Luis Fernandez, une impression de gâchis prédomine, en êtes-vous conscient ?
Gâchis, non. Exaspération, déception, oui. Je suis le premier désolé de ce qui est arrivé face à Sochaux. Le résultat n'est évidemment pas satisfaisant compte-tenu des efforts déployés par mon équipe qui, contrairement à l'adversaire, a fourni du jeu. Par malheur pour nous, Cardetti a manqué le ballon du KO.
On sait, Sochaux a égalisé, a failli même l'emporter et au coup de sifflet final, le public a manifesté son mécontentement...
Oui, et c'est bien cela qui me désole ! Le public du Parc ne sait ou ne veut pas peser sur le résultat de son équipe. Ce même match, à Bilbao, je ne le perds jamais... C'est une question de culture.
Que voulez-vous dire ?
Simplement qu'il n'y a jamais quarante mille supporters derrière le PSG ; que le Parc est coupé en deux. Dans les deux virages, Boulogne et Auteuil, se trouvent les vrais supporters, ceux qui jusqu'au bout chantent leur espoir et leur fidélité à leur maillot. Ailleurs figurent des spectateurs issus de toutes les régions de France, des Bretons, des gens du Nord ou du Sud, qui viennent au stade comme on se rend au spectacle, qui applaudissent ou sifflent selon leur humeur du moment. Ce qu'ils ont fait endurer samedi à André Luiz m'est insupportable... Comme avaient été injustes et injustifiés les sifflets qui, souvenez-vous, ont accompagné il y a quelques années les premières sorties de Raï et de Daniel Bravo.
La différence est peut-être qu'avec Bilbao, vous n'aviez pas la même obligation de résultats. Or vous avez déclaré au début de saison que Paris avait pour objectif prioritaire le titre de champion. Maintenez-vous toujours cet objectif ?
Bien sur ! Je suis convaincu que nous allons y arriver. Je crois comme jamais à ce groupe qui ne m'a jamais déçu que deux fois depuis le début du championnat, face à Ajaccio et récemment contre Sedan, où il y a eu trop de laisser-aller. Bientôt, les choses sérieuses vont commencer. Il reste 24 journées, le championnat est une course de fond et le PSG va la remporter, j'en suis convaincu... L'essentiel est de passer en tête au meilleur moment. Demandez aux Lensois !
N'est-ce pas de l'auto-persuasion ?
Pensez ce que vous voulez... Avez-vous envie que je vous dise que Nice va être champion ?
Et pourquoi pas ?
Ecoutez, soyons sérieux ! Ce qui arrive à Nice est formidable. Moi-même, je l'ai vécu avec Cannes en 1993. Nous montions de Deuxième Division et nous avons fini sixièmes et européens. Un petit miracle.
Donc, vous estimez que la première place des Niçois est provisoire...
Ça ne peut pas être autrement. Nice n'a pas un effectif suffisant pour tenir la distance. Que se passe-t-il si demain, Eric Roy et Diawara se blessent ? Pour l'heure, les Niçois ont été épargnés. Tout leur sourit, ils sont sur un nuage.
Vous jouez ce jeudi en Coupe UEFA le match retour contre Bucarest. La qualification est quasiment assurée...
On jouera sérieusement, voilà tout. Mais pas question de focaliser sur cette Coupe. Nous tâcherons d'aller le plus loin possible dans cette compétition sans pour autant se mettre à genoux. Seul le championnat m'intéresse.
On a lu quelque part qu'une éventuelle et nouvelle expérience à l'étranger, et notamment en Angleterre, ne serait pas pour vous déplaire pour le cas où...
Pour le cas où je ne signerais pas un renouvellement de contrat avec Paris. J'ai lu ça aussi. Mais il est trop tôt pour en parler. Si ça ne tenait qu'à moi, je resterais toute ma vie à Paris. Mais est-ce l'envie des dirigeants, et surtout quels seront les dirigeants du PSG dans quelques mois ? Qui le sait ?
