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Anciens PSG : Exclu : Interview de Bernard Lama (Partie II)

Publié le 02 Juin 2011 à 23h05 par Loic Uhmann
Anciens  PSG : Exclu : Interview de Bernard Lama (Partie II)
L'ancien gardien du Paris Saint-Germain, Bernard Lama, a eu la gentillesse d'accorder une interview à PlanetePSG.
Dans la seconde et dernière partie de notre entretien, nous avons principalement évoqué son passage au PSG, marqué par la victoire en Coupe des Coupes en 1996.

PlanetePSG.com : Vous avez disputé plus de 250 rencontres avec le PSG au cours des années 1990 et avez côtoyé des joueurs tels que Raï, Valdo ou encore Ginola. Lequel de vos coéquipiers vous a le plus marqué ?

Je pense que c'est George (ndlr : Weah). En même temps, il y en a beaucoup qui m'ont marqué et avec qui j'ai toujours de très bonnes relations. Mais avec George, on a partagé la chambre pendant trois ans et pas seulement, nos vies également. On était très proches. C'est vrai qu'après lui, j'ai toujours eu une chambre tout seul, car c'était difficile d'avoir un autre ami comme cela avec moi.

PlanetePSG.com : En 1994 sous la direction d'Arthur Jorge, le PSG remporte le championnat. Quel souvenir garderez-vous de ce coach à la réputation d'homme dur ?

Non, il n'était pas plus dur qu'un autre coach. Arthur Jorge, c'était un état d'esprit au niveau du football, c'était de la rigueur. C'est ce qu'il nous demandait et c'est ce qu'on appliquait, parce que c'est une formule gagnante. Mais au contraire, c'était quelqu'un avec qui on pouvait discuter, quelqu'un de très cultivé. Personne n'avait à se plaindre. Après, on est professionnel donc il y a une exigence à ce niveau-là mais c'est quelqu'un qui nous laissait tranquilles. C'était là une réputation qui n'était pas justifiée.

PlanetePSG.com : C'est Luis Fernandez qui prendra par la suite la place d'entraîneur sur le banc. On lui a souvent reproché, au cours de cette première expérience, d'avoir été trop proche des joueurs, de ne pas avoir su garder une certaine barrière hiérarchique, qu'en pensez-vous ?

Ce n'est pas le fait d'être proche de ses joueurs qui est une faute, mais Luis, je pense qu'il était encore lui-même joueur. C'est quelqu'un qui aime le jeu, qui aime s'amuser. Il a un mode de fonctionnement différent des autres. Il n'avait pas de limite et c'est vrai que par moment cela pouvait poser problème. Mais ce n'était pas une mauvaise chose en soi d'être proche de ses joueurs. Tout dépend comment. Par moment, c'est vrai qu'il était un peu envahissant, mais ce n'était pas quelque chose de méchant.

PlanetePSG.com : En 1996, il y a cette Coupe des Coupes. Un parcours énorme dans cette compétition. Quelle était la force de ce groupe et quel souvenir gardez-vous de ce trophée remporté ?

La force de ce groupe-là, c'était son histoire. Cela faisait cinq ans qu'on courrait après cette coupe d'Europe, cette finale, et donc ce parcours-là en 1996 vient finaliser le parcours des cinq années qu'il y avait eu avant. Et bien évidemment, il y a une grosse satisfaction d'arriver au bout. Car à cette époque, on a installé le PSG au niveau européen. Et c'est toujours très honorant d'être le premier à remporter quelque chose de cette importance-là pour son club. Cela a été un grand moment.

PlanetePSG.com : Après 1997, les choses ont commencé à se gâter au PSG. Pensez-vous que les départs de Denisot et à fortiori, Luis Fernandez l'année précédente, ont été fatales ?

Je pense que ce qui a été dur pour le club, c'est que derrière l'actionnaire, il n'y avait pas grand-chose. Le club n'a pas été pensé sur le long terme. C'est vrai que le retrait de Canal a marqué un coup d'arrêt au moment où le football prenait une autre dimension et notamment au niveau financier, car il n'y avait plus rien derrière. Et c'est ce qui a été difficile à gérer pour le club, d'où l'enchaînement des mauvaises performances, les changements répétés de président. Tant que Canal était là, il y avait quelque chose derrière. On sentait une puissance, on était dans l'ère du temps. Une fois Canal parti, on n'a pas retrouvé ce qu'il fallait pour repartir sur dix ans.

