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Leclub PSG : Cissé : "Devenir de vrais pros"

Publié le 15 Juin 2005 à 12h41 par ted75
Leclub  PSG : Cissé :
Auteur d'une saison ratée avec le Paris Saint-Germain, Edouard Cissé dresse un bilan sans équivoque de l'exercice 2004-2005. Le milieu de terrain de la capitale qui vient de resigner pour trois ans, espère voir le PSG redresser la barre dès cet été.

Que faut-il faire pour que le PSG réussisse une bonne saison l'an prochain ?

Edouard Cissé : Déjà, on a cette culture de compétiteur à cultiver et à pérenniser. Quand on perd un match ou que l'on fait match nul, on ne peut pas être satisfait. Quand je vois certains joueurs qui rigolaient sitôt un match terminé, je ne comprends pas... Et même dans les petits jeux, cela se retrouvait ! Et c'est ce que Laurent Fournier a vu en arrivant. Quand on perd un petit jeu, on doit avoir les boules. On doit haïr la défaite. Et quand on a la culture de la gagne, on se bat jusqu'à la fin. C'est le discours de Didier Deschamps ou Paul Le Guen. Et ce sont des entraîneurs qui réussissent. Je ne vois pas pourquoi à Paris, cela ne pourrait pas marcher.

C'est d'ailleurs Didier Deschamps qui vous a inculqué cette culture lors de votre passage à Monaco...

Edouard Cissé : C'est effectivement ce qu'on a appris avec Jérôme Rothen à Monaco. Et Didier Deschamps, plus qu'aucun autre, a connu la gagne. Même lorsqu'il faisait un petit jeu avec nous, il n'aimait pas perdre. Et lorsque je suis revenu l'été dernier, j'étais outré de voir l'état d'esprit de la plupart des joueurs au mois d'aout lorsque l'on a pris un mauvais départ en championnat. Chacun vivait tranquillement. Il portait le maillot de Paris et ça leur suffisait. Je me suis peut-être mis en marge du groupe à ce moment-là. Il faut plus de vainqueurs, mais pas forcément des meilleurs joueurs. C'est juste une culture à avoir et ça peut transcender n'importe quel joueur. Après le match à Lyon (1-0) par exemple, j'ai discuté avec Paul Le Guen dans le vestiaire lyonnais, et tous les joueurs avaient une petite mine alors qu'ils savaient qu'ils allaient être champions. Je leur ai dit, «vous avez perdu quelqu'un ou quoi ?» Non, tout simplement, ils m'ont répondu qu'ils n'aimaient pas perdre. Sur le coup, il n'y avait pas de sourire dans le vestiaire.

«Le foot est un business»

Et c'est ce qui a manqué au PSG cette saison...

Edouard Cissé : Au bout d'un moment, lorsque l'on fait des erreurs, il faut assumer. Il ne faut pas rejeter la faute sur un autre. Et sur le terrain, on a fait pas mal de bêtises et je parle de tout le groupe. Après ce qui en ressort, c'est que lorsque tu es à Paris, tu dois être plus costaud que les autres, pas forcément meilleur footballeur, mais plus costaud mentalement parce que tu sais que tu as une pression différente. Quand tu commences le match, tu veux gagner et il faut que tu fasses tout pour y arriver, et peu importe la manière. Après les journalistes et les supporters aimeraient que l'on joue comme le Barça, que l'on ait la rigueur défensive du Milan, la réussite d'Arsenal et des stars comme le Real Madrid (rires) ! Ce n'est pas possible... Moi je dis souvent aux joueurs, il faut gagner, gagner même si on joue mal. Et à la fin, il n'y a que le résultat qui compte. Comme à l'époque d'Artur Jorge, où l'équipe gagnait souvent 1-0 sur un coup de pied arrêté à la 88e. Ils ont été champions de France de cette manière et à la fin on ne retient que les titres. Le football est un business où il faut gagner...

Et l'ambiance dans le vestiaire a parfois été pesante, notamment après la défaite face à Chelsea (0-3) au mois de septembre en Ligue des Champions...

