Après le traumatisme de la saison 2006-2007, les acteurs du Paris Saint-Germain ont tous promis qu'ils avaient retenu la leçon. Les dirigeants voulaient un recrutement plus cohérent, et les joueurs annonçaient un nouvel état d'esprit. Pourtant, au bout de quatre journées, le bilan chiffré est alarmant... tout comme l'an passé. Alors, peut-on comparer les deux saisons ? Et faut-il se préparer à un nouvel annus horribilis ?
Les résultats :
L'étude du classement de cette saison est malheureusement sans pitié : le PSG compte un total encore plus mauvais qu'à la même période, en 2006. Avec seulement trois points aujourd'hui, les Parisiens comptent en effet une unité de retard sur leur total après quatre journées de l'ère Lacombe : trois nuls (Sochaux, Lens et Metz) pour une défaite (Lorient) pour Le Guen, contre une victoire (Lille), un nul (Valenciennes), et deux défaites (Lorient et Sochaux), soient quatre unités au compteur pour l'ancien coach à la moustache grisonnante.
Alors, avantage à la saison passée ? Pas forcément. Plusieurs facteurs peuvent en effet modérer cette étude. Tout d'abord, le très faible nombre de matches sur laquelle elle porte. Quatre rencontres, c'est bien peu pour que les statistiques donnent une idée précise d'une saison à venir. D'autre part, si le PSG a marqué moins de points cette saison, il a surtout encaissé deux fois moins de buts que l'année dernière.
Le secteur défensif, qui avait déjà montré au bout de quelques rencontres de criantes lacunes sous l'égide de Guy Lacombe, semble cette année plus étanche. Il réclame encore des réglages, certes, mais il est déjà moins inefficace qu'avant. Il avait par exemple fallu attendre la septième journée pour que le PSG passe trois matches sans encaisser de but en 2006, alors que c'est déjà le cas aujourd'hui. Or, une défense efficace a toujours été plus garante de bons résultats qu'une attaque prolifique. Ne pas encaisser de buts est la base pour construire un jeu.
En ce qui concerne les résultats après quatre journées, c'est donc un match nul. Ce qui est toutefois déjà bien préoccupant...
Le recrutement :
Il est difficile de juger de l'efficacité d'un recrutement en cours de saison, surtout alors que le mercato n'a même pas encore pris fin. Mais on peut déjà dégager quelques tendances.
L'année dernière, le PSG avait entre autres fait signer Hellebuyck, Traoré, Baning, Diané, Frau et Landreau. Depuis aout 2006, après les départs de Dhorasoo, Kalou, Rozehnal, Cissé et C. Rodriguez, pour les quasi-titulaires, Paris a vu l'arrivée de Luyindula, Gallardo, et Clément en janvier, puis celle Digard, Camara et Bourillon, ainsi que d'une pleine génération de jeunes cet été.
On peut d'ores et déjà noter que si l'an passé, à part Mickaël Landreau et, dans une moindre mesure, Diané et Frau, les recrutements avaient été d'une sombre inutilité, pour ne pas dire totalement incompréhensibles comme la venue de Baning, cette saison Le Guen semble avoir adopté une démarche plus cohérente. Déjà, le triple champion de France a signé des joueurs qu'il fait jouer. Bourillon, Camara, Clément, Digard et Luyindula sont titulaires... Diané, Baning et compagnie ne pouvaient pas en dire autant l'an passé.
Mais surtout, les recrues semblent apporter un plus à l'équipe. Clément et Luyindula ont grandement contribué à sauver le PSG au printemps dernier, même si depuis, Peguy marque un peu le pas cet été. La défense, elle, n'a cédé contre Lorient qu'après la sortie de Digard, qui a ainsi prouvé combien son rôle était important dans la récupération. Camara a lui fait admirer sa vitesse et la propreté de certaines interventions, et Bourillon la qualité de son placement et de sa relance. Certes ces deux-là ont été fautifs sur deux des buts de Lorient, mais rappelons que Bourillon revient de blessure, et que leur association ne compte que quelques semaines. Elle devrait se rôder avec le temps, et semble prometteuse...
Davantage en tout cas que la charnière Traoré – Yepes de l'an passé, que Lacombe avait cru bon de nous infliger, plaçant Rozehnal à la récupération. Tout ça alors que le club comptait beaucoup de récupérateurs, et aucun remplaçant en défense centrale... Car c'est un autre bon point cette année : l'effectif est équilibré. Même avec le départ d'un Yepes, les postes sont tous doublés par des jeunes de talent, issus du centre de formation. Ce n'était pas le cas auparavant.
