003) :
"(...) Un jour viendra où il aura du mal à garder un certain niveau, comme tout le monde, mais je ne veux pas porter de jugement sur lui. Je dirais simplement qu'à mes yeux il n'est pas fini. Bien sur, quand on est attaquant, il faut une certaine fraîcheur et, plus l'âge avance, plus les déplacements sont durs. Pourquoi joue-t-il davantage à domicile qu'à l'extérieur ? Avant, il avait les jambes pour bouger, évoluer à la fois haut sur le terrain et plus loin du but adverse. Aujourd'hui, c'est différent. En tant que joueur de surface, si son équipe est située bas sur le terrain, ça lui est difficile de faire des courses de quarante ou cinquante mètres. En revanche, si sa formation est en situation d'attaques placées et joue assez haut, c'est différent."
Marc Planus (coéquipier à Bordeaux de 2000 à 2003) :
"Pedro, c'est d'abord un professionnel exemplaire. C'est le joueur rêvé pour tout entraîneur parce qu'il est toujours disponible et prêt à aider les plus jeunes. Quand on s'entraînait ensemble, je me souviens qu'il était très dur à marquer parce qu'il savait se faire oublier en sortant très souvent du champ de vision des défenseurs. Après, quand on effectuait des séances devant le but, on se mettait tous derrière lui et on le regardait. C'était vraiment un phénomène ! En tout cas, si le PSG n'en veut plus, qu'il nous le renvoie, je suis sur que les dirigeants bordelais seraient ravis de le récupérer. A mon avis, il peut encore beaucoup apporter à Paris parce que l'âge n'est pas vraiment un souci avec ce type de joueur. Tout dépend du corps du mec, de son hygiène de vie. Pedro, il a toujours fait gaffe à lui. Il est de la même veine que des joueurs comme Bixente Lizarazu qui attachent beaucoup d'importance à leur condition physique. A Bordeaux, Pedro était celui qui s'étirait le plus, celui qui faisait le plus d'abdominaux. C'était non seulement le meilleur joueur mais aussi celui qui travaillait le plus. Je suis content qu'il ait marqué contre Lorient parce que j'avais discuté avec lui la semaine précédant la rencontre et je l'avais trouvé un peu triste. Il était déçu de se retrouver fréquemment sur le banc et ça m'avait fait de la peine de le sentir comme ça. C'est quelqu'un qui m'a marqué à vie et dont je me souviendrai toujours. Je pourrai dire à mes amis et à mes enfants qu'un jour j'ai joué avec Pauleta."
Teddy Richert (gardien du FC Sochaux) :
"Je ne sais pas à quel niveau physique il se situe cette saison, d'autant que je ne le côtoie pas tous les jours à l'entraînement. Après, ce sont des choix de l'entraîneur. En tout cas, pour l'avoir déjà affronté cette saison avec Sochaux au Parc des Princes (0-0), je peux dire qu'il est toujours aussi dangereux. L'une de ses frappes avait d'ailleurs trouvé l'un de mes poteaux. Il reste adroit devant le but et continue de se démarquer par de bons appels. Et dans toutes les situations, il est capable de marquer. Moi, je n'ai pas vu des différences par rapport à l'année dernière où, il est vrai, il avait bénéficié de plus de situations dangereuses contre nous. Mais c'est le meilleur buteur du dernier Championnat, un joueur reconnu que les défenseurs essayent de prendre à la culotte. Et face à l'âge, on est tous différents. J'ai connu des joueurs de champ de trente-six ans qui, physiquement, étaient encore largement devant leurs coéquipiers pourtant plus jeunes..."