Edouard Cissé : Il y a eu une réunion et on s'est dit les vérités. Maintenant, il y a certains joueurs qui n'aiment pas entendre les vérités en face. Certains ne se sentaient plus sous prétexte qu'ils avaient fait une bonne saison l'an dernier. Je n'ai pas compris (silence)... On les a placés sur un piédestal. Et ça dans le football de haut niveau, c'est inadmissible car tout est différent d'une saison à l'autre. La preuve, pour la plupart des joueurs qui flambaient l'année dernière, ce n'était pas le cas cette saison. Alors il faut baisser la tête et travailler autant si ce n'est plus qu'avant. Certains se sont crus arrivés. C'est tout ça qui a fait que lorsque les nouveaux sont arrivés l'été dernier, on a cru que l'on n'était pas au PSG mais au Real Madrid...

Même si vous étiez à Monaco l'an dernier, qu'est-ce qui a changé par rapport à la saison dernière ?

Edouard Cissé : L'année dernière, il y avait la grinta car les joueurs avaient des choses à prouver. Cette année, certains se sont dit, «on met le maillot de Paris et ça va suffire». Mais il faut toujours provoquer les choses et un statut, c'est fait pour être perturbé. Fabrice Pancrate a récemment déclaré «J'ai changé de statut et je ne comprends pas pourquoi je suis remplaçant !» Pour moi, c'est quand tu gagnes la Coupe du Monde que tu peux prétendre à changer de statut. Quand tu es un joueur du PSG, tu ne changes pas de statut. Et cela ne te confère pas une place de titulaire. Cela peut être mal interprété ce que j'ai dit, mais c'est vrai. C'est une déclaration qui n'a pas de sens. Comme le fait de dire «si lui il reste, je pars» ou «si je n'ai pas de garanties, je pars» ou «je veux partir» alors que la saison n'est pas encore terminée, je dis non. Modeste M'Bami a fait ce genre de déclaration, je trouve que ce n'est pas cool. Ce n'est pas la bonne période pour le dire. Il y a certains joueurs qui se croient plus importants que le club. Après, c'est peut-être aussi de la maladresse de la part de certains. C'est pour ça que je ne veux incriminer personne. Mais ce n'est pas parce qu'un joueur fait trois bons mois qu'il est en position de force. Ce n'est pas pour cela que son contrat va être prolongé ou réévalué pour atteindre les salaires des Galactiques.

Vous n'aviez pourtant pas le même discours il y a quelques années ?

Edouard Cissé : J'ai un discours de sage parce que j'ai 27 ans mais j'ai été dans le même cas que la plupart des joueurs. Beaucoup de joueurs se sont manifestés maladroitement mais le groupe a un bon fond. Après, c'est juste une culture à instaurer. Il faut simplement apprendre à certains joueurs à devenir de vrais professionnels. Il faut avant tout penser au jeu et à être solidaire pour aider l'équipe à avancer.

Pour conclure, comment avez-vous vécu cette pression médiatique autour du PSG durant toute cette saison ?

Edouard Cissé : C'est souvent la presse qui est indirectement à la source de certains problèmes, notamment sur la notation des joueurs après chaque match. Pendant six mois, lorsque l'équipe était à la ramasse, il y a des joueurs qui ont réussi à avoir des meilleurs notes que les autres. Pour moi tu ne peux pas mettre une super note à un joueur qui est dans la panade avec son équipe. La plupart des joueurs regardent leur note et même si l'équipe a perdu, si sa note est de 6 par exemple, et bien il va penser que les gens vont dire qu'il a fait un bon match. Ce n'est pas l'esprit d'équipe. Et en plus ce système de notation est complètement aléatoire. Par exemple après la demi-finale retour de Ligue des Champions, PSV Eindhoven-Milan AC (3-1), Ambrosini marque le but qui envoie le Milan AC en finale. En France, on lui a mis 4,5 dans la presse le lendemain, alors qu'en Italie, dans la bible du foot, la Gazetta dello Sport, il a eu 7,5 et a été élu meilleur homme du match ! Il n'a peut-être pas été bon mais il a été là pour marquer...

Par Frédéric Coudrais, Sport24.com

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