Fluctuat nec mergiture...Flotte mais ne coule pas !!! Tel est la devise de la ville de Paris. Si le bateau parisien et son équipage ont subit quelques grosses avaries sans jamais sombrer, le capitaine Graille, lui, a été jeté par-dessus bord par l'armateur Méheut . Graille a bu la tasse...et Canal + a déjà nommé son remplaçant afin de rétablir la ligne de flottaison. Et la surprise est de taille...le prochain président délégué sera Pierre Blayau.
Un parcours professionnel...mitigé
Afin que vous compreniez mieux le mobile de cette nomination, il convient de restituer de manière fidèle le parcours de ce trouble personnage.
Pierre Blayau naît le 14 décembre 1950 à Rennes. Ses brillantes études lui permettent d'intégrer la prestigieuse Ecole Nationale d'Administration (ENA). Sur recommandation il travaille successivement pour l'entreprise Saint Gobain de 1982 à 1993, puis le Groupe Pinault-Printemps-Redoute (PPR) a partir de 1993 et enfin la FNAC.
C'est en 1996 qu'il se voit confié le poste de PDG de Moulinex. L'entreprise française d'électroménager doit faire face à la concurrence asiatique et à des centaines de millions d'euros de passif. Face a cette situation difficile il met en place un plan de restructuration drastique provoquant la fermeture de plusieurs usines et abaissant au maximum du possible les couts salariaux. Résultats ?...Suppression d'environ 5000 postes. L'arrivée d'investisseurs italiens en 2000 le poussera vers la sortie avec un golden parachute estimé a près de...2 millions d'euros.
Un passif et un présent judiciaire
Les conditions obscures de mise en faillite puis de liquidation du groupe français pousseront la justice à ouvrir une enquête. Le parquet de Nanterre diligentera une instruction sur l'ensemble de la direction de l'époque et mettra en examen Blayau pour « abus de biens sociaux, banqueroute par l'emploi de moyens ruineux, présentation de faux bilans, complicité et recel »....tout un programme !
Pierre Blayau n'en était cependant pas à sa première fréquentation avec la justice. Il fut accusé, dans le cadre d'une affaire de financement du Parti Socialiste et du Parti républicain des années 1985 à 1988, de trafic d'influence pour avoir versé 4,4 millions de francs de commissions afin d'obtenir un marché d'adduction d'eau à Nantes. Cependant la cour d'appel de Rennes jugea que ces faits étaient couverts par la loi d'amnistie du 20 juillet 1988. Heureux homme !
Un politicien du football français
Pierre Blayau n'en ait pas moins un passionné de football. Il soutiendra successivement l'AS Nancy Lorraine lors de son passage à Saint Gobain puis le Stade rennais lorsqu'il intégrera le groupe PPR. Enfin il fera parti du comité d'organisation de la coupe du monde en 1998.
C'est lors de son passage comme président du Stade Rennais et comme membre de la ligue qu'il se fera connaître des amateurs du ballon rond.
Il sera donc propulsé président du Stade rennais par François Pinault de 1998 à 2000. La première saison fut une réussite au niveau sportif. Son équipe emmenée par...Paul le Guen terminera cinquième du championnat suite à un recrutement judicieux : Nonda, Arribagé, Revault, Sommeil. Sa deuxième et dernière saison à la tête du club fut en revanche plus délicate, le club se classera 13ème...à un point de la relégation. Pierre Blayau quitte le stade rennais sur un demi-succès.
Cette expérience à la tête d'un club lui permis d'intégrer les instances dirigeantes du football français. Il est ainsi élu au Conseil d'administration de la ligue dont il démissionnera en décembre 2001 afin de se porter candidat à la succession de Gérard Bourgoin comme président. Dans Le Monde datant du 14 mars 2001 il n'hésitera pas a s'opposer au vice-président Jean-Michel Aulas, « son action a abouti a une catastrophe et au discrédit de la ligue » déclare t-il.
Actuellement trésorier général de la LFP et de nouveau membre du CA il se prononce dans le JDD du dimanche 9 mai 2004 pour une réforme du mode de fonctionnement du CA afin de donner plus de place aux clubs et pour un plafonnement du niveau de rémunération des joueurs. C'est-à-dire pour une rigueur économique plus importante.
Une erreur de casting ?
L'actuel PDG de Geodis, filiale de la SNCF, a donc été choisi par Canal + pour sa réputation de gestionnaire (sic), d'homme a poigne mais aussi pour ses compétences footballistiques (resic). Homme de défis il est considéré, au même titre que Graille lors de son arrivée, comme l'homme providentiel capable de redresser une entreprise en difficulté. Il devra faire passer définitivement les comptes du club dans le vert, définir une politique sportive efficace à plus ou moins long terme et régler une bonne fois pour toute le conflit avec les associations de supporters...qui l'attendent surement au tournant.
Il déclarait au Monde en 2004 après sa garde à vue de quelques jours n'avoir « jamais pensé que l'avenir de la société (ndrl : Moulinex) était irrémédiablement compromis »...avec la suite que l'on connais !!!
Bonne chance monsieur Blayau.
Article Ecrit par Mizukue
