Avez-vous déjà éprouvé des difficultés à travailler sur le PSG ?
Je suis arrivée au temps où Vahid bloquait la presse, la période la plus compliquée pour les médias... Je débutais, j'étais la seule fille, tout était très dur pour avoir ne serait-ce qu'une interview avec un joueur. C'était la crise, le PSG ne gagnait pas. On a du travailler avec les moyens du bord. Là, il fallait avoir de l'enthousiasme, garder le sourire et foncer. Notre chroniqueur José Pierre-Fanfan, capitaine cette saison-là, m'a beaucoup aidée. Quand la presse n'avait pas accès directement aux joueurs, il m'a arrangé plusieurs interviews comme avec Yepes. Grâce à lui, Le Foot Paris a fait la première interview individuelle de Yepes après son arrivée à Paris. Aujourd'hui, nos relations avec le PSG sont bonnes, Monsieur Cayzac apprécie notre travail. Venant d'un amoureux du PSG comme lui, c'est un beau compliment.
Être une femme dans le foot actuel, c'est un avantage ?
Cela a pu l'être au départ : j'étais presque la seule femme à travailler au Camp des Loges alors les joueurs m'identifiaient plus facilement. J'étais « la fille ». Après, en plus, le côté féminin, peut-être un peu innocent, cela a pu m'avantager aussi, oui. Mais maintenant, au bout de trois ans à leurs côtés, il a bien fallu que je fasse mes preuves auprès des joueurs.
Et dans les entretiens individuels, le côté féminin joue-t-il ?
Je pense qu'en tant que femme, d'un point de vue sociologique, il est peut-être possible de créer un rapport intervieweur – interviewé un peu différent. Les joueurs ne s'exprimeront pas de la même manière qu'avec un homme. Et ils ne se comportent pas pareil non plus.
Le fait d'être spécialisée en sociologie du football, et pas dans le foot en lui-même ne vous pénalise-t-il pas ?
Pour faire des interviews, même si je n'ai pas de cursus journalistique, mes études de sociologie m'aident à aborder les choses d'une manière intéressante, je crois. En ce qui concerne la tactique du football en elle-même, bien entendu j'ai des connaissances, même si personnellement j'ai surtout beaucoup pratiqué le basket. J'aime le sport en général, et ça aide. Mais de toute manière j'ai toujours été surprise que des journalistes puissent dire à un entraîneur ce qu'il aurait du faire, ce qu'il devrait faire alors qu'ils ne vivent pas le groupe au quotidien. C'est quelque chose qui énerve beaucoup les coaches.
Alors comment faites-vous pour évoquer les aspects tactiques du jeu ?
La rubrique tactique de Le Foot Paris est tenue depuis plus de 2 ans par Raynald Denoueix : on sollicite un entraîneur sans club afin qu'il ne soit pas en situation de concurrence, et qu'il puisse s'exprimer librement, nous donner des éclairages tactiques. C'est un travail qu'il fait gracieusement, tout comme Anelka aujourd'hui et Bernard Lama avant lui. Quand il s'agit d'analyser la tactique de Paul Le Guen, pour moi, ou n'importe quel autre journaliste, en face de Denoueix, on n'a pas la même légitimité.
Comment avez-vous réussi à convaincre Denoueix, Anelka, Lama, Pilorget... d'être vos chroniqueurs ?
Pour des gens qui aiment le club, à partir du moment où on leur explique notre façon de travailler et de voir les choses, le plus souvent il n'y a aucun souci. Anelka a par exemple énormément de demandes, mais quand c'est pour parler du Paris SG, et si la démarche est saine, il dira oui.
C'est étonnant quand on connaît la réputation du personnage...
Anelka est très différent de l'image un peu "mauvais garçon" que beaucoup essayent de donner de lui. Je ne le connaissais absolument pas, et je me demandais comment il accueillerait notre proposition. Il a juste demandé à voir quelques numéros, et maintenant il est notre chroniqueur. Je crois qu'il y prend beaucoup de plaisir. Mais il aime tellement le club... C'est un vrai supporter, un vrai amoureux du Paris Saint-Germain. Ses chroniques ne sont pas creuses et il n'a pas peur de dire les choses. En 2005-2006, Pauleta était aussi chroniqueur, c'était sympa. Rothen lui a succédé et il prend son rôle très à cœur.
Vous pouvez nous divulguer de quoi vous parlez d'autre dans le dernier numéro ?
En plus des rubriques habituelles et de l'hommage à Francis Borelli, Valdo dit qu'il ne croit pas au "syndrome du Parc". Pour lui ce stade est vraiment magique, l'un des plus beaux stades du monde. Il a du mal à comprendre que certains joueurs puissent y avoir peur. Cristobal, qui a joué au Camp Nou affirme aussi qu'il préférait le public du Parc à celui de Barcelone, qui est davantage un public de « spectateurs ». Il trouve qu'à Paris le public est plus acteur du match que « spectateur ». Et plein d'autres choses...
Le Foot Paris, Internet et les supporters
Que pensez-vous des sites Internet consacrés au PSG ?
Je trouve que PlanetePSG est le site le plus complet. A côté, j'apprécie beaucoup ce que fait McSim sur PSG70. Pour quelqu'un qui gère son site tout seul, il y a tant d'infos, je lui tire mon chapeau. Mais PlanetePSG, je suis comme tout le monde : je le trouve très pratique, et je le consulte régulièrement. Quand on n'a pas le temps de tout acheter, on ne peut pas trouver mieux comme revue de presse.
Cela ne vous pose-t-il pas de problème quand des articles de Le Foot Paris sont recopiés sur certains sites ?
Il est vrai qu'en 2005, on avait fait l'interview de Cana juste après son départ à l'OM. C'était la première fois qu'il revenait sur son départ du PSG. Quelqu'un avait acheté Le Foot Paris et mis presque toute l'interview sur le site. C'était LA plus value du magazine à ce moment-là, et de manière très amicale j'avais demandé à ce que cela soit retiré. Il faut comprendre que si quelqu'un peut lire un article quasiment dans son intégralité sur Internet, après il ne va pas aller acheter le magazine. C'est le seul petit souci que l'on ait eu. Mais il n'y a aucun problème à ce que Planete reprenne des citations ou des extraits du Foot Paris. Au contraire.
Que pensez-vous du partenariat entre PlanetePSG et votre magazine ?
Ce lien direct avec les supporters est important pour nous. Et aussi pour les joueurs : le trophée Le Foot – Planète a été très bien accueilli par eux. A leurs yeux, l'avis des supporters a plus de valeur que celui des journalistes. Un joueur élu par les supporters, il n'y a rien de plus légitime.
Un dernier mot, à propos des supporters : vous intéressez-vous aux différents mouvements ?
Beaucoup. Au moment de la grève des supporters, on a réussi à réunir tous les responsables d'associations dans un bar à Paris, autour de la même table. Boulogne, Auteuil, quasiment toutes les associations étaient là, même les Tigris Mystic. Tout ça alors que l'on était bien moins connus qu'aujourd'hui. On avait monté un dossier pour étudier quelles étaient leurs revendications exactes. On sait qu'au départ la plupart des responsables d'associations étaient méfiants vis-à-vis des médias, ce que l'on peut comprendre. Avoir réussi à les convaincre de venir témoigner dans un journal, c'est une fierté. Donner la parole aux supporters tous les mois, c'est quelque chose qui nous intéresse beaucoup. On veut rester le plus proche possible des personnes qui vont au Parc, des abonnés. C'est important pour nous.