Une intersaison parfaitement gérée C'est suffisamment rare à Paris pour qu'on prenne le temps de s'arrêter sur cette première caractéristique de la présente saison. Une fois n'est pas coutume, l'intersaison s'est déroulée sans problème majeure, sans crise latente, sans anicroche. Certes, les médias ont bien tenté de s'emparer du phénomène brésilien du PSG Ronaldinho en l'annonçant successivement dans à peu près tous les plus grands clubs d'Europe. Le président Perpère a cependant rapidement calmé le jeu en apportant régulièrement tous les démentis nécessaires, relayé finalement par la voix même du joueur. Ronaldinho restera bien parisien, pour cette saison du moins. Pour le reste, Luis Fernandez a géré son groupe comme il l'entendait. En misant sur la continuité, et en faisant confiance au groupe qui avait fini troisième des matchs retour la saison passée, Luis brise une sale habitude prise par Paris depuis la saison 98/99. Pendant les quatre saisons qui se sont écoulées depuis cette date, les équipes parisiennes ne s'étaient jamais ressemblées d'une année sur l'autre. N'y voyez pas de hasard si sur ce laps de temps le PSG n'a décroché aucun titre ni aucune coupe. Le recrutement s'est donc essentiellement attaché à combler les lacunes constatées la saison dernière, notamment le manque de percussion côté gauche, et l'absence d'un véritable avant-centre. Pour le reste, Luis a aussi pensé à l'avenir du club en enrôlant des jeunes : le cannois Romain Rocchi, l'international espoir portugais Felipe Texeira, le nigérian Rabiu Baita, le camerounais Alnoudji (les deux derniers étant prêtés respectivement à un club belge et au SC Bastia), en attendant les arrivées possibles du brésilien Fabrizio que l'ont dit aux portes de la Séleçao championne du monde et d'un autre nigérian Odenwengie. Sans oublier les jeunes parisiens Benachour, qui sera probablement prêté, et Samuel Piètre, champion du monde des moins de 17 ans, qui intègre le groupe professionnel. La politique de jeune tant attendue est donc bien en place et portera ses fruits dans quelques années. Pour l'heure, l'équipe première a eu la possibilité d'effectuer l'ensemble de la préparation avec la quasi totalité de l'effectif définitif. En fait, seul Ronaldinho, fraîchement auréolé de son statut de champion du monde, a manqué à l'appel. C'est encore un point positif de cette intersaison. Par le passé, nombre de joueurs étaient arrivés à Paris en pleine préparation voire carrément après celle-ci, traînant alors comme un boulet ce déficit d'intégration et de condition physique pendant tout ou partie de la saison. Cette année, on ne devrait pas être embarrassé par ce type de désagréments. Les ambitions affichées par le club parisien et par les joueurs eux-mêmes ne sauraient de toute façon souffrir d'un début de championnat poussif. Une saison capitale à plusieurs titres Car les dirigeants et Luis Fernandez parlent officiellement de place dans les trois premiers à l'évocation des ambitions du PSG. Les joueurs ne se mettent pas en porte-à-faux, mais se montrent un poil plus précis. Pour eux, l'objectif c'est le titre. Ils sont conscients de leur potentiel. L'année dernière, malgré un effectif en grande partie renouvelé, ils ont bien failli être les grands troubles-fête du championnat. Sans un début de saison constellé de matchs nuls que Paris aurait du gagner, ils auraient pu batailler pour le titre jusqu'au bout. Cette année, l'adaptation ne sera plus à faire. C'est d'autant plus vrai pour la perle de l'équipe, le brésilien Ronaldinho, qui n'a joué à son véritable niveau l'année dernière que six mois, et encore. Même s'il manquera les deux premiers matchs en raison de son retour tardif au Camp des Loges suite à la Coupe du Monde, le Gaucho sera cette fois compétitif sur l'ensemble de la saison. Si l'on se réfère à ce qu'il a apporté au PSG lors de certains matchs, il semble évident que ce sera un plus monumental par rapport à l'exercice précédent. Or Paris se doit de réussir cette saison. Il en va de sa crédibilité sportive d'une part. Après une intersaison aussi favorable, avec autant d'atouts dans sa manche, après avoir réuni autant de conditions propices au succès, on accepterait mal une nouvelle désillusion. En l'occurrence, la désillusion se situerait au niveau de la non-qualification pour la Ligue des Champions. Il en va également de son avenir. Dans une période troublée, où le PSG - c'est désormais officiel - est à vendre, une saison à la hauteur des espoirs placés en lui pourrait faire du club parisien un bon investissement, multipliant ainsi ses chances d'être cédé dans les meilleures conditions. Bien sur, une mauvaise saison aurait les effets inverses et alors bien malin qui pourrait prédire l'avenir du PSG. C'est pourquoi le succès est obligatoire et passe notamment par une bonne entame de championnat, le 3 aout. Premier match, premier choc Les parisiens veulent démarrer sur les chapeaux de roues ? Ils ont de la chance, le calendrier les a gâté. Comme la saison passée, ils débuteront au Parc contre l'équipe surprise et troisième du dernier championnat. Cette fois-ci, ce sera l'A.J. Auxerre. On aurait difficilement pu rêver débuts plus excitants. Ce match aura en tout cas pour vertu d'étalonner sérieusement le PSG cuvée 2002/2003. Une victoire lancerait les coéquipiers de Pochettino de la meilleure façon possible...et mettrait déjà à trois points un adversaire potentiel. L'an passé, le PSG a perdu le titre au Parc contre les grosses écuries. Luis ne l'a pas oublié et c'est donc à cela qu'il doit remédier prioritairement. Pour l'heure, après une campagne de matchs amicaux où l'équipe parisienne est progressivement montée en puissance et a déjà montré une belle cohésion, les joueurs affirment tous qu'il seront fin prêts le 3 aout pour relever le défi. Tous sauf Ronnie bien sur, qui vient de commencer sa préparation personnelle et ne sera à la disposition du groupe que dans quinze jours. Le PSG peut-il vaincre sans Ronaldinho ? C'est là aussi un enseignement que l'on pourra tirer de ce premier match. Il est évident que de la réponse à cette question dépendra en bonne partie le succès final du club. Car aussi phénoménal soit-il, le nouveau champion du monde ne saura tenir à bout de bras l'équipe. Il le fera sans doute sur quelques matchs vu son talent, mais certainement pas sur une saison entière. Aux André Luiz, Cardetti, Leroy, Pochettino et autres Paulo César de prouver qu'il sont capables également d'insuffler leur talent au sein de l'équipe. Luis « Cette saison ne me fait pas peur. » « Certains vont peut-être dire que je joue gros, mais elle ne me fait pas peur ». Luis Fernandez a raison de ne pas être craintif. Il a tous fait pour que cette saison débute sereinement. Son groupe est professionnel, expérimenté, talentueux et humble. Si ce n'est pas suffisant pour être sur de devenir champion, c'est au moins une garantie contre une éventuelle grosse désillusion. Pourtant, le PSG est un club si singulier que la prudence reste de mise. L'histoire récente nous a appris à nos dépends qu'un simple vice caché pouvait gripper un mécanisme qui semblait infaillible de prime abord. En attendant, nombreux sont les observateurs qui considèrent le PSG, au même titre que l'Olympique Lyonnais, comme un grand favori pour la première place. Et si cette année Paris les surprenait en leur donnant enfin raison ?