Pour le recrutement, l'avantage est donc clairement à Le Guen.
Les objectifs :
En aout 2006, le PSG restait sur une trompeuse victoire en Coupe de France, et croyait pouvoir jouer les premiers rôles en championnat, tout en assurant l'essentiel en coupe de l'UEFA. Plus dure fut la chute. Cette saison, pas question de se disperser avec des joutes européennes, ni de se fixer des objectifs impossibles en championnat. Paris n'a qu'un but : relever la tête, reconstruire. Tout le reste ne sera que du bonus.
Pas de pression néfaste venue d'en haut, donc. La presse ne pourra pas parler de déception, ou invoquer des promesses non tenues : les joueurs devraient pouvoir évoluer avec davantage de sérénité.
Autre changement, la politique salariale du club. Avec ses contrats à objectifs, le bâton est transformé en carotte. Le président Cayzac n'exige pas l'impossible, il ne met pas de pression malsaine sur son groupe mais en revanche il lui promet de substantielles primes s'il réussissait à atteindre le haut du classement. Voilà qui devrait motiver les joueurs sans leur couper les jambes !
Là encore, le bon point va à cette saison 2007-2008 !
Les coaches :
Le Guen et Lacombe ont bien peu en commun. Avant même leur arrivée respective, leurs cotes de popularité n'avaient rien à voir : si Lacombe a signé au PSG avec sur le dos un pull désormais légendaire, mais surtout le poids du départ de Lolo Fournier, Paul Le Guen arrivait pour sa part auréolé d'une image de Parisien d'une fidélité impossible à remettre en cause, et trois titres de champion de France dans la valise. Entre le gars qui prend la place encore chaude d'un ancien de la maison injustement débarqué, et une icône du Parc jouant le retour du fils prodigue, il n'y a pas photo. Les supporters soutiendront Le Guen bien plus longtemps que son prédécesseur, même si on peut regretter que l'union sacrée autour du natif de Pencran ait pris fin avec la reprise du championnat. Jamais Frau et Traoré n'auraient été sifflé en mai dernier, comme ils l'ont été face à Sochaux et Lorient. C'est dommage.
Mais les différences ne s'arrêtent pas à l'amour que le Parc porte à l'un des deux coaches, et à la méfiance qu'il a toujours ressenti envers l'autre. Après quatre journées ratées, Lacombe s'enferrait déjà dans une stratégie de communication qui allait à terme le perdre. Vivant dans le déni de la réalité, le coach ardéchois préférait systématiquement accuser les arbitres, le mauvais sort ou invoquer on ne sait quels éléments extérieurs pour justifier ses défaites. Jamais il n'a su se remettre en cause publiquement. Le Guen, lui, a une démarche honnête et droite, à l'image du bonhomme. Il assume sa part et avoue les lacunes vues en match. Il dit quand l'équipe a trop reculé, ou n'a pas su être assez efficace devant le but, etc., refusant de se cacher derrière de fausses excuses.
Déjà les supporters et les journalistes n'ont plus l'impression d'être pris pour des idiots, et ensuite Le Guen prouve ainsi qu'il a analysé les insuffisances de son équipe. De plus, ses entraînements, tels que Philo et Dubdadda les ont résumés cette semaine sur PlanetePSG, prouvent bien que le nouveau coach axe son travail sur ce qui a pêché lors des matches précédents.
Meilleure analyse des échecs, meilleure communication avec l'extérieur, et meilleure pédagogie avec le groupe, dans le duel des entraîneurs Le Guen a un avantage certain !
Bilan :
Sur ce comparatif des débuts de saison 2006 et 2007, on arrive donc à un bilan de trois unités en faveur de Le Guen, pour un match nul. Le recrutement de meilleure qualité, sans paillettes mais tout en cohérence, des objectifs raisonnables et motivants plus que castrateurs, plus un coach respecté et talentueux, tout laisse espérer un sursaut du club de la Capitale. Si pour l'instant les situations paraissent donc comparables mathématiquement, l'espoir demeure donc permis, l'analyse étant nettement en faveur de la saison actuelle. Mais tout cela reste théorique : seuls les matches à venir apporteront leur vérité à des Parisiens encore plongés dans le doute.