Planetepsg.com : Kenza, peux-tu te présenter à nos internautes ?
J'ai commencé le foot à 6 ans avec des garçons. Je jouais en région lyonnaise à Chasse-sur-Rhône en Promotion d'Excellence. Ensuite j'ai intégré l'Olympique Lyonnais à 14 ans. Je suis rentré en sport-études au centre de formation. J'ai signé mon premier contrat pro à 16 ans avec l'OL. Je faisais partie du groupe pro mais il me manquait du temps de jeu. C'est très difficile de faire son trou dans un effectif aussi riche. Donc j'ai décidé de partir et de tenter ma chance dans un petit club. A l'époque, Rodez était promu. Le but était de pouvoir rebondir ensuite dans un grand club. Mon choix s'est avéré payant puisque le PSG m'a contacté...
Planetepsg.com : Pourquoi le PSG plutôt que l'OL ?
Après Lyon, le PSG, c'est la meilleure équipe en France. Donc je suivais les résultats du club. Certes, Lyon, c'est ce qui se fait de mieux. Mais le PSG a un très bon projet sur le long terme. Avec la qualification en Ligue des Champions, je n'ai pas hésité à venir. J'ai eu un très bon contact avec le coach. De toute façon, le statut de joker ne m'intéressait pas. Je voulais vraiment être titulaire dans un grand club.
Planetepsg.com : Tu es arrivée cet été au PSG et tu es déjà en grande forme puisqu'en cinq matches, tu as déjà marqué cinq buts toutes compétitions confondues. Comment expliques-tu cette réussite ?
Je l'explique, tout d'abord, par mon intégration, qui s'est très bien passée. Quand on se sent bien en dehors des terrains, c'est plus facile de s'exprimer au cours d'un match. Ensuite, je dirais que c'est le résultat d'un travail acharné. Je me sens bien au PSG, je suis en grande forme. Aujourd'hui, c'est moi qui marque. Mais il y a un gros travail de l'équipe derrière. C'est plus une réussite collective avant d'être une réussite individuelle.
"PASTORE NE DEFEND PAS !"
Planetepsg.com : Bruno Bini était à Charléty mercredi pour PSG-Peamount (3-0). L'Equipe de France, tu y penses ?
Évidemment. Comme toutes les joueuses. Mon objectif à long terme, c'est d'être titulaire au PSG et d'acquérir de l'expérience. Après, je pense que le reste viendra. L'équipe de France, c'est un objectif sur plus long terme.
Planetepsg.com : En tant que fan de Ronaldinho, tu devrais apprécier Pastore, la nouvelle star du Parc ?
Je ne le connaissais pas avant. Mais j'aime beaucoup ce joueur. J'ai eu l'occasion de le voir jouer contre Brest (NDLR : 1-0, but de Pastore). L'équipe féminine était allée au Parc ce soir-là. Le football, ça à l'air facile avec lui. C'est un très bon dribbleur, il est capable de faire la différence à lui tout seul. Mais il y a quelque chose qui me dérange : il ne défend pas ! Il ne court que s'il a le ballon... Si j'étais sa coéquipière, je pense que je gueulerai un peu.
Planetepsg.com : Retour sur les débuts du PSG en Ligue des Champions : après Peamount, un "petit", vous allez affronter Francfort en huitièmes de finale les 2 et 9 novembre prochains. Triples vainqueurs de la C1, les Allemandes sont favorites...
J'ai eu l'occasion de les rencontrer deux fois. Avec Lyon lors des stages estivales qu'on effectuait en Allemagne. Francfort, c'est ce qui se fait de mieux là-bas après Potsdam. Moi, je les considère comme un "rouleau-compresseur". C'est un peu le même état d'esprit qu'à Lyon. Même si à l'OL, il y a plus d'individualités. Mais Francfort peut compter sur de nombreuses internationales A qui ont effectué la Coupe du Monde cet été. Comme Fatmire Bajramaj (NDLR : deuxième au classement de la meilleure joueuse FIFA en 2010, derrière la Brésilienne Marta). Ça va être un match très ouvert parce que contrairement à Peamount, elles se basent sur l'offensive. Elles ne vont pas refuser le jeu, ça c'est sur. Pour moi, c'est que du bénéfice de jouer contre des grandes équipes européennes. J'ai hâte de les rencontrer. Maintenant, on va travailler pour. On savait qu'on allait affronter des gros morceaux. De toute façon, on a à cœur d'aller le plus loin dans cette compétition. Et ça passe par Francfort aujourd'hui. On fera le boulot pour se qualifier. Ce qu'il y a de bien, c'est qu'on rencontrer l'OL avant en championnat (NDLR : le match devrait se jouer en lever de rideau avant PSG-Caen au Parc des Princes le 29 octobre). On pourra donc se servir de ce choc comme match référence juste avant de se déplacer là-bas.
