Le retour à River
Plus ou moins contraint de retourner en Argentine, Marcelo Gallardo rejoint son club de cœur qui se veut ambitieux en cette deuxième partie d'année 2003, en témoigne son recrutement : retour de Gallardo donc mais également retour d'une autre ancienne gloire du club, Marcelo Salas, d'Eduardo Tuzzio connu chez nous pour son passage (manqué) à Marseille, et les arrivées de Nelson Vivas et de Daniel Montenegro, passé aussi par la France et qui a éclaté à Independiente. Mais le tournoi d'Ouverture 2003 se passe mal pour River - positionné en milieu de classement - et pour Gallardo, qui ne participe qu'à une seule rencontre de cet Apertura. En effet, il se blesse malheureusement le jour de ses retrouvailles avec le Monumental le 17 aout 2003 lors de la 3ème journée du tournoi contre Newell's. Une véritable ovation lui est dédiée lorsque son nom sort de la bouche du speaker. Il en est de même lorsqu'il part s'échauffer et enfin encore davantage lorsqu'il rentre à la mi-temps à la place d'un Montenegro décevant. Les « Muñeeeco, Muñeeeco... » ne cessent de résonner aux quatre coins du stade. Il ne lui faut pas plus de 5 minutes pour en montrer plus que Montenegro en 45 : tirs, précisions des passes, combinaisons avec son vieux compère Salas, le Monumental reprend espoir en voyant « sa poupée » sur le rectangle vert alors que son équipe est menée 1 à 0. Mais ça ne durera pas : à la 27ème minute de cette seconde période, à la lutte pour un ballon, il se blesse. Diagnostic : distension du ligament latéral interne de son genou droit et une durée d'indisponibilité avoisinant les six semaines. Ne voulant pas précipiter son retour comme il l'a fait précédemment et le tournoi étant d'ores et déjà raté, il ne foulera plus les pelouses durant le tournoi, laissant notamment place aux jeunes pour les toutes dernières parties de championnat de l'année afin qu'ils découvrent le haut niveau. Il participe par contre aux 4 dernières rencontres de la Copa Sudamericana : les deux matches des demi-finales et les deux de la finale. Malheureusement pour lui, River Plate s'incline en finale face aux Péruviens de Cienciano. Lors de ce parcours, il inscrit deux buts et est nommé deux fois meilleur homme du match de son équipe, notamment lors du match décisif de la finale retour malheureusement perdu.
2004 est une bien meilleure année pour River Plate et Gallardo, capitaine. Les recrues de la mi-saison 2003 sont désormais remises de leurs pépins physiques ou simplement mieux adaptées et avec l'avènement de certains jeunes du centre de formation, River dispose d'une force de frappe offensive impressionnante : Salas, Cavenaghi, Maxi Lopez, Sand, Cuevas, Montenegro et donc Gallardo. Le numéro 31 (le 10 étant encore occupé par Montenegro pour six mois), après un tout début de saison une nouvelle fois perturbé par un pépin physique, réalise un bon tournoi de clôture 2004 avec 14 matches joués et 4 buts marqués. Avec son meneur de jeu en pleine possession de ses moyens, River remporte ce tournoi. L'Apertura est moins bon puisque River termine 3ème. Comme par hasard, Gallardo, qui porte de nouveau le numéro 10 après les intermèdes d'Aimar, de D'Alessandro et de Montenegro, avait manqué les cinq premiers matches de la saison. A croire qu'il y a une « Gallardo-dépendance ». Dans le même temps, les Millonarios réalisent un bon parcours en Libertadores, coupe qu'a promis de ramener Gallardo à son club dès son retour. Malheureusement pour eux, ils se font battre en demi-finale par « l'ennemi héréditaire » Boca Juniors aux tirs aux buts, match au cours duquel Gallardo se fait expulser.
2005 est une bonne année pour Gallardo malgré les difficultés de son équipe, classée en milieu de tableau lors du tournoi Clausura 2005 et seulement 6ème lors de l'Apertura. Tellement bonne que son nom revient avec insistance dans les sélectionnés possibles eu vue des derniers matches des éliminatoires à la Coupe du Monde 2006. Lors des deux tournois de cette année 2005, il se mue même assez souvent en buteur : 12 buts inscrits en 24 matches. Débarrassé de ses pépins physiques, on retrouve un Gallardo à son top, à un niveau sensiblement égal à celui qu'il avait en 1997. Il termine neuf fois homme du match de son équipe en 2005 ! Le parcours de River en Libertadores ressemble malheureusement à celui de la saison dernière avec une élimination en demi-finale, face à Sao Paulo cette fois ci. Lors de parcours, le petit meneur de jeu met 3 buts en 8 matches et est nommé deux fois homme du match. La fin 2005 est toutefois marquée par les prémices d'un conflit entre plusieurs joueurs de River, Gallardo en tête, et leur entraîneur, Reinaldo Merlo, pour des divergences tactiques. Il débouche sur la démission du Merlo en début d'année 2006, départ qui sera mis sur le dos du numéro 10 et capitaine de River.
