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Leclub PSG : Club : Bazin - "Trop de chefs dans la cuisine"

Publié le 05 Avril 2007 à 12h38 par Ludovic FRANCISCO
Alain Cayzac et Paul Le Guen seront maintenus dans leur fonction, quoi qu'il arrive en fin de saison. Moins d'argent sera dépensé dans le futur pour le club, qui va devoir se séparer d'une partie de son personnel. Trop d'erreurs ont été commises ces derniers mois et elles ne doivent plus se reproduire. C'est en substance ce que déclare Sébastien Bazin, représentant en Europe de Colony Capital, dans un entretien choc paru ce jeudi dans "L'Equipe".
Alors que se profile en juin une augmentation du capital du PSG de 30 millions d'euros, Sébastien Bazin, directeur Europe de Colony Capital s'affirme, dans une interview parue jeudi dans "L'Equipe", comme le nouvel homme fort de l'actionnariat parisien. Président de la holding Sports Événements (qui détient 100 % du capital du PSG) depuis son arrivée, Sébastien Bazin veut aujourd'hui passer à un stade supérieur, en prenant plusieurs décisions fortes : confirmant Alain Cayzac à la présidence du PSG, il entend pratiquer une politique moins dispendieuse, ce qui se traduira à coup sur dans les semaines à venir par des licenciements et des non-renouvellements de contrats ; il souhaite par ailleurs gommer les divergences entre actionnaires (Colony Capital, qu'il représente, Walter Butler Partners et Morgan Stanley, qui ont investi à parts égales), à commencer par celles apparues ces dernières semaines entre lui et Walter Butler.

"En phase sur les investissements majeurs et les choix stratégiques, les deux actionnaires les plus actifs ont néanmoins fini par s'opposer sur le management d'Alain Cayzac, a écrit jeudi Jérôme Touboul dans "L'Equipe". Pour Bazin, le président du PSG reste l'homme de la situation, notamment parce que son attachement notoire au club a pu contribuer à apaiser le dossier brulant des supporters. Pour Butler, le bilan de Cayzac, qui pourrait être le dirigeant de la relégation en L2, mérite réflexion sur l'opportunité ou pas de le maintenir en place." Selon toute vraisemblance, Sébastien Bazin a fini par convaincre les actionnaires de conserver Alain Cayzac à la tête du club.

"On a tous cru que Paris serait dans les cinq premiers"
Sur la saison du PSG, actuel 17e du Championnat, l'homme de 43 ans livre un avis sans surprise : "Elle est plus que décevante. Le classement actuel ne correspond à l'ambition du début de saison. Mais on a connu beaucoup de vicissitudes, de difficultés que personne ne pouvait prévoir. Alain Cayzac y a fait largement face, ainsi que les actionnaires. On a recommencé une saison début janvier avec le nouvel entraîneur et le mercato d'hiver." Une année riche en enseignements pour ce propriétaire de vignoble, qui déclare, philosophe : "J'ai appris que l'on ne contrôlait pas tout à fait son destin... Je fais le parallèle avec un vignoble. Il y des années avec de la grêle, des vendanges pas bonnes... Mais le terroir reste le même. Pour ceux qui s'en donnent les moyens et le temps, vous avez des très bonnes années et d'autres décevantes."

Après avoir mis l'accent il y a quelques jours sur le paradoxe du PSG (deuxième masse salariale de Ligue 1 et en queue de peloton au classement), qualifiant cette situation "d'une absurdité incroyable", Bazin revient sur le sens qu'il avait alors voulu donner à l'épithète : "C'est absurde parce qu'on ne l'avait pas envisagé. On a tous cru que le PSG serait dans les cinq premiers. C'est le rang qu'il ne devrait pas quitter. Je pense toujours qu'avec la qualité de ses joueurs, le PSG peut parfaitement être dans les cinq premiers de ce Championnat." Bazin cite plusieurs éléments ayant concouru à ce que ces exigences ne se réalisent pas : "Je voudrais juste avoir le bénéfice d'une saison complète avec Paul Le Guen, l'absence de drame qu'on a connu avec Tel-Aviv, le feuilleton Dhorasso... Il y a eu beaucoup de choses. Je ne cherche pas d'excuses, mais il arrive rarement que l'on ait tout ça à la fois."

"Même en cas de relégation, Alain Cayzac et Le Guen seront maintenus"
Interrogé sur la culpabilité supposée d'Alain Cayzac dans l'échec parisien, Bazin dédouane l'homme qu'il a participé à nommer à la présidence du PSG à son arrivée. "Est-ce la faute d'Alain Cayzac ? La réponse est non. Sans aucune équivoque. La question n'est pas de savoir qui a commis des erreurs. Il y a un club à défendre, un maintien en Ligue 1 à obtenir. Alain en est le responsable. Il a la légitimité et la capacité de le faire." Bazin défend ensuite la personnalité du président : "M. Butler est parfaitement confortable avec Alain Cayzac, Morgan Stanley aussi. Et moi, je l'ai choisi. Je suis là et il reste là. Il a la confiance de tout le monde."