Planetepsg.com : Après avoir joué devant 2000 spectateurs à Charléty, ce n'est pas trop dur de revenir au Camp des Loges devant 200 spectateurs le week-end ?
On aimerait jouer tous les week-ends dans ce genre de stade, que le public soit présent à chaque match... C'est vrai que la Ligue des Champions, c'est un univers totalement différent. En ce qui concerne toute l'organisation autour du match, tout ce que cela déclenche avec les médias... C'est vrai aussi que les gens s'intéressent beaucoup plus à la Ligue des Champions qu'au championnat. Maintenant, on aimerait jouer dans des conditions comme celles-là. Je pense que on est sur la bonne voie parce que grâce au parcours de l'Equipe de France en Coupe du Monde, de plus en plus de monde et les médias s'intéressent au football féminin, qui se développe. Donc on a espoir que dans les deux-trois prochaines années, on ait un public comme ça. Nous, on a qu'une hâte, c'est celle-là. Le championnat, c'est la priorité. Et pour gouter à l'Europe, il faut être performant en championnat. Le week-end, on joue Rodez et trois jours plus tard on joue contre une grosse écurie européenne. On doit passer par là.
"IL VA SE PASSER QUELQUE CHOSE AVEC LES QATARIENS"
Planetepsg.com : Le championnat est votre priorité. Cette saison, le PSG pourra-t-il enfin rivaliser avec l'OL ?
Je pense que oui. Le club est en transition avec l'arrivée des Qatariens et cette première participation en Ligue des Champions. Maintenant, je suis sure qu'il va y avoir des investissements dans la section féminine. On va avoir un budget plus conséquent, des infrastructures mieux adaptées, je pense. De toute façon, l'objectif, c'est de faire un résultat contre l'Olympique Lyonnais. Aujourd'hui, on a les individualités et l'effectif pour pouvoir rivaliser avec l'OL. Donc le PSG pourra rivaliser avec l'OL encore plus la saison prochaine.
Planetepsg.com : Le club, comme tu dis, est "en période de transition". Deux joueuses professionnelles du championnat américain vont venir renforcer l'effectif cet hiver. A ce rythme-là, le PSG pourrait passer professionnel dès la saison prochaine...
Oui. L'objectif est que la section féminine n'ait plus le statut associatif et passe à celui de professionnel. On a hâte. Normalement, la section féminine sera professionnelle à partir de la saison prochaine. Il va se passer quelque chose avec les Qatariens. On me l'a assuré au moment de signer.
Planetepsg.com : Est-ce que tu connaissais Ella Masar et Allie Long, les deux futures joueuses américaines du PSG ?
Non, pas du tout. J'ai juste eu l'occasion de les rencontrer pendant la période d'essai d'une semaine (NDLR : fin septembre). Après, j'ai consulté sur internet leur palmarès. Ce sont des joueuses qui ont de l'expérience. On a besoin d'individualités, de personnalités comme elles. Donc ce n'est que du bonus pour nous.
Planetepsg.com : Ce dimanche à 13h, le PSG accueille Rodez, ton ancien club. Peux-tu présenter cette équipe ?
(Hésitation). C'est une équipe qui joue le maintien, qui mise sur la défense. On s'attend à un match fermé. J'espère qu'elles vont jouer le jeu. Je connais le discours de l'entraîneur et c'est sur qu'il ne veut pas perdre. Donc le match sera très disputé. Il aura un gout particulier pour moi mais je le prends comme un autre.
Planetepsg.com : Est-ce qu'il y a des individualités qui se détachent dans ce groupe ?
Cette année, Rodez a beaucoup recruté. Notamment Karima Benameur, la gardienne numéro 3 de l'équipe de France. Il y a aussi la capitaine Agathe Calvié, qui a de nombreuses années de D1 derrière elle. Enfin, Rodez possède de jeunes joueues comme l'attaquante Marine Augis, qui joue avec moi en sélection jeunes.
La rédaction de Planète PSG remercie Kenza Dali pour sa disponibilité et sa gentillesse.