2006 marque donc le retour de Passarella, mentor de Gallardo. A part une petite blessure au genou qui lui fait rater 3 matches en début de Clausura, il est toujours dans une forme correcte en ce début d'année, même si moins impressionnante qu'en 2005. River termine le tournoi de clôture 3ème et finissant en roue libre, fait prendre de l'expérience aux jeunes (les Higuain par exemple). Ainsi Gallardo ne participe qu'à 9 matches dans ce tournoi, pour 4 buts marqués. Il est nommé à trois reprises meilleur joueur de son équipe. Le tournoi d'ouverture est un peu de la même veine : River termine une nouvelle fois à la troisième place. Durant ce tournoi, Gallardo passe un été difficile. L'élimination en Libertadores en quarts de finale face à Libertad lui est mise sur le dos, puisqu'il s'y fait expulser. Il aura joué 9 matches et inscrit 2 buts dans ce parcours. Un peu plus d'un mois plus tard, il se fait de nouveau expulser, cette fois-ci en championnat lors d'un match classique en Argentine : Racing contre River. Le capitaine de River qui craque face au Racing, entraîné par celui « que Gallardo a fait virer » selon l'opinion publique, il n'en fallait pas plus pour que les médias en fassent leurs Unes. Cette double expulsion lors de ces deux matches importants fait quelque peu baisser la cote de l'idole chez certains (jeunes) supporters. Durant sa suspension, Passarella met en place un 4-4-2 sans meneur de jeu, avec deux joueurs sur les côtés et un Belluschi en position de « deuxième récupérateur-créateur », sorte de relayeur, rôle que Gallardo ne peut pas assurer, n'étant pas assez efficace à la récupération. Ce système tactique fonctionne et sera reconduit 4 ou 5 fois, notamment lors du Clasico face à Boca, avec un Belluschi dans tous les bons coups. Pour réintégrer Gallardo, le Kaiser remet en place son milieu en losange, avec Gallardo à sa pointe derrière les deux attaquants, ce dernier ne pouvant pas donner satisfaction à une autre position selon lui. Il fait une bonne fin de saison, tournant dans ce tournoi à la moyenne de 6.27 (note de 0 à 10) selon le grand quotidien Olé, ce qui est une bonne moyenne au vu des notations. Mais dans le même temps, Belluschi, nouvelle pièce maîtresse de River, joue un peu moins bien. Le raisonnement est tout trouvé : River et son nouvel élément moteur (Belluschi donc) joue mieux lorsque Gallardo n'est pas là. Passarella souhaite donc remettre en place un système en 4-4-2 avec Belluschi en relayeur en 2007. Pas de place de titulaire pour Gallardo, celui-ci va donc répondre par l'affirmative à l'offre du PSG.
Pendant son retour au bercail, Gallardo a joué 109 matches et mis 35 buts. Il a remporté un tournoi de clôture (2004). Blessé dès son retour, il retrouve peu à peu son meilleur niveau, notamment en 2005 où son nom revient dans les petits papiers du sélectionneur. Son année 2006 est bonne sur le terrain mais moins en dehors où l'on lui reproche ses deux expulsions coup sur coup lors de matches importants et son différend avec son entraîneur d'alors : Reinaldo Merlo. Contrairement à certaines idées reçues, il arrive au PSG en bonne condition physique.
Depuis ses 17 ans, Gallardo n'a jamais laissé personne insensible. Pouvant être aimé pour ses arabesques balle aux pieds ou au contraire détesté pour son attitude provocatrice, son CV parle tout de même pour lui. Sélectionné à 44 reprises avec l'Argentine malgré la concurrence des Veron, Ortega, Riquelme ou autres Aimar, participant à deux Coupes du Monde, vainqueur de 6 championnats argentins, d'un championnat de France, d'une Copa Libertadores, d'une SuperCopa et élu meilleur joueur du championnat argentin en 97 (après avoir été élu meilleur jeune en 94) et du championnat français en 2000, son palmarès peut être envié par de nombreux joueurs. Malgré cela, au vu de son talent et de son envie à chaque fois démontrée sur le terrain, on ne peut s'empêcher de regretter qu'il n'ait pas été encore plus haut. Il n'a par exemple pu que très peu s'exprimer en Ligue des Champions, n'a pas évolué dans un des tous grands clubs européens et même simplement dans l'un des trois grands championnats, contrairement à bon nombre de ses compatriotes. En raison de blessures (notamment juste avant les deux Coupes du Monde) et d'une mauvaise réputation au niveau du caractère, il n'a pu monter au sommet, là où pouvait l'emmener son talent pur. Un dernier défi l'attend au PSG et c'est loin d'être le plus facile. Mais comme il le dit si bien : "J'aime les défis."