Comme une confirmation de l'homme dans ses fonctions et un appel à se concentrer sur les objectifs à court terme, celui qui a participé au rachat en 2005 de Buffalo Grill veut clarifier la répartition du pouvoir au sein du club et parmi les actionnaires. "Il y a un patron dans cette boutique, c'est Alain Cayzac. Il a un conseil d'administration. Il doit rendre compte à une holding (HSE). Dans cette holding, il y a un président qui s'appelle Bazin. C'est moi. Ce matin, on a discuté avec Alain, Morgan Stanley et Butler pour ne pas répéter les erreurs commises depuis deux mois."

Ces affirmations sont également valables dans l'éventualité d'une descente du club en Ligue 2, du moins si on l'en croie : "Alain Cayzac restera président du PSG, même si le club descend." Mais concernant Paul Le Guen, Bazin rejette toute implication : "La tutelle de Paul s'appelle Alain Cayzac. Ce n'est certainement pas moi qui vais intervenir dans les choix des gens qui travaillent avec lui. Quand il l'a choisi, il a évidemment prévenu les actionnaires car il y avait un cout inhérent à son arrivée et au départ de Guy Lacombe. Mais c'est tout." Toutefois, il admet : "Il y a une énorme volonté de construire avec Paul Le Guen sur au moins cinq à sept ans. Ce ne sont pas les vicissitudes des dix derniers matchs ou une éventuelle descente en L2 qui provoqueraient le départ de Paul. Il n'y a aucune clause [dans son contrat] qui lui permette de partir en cas de relégation."

"Il va falloir changer les méthodes"
Sur le volet financier, Bazin reconnaît que, dans tous les cas de figure (maintien ou relégation), le PSG va perdre de l'argent à la fin de la saison, "une dizaine de millions d'euros", de son propre aveu. D'après lui, les moyens réunis cette année pour permettre au club de faire bonne figure en Championnat étaient largement suffisants. "Je ne suis pas sur que la saison que nous vivons soit un problème de moyens. Nous avons, on l'a vu, la deuxième masse salariale. Nous avons été le premier ou le deuxième recruteur net en fin de saison dernière en terme de montants dépensés. Les actionnaires n'ont serré la ceinture de personne."

Mais alors, trop d'argent a-t-il été dépensé en transferts et en salaires de joueurs ? En d'autres termes, le club doit-il réduire son train de vie ? "Non", répond l'intéressé avant de concéder : "Mais je suis certain qu'on ne peut pas faire fi de ce qui s'est passé depuis huit mois. J'espère que cette saison décevante va nous apprendre qu'il va falloir changer les méthodes." Et là Bazin aborde le délicat problème de l'administration du club : "Il faut avoir des liens plus directs entre la présidence et les différents cadres du PSG. Il y a trop de gens qui se superposent les uns aux autres. Il y a trop de chefs dans la cuisine. Je pense que pour Alain Cayzac et le monde extérieur, il faut que les gens voient bien où est la hiérarchie. La hiérarchie, c'est M. Cayzac et M. Bazin en tant que président de la holding. C'est tout. Nous avons été naïfs en multipliant les interventions des uns et des autres."

"Paris n'a pas besoin d'une politique de stars"
Mais la critique ne peut-elle pas être retournée contre les actionnaires, qu'on pourrait juger trop nombreux et nuisant en fin de compte à l'intérêt du club ? "Je ne crois pas, rétorque celui qui est chez Colony Capital depuis 1997. Ce qui s'est passé depuis le début de saison me laisse penser que Colony a bien fait de ne pas venir tout seul. Les actionnaires sont très différents, mais ils ont la même ambition : que le PSG redevienne un grand club. Il faut donc lui donner des moyens, qui ne sont pas seulement financiers. Si on peut rester à parité, je préfère. On a commencé ensemble, je voudrais qu'on finisse ensemble." L'homme d'affaire concède toutefois, incluant par là même les autres actionnaires, avoir un défaut : "Aucun d'entre nous n'a une histoire dans le football. On n'a pas le recul, les repères nécessaires que d'autres auraient pu avoir dans des circonstances pareilles.

