L'expérience : avantage Paris
L'effectif montpelliérain reste relativement inexpérimenté. Même si le vécu est important, avec une équipe très peu modifiée depuis 2009 (on le verra par ailleurs), les Héraultais n'ont pas vraiment connu la pression des grands matches dans leur carrière. Parmi les plus expérimentés de ce collectif, on peut citer Cyril Jeunechamp, Vitorino Hilton (champion de France 2010 avec Marseille et quelques matches de C1 au compteur), Romain Pitau (champion de France 1998 avec Lens notamment), Geoffrey Dernis (blessé), Marco Estrada (une Coupe du Monde 2010 disputée avec le Chili), et dans une moindre mesure, John Utaka et Souleymane Camara (quelques matches de C1 à eux deux).
Pas de quoi fouetter un chat lorsque l'on sait que Paris se compose de pas mal d'éléments sachant gérer la pression des grands rendez-vous. Là, la liste pourrait être plus longue avec pas mal d'éléments ayant évolué dans les plus grands championnats. Ainsi, Thiago Motta, Diego Lugano, Momo Sissoko, Maxwell, Alex, même Jérémy Ménez, sans oublier l'entraîneur Carlo Ancelotti, ont déjà connu la saveur d'affiches attendues avec impatience par les supporters et les médias. L'expérience penche forcément en faveur des Parisiens...
Le collectif : avantage Montpellier
Composé de pas mal d'éléments ayant permis à l'équipe de remonter dans l'élite en 2009, le MHSC peut compter sur un collectif soudé et solidaire. Les recruteurs héraultais ont également eu le nez fin. Hormis l'échec Spahic, qui a tout de même rendu des services lors de la saison 2009-2010 (5eme place du club héraultais à la fin de la saison), les joueurs arrivés ont tous apporté un plus dans cette équipe. Parmi eux, Gary Bocaly (arrivé en 2008), le trio Pitau-Dernis-Jeunechamp (arrivé en 2009), sans oublier évidemment Olivier Giroud (2010) et le duo Hilton-Bedimo (2011). Des recrues de choix qui ont su se fondre dans un collectif déjà rôdé où les jeunes formés au club font merveille, tels Belhanda, Yanga-Mbiwa, Saïhi, ou plus dernièrement El-Kaoutari et Stambouli.
A Paris, on a plutôt nettoyé l'effectif cette saison. A titre d'exemple, des joueurs de la saison 2010-2011, seuls 10 sont restés (en ne comptant pas les jeunes de la CFA) sur les 24 éléments qui composent l'équipe actuelle. Cela représente un fort remaniement avec une formation où se mélangent plusieurs nationalités et cultures. Par conséquent, le Français n'est pas vraiment la langue officielle. Le vestiaire n'a pas spécialement de vécu et n'a pas pu se forger une véritable identité. Montpellier part donc avec une grande longueur d'avance...
Le jeu : avantage Montpellier
SI les statistiques ne confirment pas ce fait, Montpellier pratique un jeu plus attrayant que le Paris Saint-Germain. Reposant sur un jeu qui fait beaucoup participer les latéraux (Bocaly et Bedimo), la bande à René Girard est incontestablement en progrès par rapport à la saison dernière. Quand elle ne savait pas encore gérer les temps forts et faibles. Grâce à l'expérience d'Hilton derrière, à l'éclosion de Belhanda au milieu et à la confirmation du talent d'Olivier Giroud, le collectif héraultais est plus consistant et livre des contenus très intéressants.
Paris évolue davantage par à-coups. On ne sent pas encore de fluidité dans le jeu et les promesses entrevues face à Toulouse mi-janvier (3-1) n'ont pas connu de prolongements. Sous l'ère Kombouaré, l'équipe avait du mal à s'organiser et était dépendant tantôt des éclairs de Pastore, tantôt de ceux de Nenê. Depuis l'arrivée d'Ancelotti, ce n'est plus tout à fait la même chose. L'entraîneur italien a amené plus de rigueur et s'attache surtout à commencer par assurer les bases défensives. Résultat, pour le moment, l'équipe est plus préoccupée à bien défendre, rester organisée autour de son trio de milieux défensifs, qu'à vraiment se projeter vers l'avant. Et la qualité du jeu en pâtit forcément. Avantage Montpellier dans ce secteur...
