Avez-vous envisagé de quitter le PSG ?
Oui. Mais, en même temps, je me suis toujours dit qu'il n'était pas possible que les dirigeants, le staff et les joueurs ne ressentent pas un malaise, il faut le soigner et c'est ce qui va être fait. En cours de saison, c'est difficile de virer certains joueurs et d'en prendre d'autres. Mais l'intersaison te permet de le faire. Si je n'avais pas la certitude que le club attendait les mêmes changements que moi, j'aurais demandé à ce qu'on respecte mon choix de partir. Il était hors de question de recommencer avec ce même groupe. J'ai trop souffert de certaines attitudes... Je ne pouvais pas m'entraîner à côté de certains mecs qui se foutent des problèmes qu'il peut y avoir.
Ca représente quelle proportion du groupe ?
Ce n'est pas une majorité, mais certains n'ont pas les mêmes ambitions. Quand on finit neuvième, et qu'on ne fait rien dans les Coupes, c'est le signe qu'on ne pouvait rien espérer de plus avec ce groupe. Tout ce qui s'est passé au niveau du club a nui au groupe, mais le problème essentiel, c'est un manque de qualité parmis les joueurs.
Quand, à certains moments, les joueurs disaient que l'atmosphère était devenue plus saine, cela revenait-il à se mentir ?
La cassure était si grosse que certains résultats étaient l'arbre qui cachait la forêt. Dès le stage d'avant-saison, des jalousies sont apparues... Ensuite, quand tu ne gagnes pas pendant un mois et demi, rien n'est en place pour que ça prenne. En plus, il y a eu pas mal d'arrivées et de départs et personne n'a trouvé sa place. Et quand les résultats en sont pas là, tu ne vois que le négatif. On essaie de rejeter la faute sur untel au lieu de raisonner collectivement. Quand je vois que des joueurs sont arrivés à s'insulter sur le terrain...
Avez-vous ressenti cette jalousie alors que vous avez justement un gros salaire ?
Oui. Les réflexions, on ne te les fait jamais en face. Elles te reviennent par la bande, mais on ne peut pas toujours se fier aux rumeurs. De la jalousie, il y en a dans tous les clubs, c'est une vérite du milieu. J'aime bien chambrer et peut-être que certains ont cru que j'arrivais en terrain conquis. En chambrant, j'ai peut-être commis des erreurs... que je ne commettrai plus. Par exemple, quand les joueurs parlaient de la finale de la Coupe de France, je leur disais "Arrêtez, parlez-moi plutôt de la finale de la Ligue des Champions". C'était pour rigoler, c'est seulement mon tempérament. Certains ont du penser que je me la racontais.
Y a-t-il eu un moment ou ça aurait pu basculer du bon côté ?
Quand vous jouez une qualification pour les huitièmes de finale de la C1 et qu'avant le match il y a des tensions sur la taupe... On était "à l'ouest". Là, je me suis rendu compte qu'il y avait un vrai problème. On n'était pas ambitieux. On a passé trop de temps, à chercher des excuses. Contre le CSKA Moscou (1-3), nous perdons chez nous, en faisant un match de merde et sans fonctionner comme une équipe.
Avez-vous des reproches à vous faire ?
J'ai ma part de responsabilités, même si j'ai longtemps été blessé. Je ne rejette pas la faute sur les anciens qui ont mal accueilli les nouveaux. Je ne chambrerai plus mes coéquipiers comme je l'ai fait en arrivant. Si je n'ai pas été accepté correctement, c'est aussi parce que j'ai fais des bêtises. Cela dit, j'ai toujours mouillé le maillot et j'ai montré que j'étais ambitieux.
Jeudi, vous avez donc obtenu de Pierre Blayau l'assainissement du vestiaire ?
Sans citer de noms, on était sur la même longueur d'onde. A croire que Laurent (Fournier) lui avait fait un bon rapport. Mais il ne suffit pas de retirer certains joueurs du vestiaire, il faut en recruter de nouveaux. Et là aussi, il a été clair.
Quels noms vous a-t-il promis ?
Ceux que vous conaissez et qui sont déjà sortis dans la presse (Santa Cruz, Dhorasoo, Rozehnal, Pandiani).
Comment allez-vous convaincre Vikash Dhorasoo de venir au PSG durant le stage de Metz ?
Je vais lui dire qu'on a un groupe formidable. (Rires) S'il veut revenir en France, le PSG est la meilleure solution.
Il n'y avait donc pas de rapprochement possible entre les clans ?
Non. Le fossé s'était creusé en début de saison. Quand un groupe explose, on ne peut plus colmater les brèches.
Jusqu'où est allée la dégradation des rapports ?
On se disait bonjour, on se serrait la main et c'est tout. Certains en énervaient d'autres, c'était impossible de se rapprocher.
Pourquoi José Pierre-Fanfan est-il aujourd'hui le plus visé par les critiques ?
Il était notre capitaine. Il a aussi été responsable sur pas mal de buts... Il n'a pas été plus responsable qu'un autre, mais c'est lui qui venait parler après les matches et ses déclarations ont été épluchées. Il en a pris plein la tête, mais il va prendre du recul. D'autres peuvent être capitaine.
Dont vous ?
Si tout le groupe me tend le brassard, je ne vais pas me dégonfler, mais on ne m'en a pas parlé. Je tenterai juste d'être un leader de terrain.
Interview publiée dans l'Equipe Papier du Mardi 31 Mai 2005.