PlanetePSG.com : Vous avez évolué aux côtés d'Antoine Kombouaré également, l'entraîneur actuel du PSG. Le connaissiez-vous déjà comme ça, avec sa culture du beau jeu, son caractère un peu sanguin ?

Mais il a toujours été comme cela Antoine. J'ai souvenir de quelqu'un qui était un gros compétiteur, même quand il jouait aux cartes, il fallait absolument qu'il gagne. Antoine était parfois malheureux car il ne jouait pas suffisamment à son gout et il l'exprimait. La différence c'est que c'est quelqu'un qui est pur. Quand il dit quelque chose, il l'a dans sa tête, dans son cœur. Je pense que c'est plus une qualité qu'autre chose. Et je crois qu'au fur et à mesure, il a réussi à canaliser tout cela et se mettre au niveau de l'exigence du Paris Saint-Germain.

PlanetePSG.com : Vous voyez Antoine Kombouaré capable de réaliser de grandes choses avec ce club dans un futur proche, comme remporter un titre de champion de Ligue 1 ?

On a depuis quand même, trois-quatre ans, une certaine stabilité que l'on n'avait pas avant. C'est bon pour le club en général, pour l'équipe et maintenant il faut trouver les moyens de renforcer cette équipe pour aller plus loin. Un championnat se gagne sur le banc, sur des joueurs d'appoints qui peuvent amener un plus au moment où l'équipe est moins bien, au moment où il y a des blessés. Et je pense que le PSG doit augmenter sa capacité à avoir deux équipes, tout en intégrant des jeunes, pour pouvoir prétendre arriver au bout du championnat. Et ce qui se passe là est déjà très bien. Il y a de bonnes places en championnat, il y a la Coupe d'Europe au bout, il y a la victoire en Coupe de France ainsi que la possibilité de défendre ce titre cette année.

PlanetePSG.com : Quel est votre sentiment sur Nicolas Douchez et Apoula Edel, qui formeront le duo de gardiens de buts la saison prochaine (entretien réalisé le 12 mai) ?

Je pense que tant qu'on n'a pas vu quelqu'un en action, on peut difficilement juger de ce qu'il est capable d'amener. Ce que je sais, c'est qu'être joueur au PSG n'est pas forcément évident. Je crois qu'il a quand même un avantage, de par son vécu, son âge et le fait qu'il soit Parisien. Maintenant il faut voir comment cela va se transformer sur le terrain. Mais bon, c'est délicat aussi d'en parler au moment où le club joue gros, joue des titres, car en même temps, cela peut ne pas être bon pour les gardiens qui sont là. Alors Coupet, il va arrêter et donc cela n'a pas trop d'influence, mais il y a aussi Edel, qui a globalement fait un bon championnat. Tout le monde a des coups de moins bien un moment donné dans une saison. Le problème c'est qu'on lui a fait beaucoup de reproches alors que l'on est dans un sport collectif et qu'il a aussi apporté sa part dans le bon classement de l'équipe. Qu'il a été moins bon à un moment donné, c'est certain, qu'il ait peut-être eu une ou deux déclarations malheureuses, c'est aussi certain, mais je crois que, globalement, c'est un garçon qui a tenu la route. Et si je me souviens bien, le PSG n'est pas la plus mauvaise des défenses...

PlanetePSG.com : Pour revenir sur la fin de votre parcours au PSG. Avez-vous gardé une certaine rancœur envers la direction lorsqu'elle vous a annoncé que votre contrat ne serait pas prolongé et que Lionel Letizi serait le prochain gardien numéro un ?

Non pas du tout. Moi j'ai continué mon parcours à Rennes. Il y a des choix qui sont faits à un moment donné, qui nous sont favorables ou pas, et il faut les accepter, car c'est la loi du milieu aussi. Moi, ce qui me dérangeait dans tout cela, c'était de ne pas pouvoir continuer à apporter mon aide au club et on a bien vu ce qui s'est passé derrière. De mon point de vue, cela n'a pas été une vraie bonne décision. A l'époque je maîtrisais le vestiaire et ce qui se passait dans le vestiaire. Je rappelle quand même que quand j'ai quitté le PSG, le club était qualifié pour la Champion's League. Ce n'est quand même pas rien d'arriver à finir deuxième du championnat, se qualifier pour la Champion's League et assurer sportivement une certaine pérennité du haut niveau. Derrière, tout cela a malheureusement été mal géré. Mais cela fait partie du jeu, il n'y a pas de souci !

Interview réalisée par Loïc Uhmann en exclusivité pour PlanetePSG.com.

Nous remercions sincèrement Bernard Lama pour sa disponibilité et sa franchise.

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