Les statistiques : avantage Paris
Leader, meilleure défense (19 buts encaissés contre 22 pour Montpellier), moins grand nombre de défaites (3, avec Lille, contre 4 pour le MHSC), meilleure équipe à l'extérieur, Paris bénéficie de statistiques plutôt favorables. Même si le club de la Paillade peut se targuer d'être la meilleure attaque, la meilleure formation à domicile et posséder en son sein le meilleur buteur du championnat (Giroud avec 16 buts contre 10 pour Nenê et Gameiro). Difficile de départager les deux formations mais le classement joue de rôle arbitraire et avec un point d'avance, Paris part vainqueur...
Au vu de sa dynamique du moment (7 victoires consécutives toutes compétitions confondues), il faut dire néanmoins que Montpellier semble sur un nuage. Mais attention à ne pas oublier les performances en déplacement du club héraultais. En 2012 en Ligue 1, le MHSC ne s'est déplacé qu'à Nice, pour un succès acquis à la dernière minute (0-1). Mais lors de la première partie de saison, les coéquipiers de Giroud ont parfois souffert comme l'attestent les deux revers enregistrés en décembre (à Valenciennes, 1-0, à Evian, 4-2), sans la manière. Lors des chocs, fortunes diverses avec des résultats enregistrés qui s'opposent avec le jeu pratiqué. Quand le hold-up a été évoqué lors de la victoire à Lille (0-1), le gros match de Lloris a davantage été mis en exergue pour expliquer la défaite à Lyon (2-1), lors du mois d'aout dernier. On n'oubliera pas également le nul miraculeux acquis à Bordeaux (2-2), après avoir été mené 2-0 jusqu'à la... 88eme minute.
La pression
Elle pourrait rejoindre l'expérience mais on parlera cette fois-ci de l'approche de la rencontre. Une approche parfois difficile à appréhender pour des jeunes éléments. Cependant, la pression est évidemment différente que l'on soit à Paris ou à Montpellier. Et les médias ne se sont pas gênés pour diviser les deux camps. On pourrait presque parler de clivage Paris-Province tant les observateurs semblent vouloir voir à tout prix tomber le PSG Qatari. Les commentaires ont ainsi été étonnamment élogieux en faveur de Montpellier, déclaré favori par pas mal de consultants télé jusqu'à en étonner même le président Louis Nicollin.
Un point également important, c'est la faculté des joueurs à ne pas jouer le match dans leurs têtes avant. Et là, les hommes du président Nicollin ont interpellé en parlant de ce match bien avant les Parisiens, allant même jusqu'à l'évoquer trois semaines auparavant. Pendant que les Franciliens se sont concentrés à chaque fois sur leur prochain adversaire sans se soucier de leur dauphin, à l'image de cette déclaration devenue célèbre de Salvatore Sirigu à la mi-temps du dernier PSG-Evian : "Je m'en fous de Montpellier". Nul doute que cette fois-ci, le portier italien sera bien concerné par cette équipe. Et voudra à tout prix déconcerter le meilleur buteur du championnat, Giroud, véritable bourreau des Parisiens (depuis son arrivée, il a inscrit 3 buts face au PSG en 2011, un qui a éliminé le club en demi-finale de Coupe de la Ligue et deux autres qui ont permis à Montpellier de revenir de 2-0 à 2-2).
En somme, la pression penche donc du côté parisien qui va devoir assumer son statut de 1er budget de France (ex-aequo avec l'OL) et de gros club en devenir. Dans sa position de poursuivant, Montpellier n'a rien à perdre. Ou plutôt tout à gagner...