Pour la saison prochaine, Bazin reste pour le moment des plus évasifs en ce qui concerne les investissements à réaliser pour monter une équipe compétitive : "C'est à Alain et Paul de nous dire combien ils ont besoin. Je ne connais pas encore le chiffre. On décidera quand on le connaîtra, car il n'y a pas de chèque en blanc", allusion évidemment aux affaires qui ont émaillé l'histoire du PSG lorsque Canal + était actionnaire. Toutefois, il avoue : "Si on me dit, il faut acheter un joueur plus de 20 M€, je crains que nous renoncions... En France, on ne peut pas se permettre de payer un joueur 20 M€." Un renoncement à la politique de stars, initiée et développée par Canal + pendant de longues années ? "Je ne suis pas sur que Paris ait besoin de cette politique là. Dans le passé, on a vu ce que ça a donné... Quand Paul Le Guen est arrivé en janvier, cette position lui a été exprimée. Il l'a acceptée."

Soupçonné selon la rumeur de vouloir racheter les parts des autres actionnaires et de monter en puissance dans le capital du club, le représentant de Colony Capital est catégorique : "C'est non." Pour le prouver, il révèle une information importante : "Ce matin, il a été suggéré que chacun participerait à la prochaine augmentation de capital, probablement à parité."

"Nous n'avons pas encore entièrement remboursé Canal +"
Cette augmentation de capital, évoquée par Bazin, avait déjà été promise l'année dernière, et tout devait s'achever avant le 31 décembre. Pourquoi cela n'a-t-il pas encore eu lieu ? "Si elle ne s'est pas faite, ce n'est pas par manque d'intérêt des investisseurs. Il y a des gens qui souhaiteraient acheter l'intégralité du PSG, d'autres qui voudraient concourir dans une augmentation de capital... En décembre, il y avait largement de quoi remplir les 30 millions demandés. Mais on mis un frein début janvier au moment de l'affaire de Tel-Aviv. Ce n'était franchement pas le moment de faire rentrer d'autres gens en diversifiant le tour de table. Mais aujourd'hui, on a toujours besoin de ces 30 millions, peut-être d'ailleurs d'un peu plus." Il s'avance : "Je pense que les trois actionnaires participeront."

Pourquoi pas de nouveaux actionnaires, pour favoriser et accélérer l'augmentation de capital ? Bazin balaie cette hypothèse de la main : "Je ne suis toujours pas sur que ce soit une bonne chose de faire rentrer des gens extérieurs. L'augmentation de capital va probablement se faire avec les trois actionnaires actuels." C'est pourquoi, selon Bazin, Alain Cayzac entrera lui aussi dans le capital d'ici la fin juin. Toutefois, "Ce n'est pas très significatif", ajoute-t-il. L'entrée en bourse du PSG ne l'intéresse pas. "Je n'y suis pas favorable. La Bourse me paraît trop aléatoire et liée aux résultats sportifs."

Les chiffres qui circulent en ce moment, tendant à revoir fortement à la baisse la vente du PSG par Canal + (26 M€ au lieu de 41), ne perturbent pas M. Bazin, qui détaille la transaction effectuée l'an passé : "Il y a eu 26 M€ pour l'achat des titres et 15 M€ de remboursement de compte courant, c'est-à-dire la dette qui était liée à Canal+. Cela fait, selon les uns, 41 M€. Et, selon les autres, 26 M€." Une dérobade subtile qui n'explique toutefois pas pourquoi cette somme n'a pas été versée jusqu'à présent à la chaîne cryptée. L'homme n'en perd pas pour autant son latin : "En effet. Il y a quatre versements annuels, au mois de juin. Le prix d'achat est payé en quatre annuités."

"Je veux voir chaque année le PSG en Ligue des Champions"
Faisant le bilan de son investissement dans le club, Bazin livre un jugement positif, qui inclut toutefois quelques regrets. "Je ne regrette pas d'avoir investi dans le PSG. Je n'ai pas de doutes, mais j'ai plus d'humilité maintenant qu'il y a un an. Je ne regrette pas ce choix. Je n'ai ni frustration ni amertume. Si c'était à refaire, je le referais. Je me dis juste que ce sera probablement plus long que je ne pensais." Il déplace ce sujet éminemment financier sur le terrain de la morale : "J'ai toujours la farouche volonté que l'image du PSG ne soit pas entachée de racisme, d'antisémitisme. Ça, je ne le supporte pas. A titre personnel et comme homme d'affaires. Et encore moins pour le PSG qui représente des Parisiens qui sont très différents les uns des autres."

Sur un plan plus strictement sportif, Bazin dévoile son ambition. Maniant brillamment la litote, il déclare : "Je ne vois pas pourquoi le PSG ne serait pas chaque année en Ligue des Champions." Alors que les rumeurs emmenaient le nouveau camp d'entraînement du PSG à Juvisy-sur-Orge, Bazin est formel : "Il sera à Saint-Germain en Laye. Le Camp des Loges sera rénové."
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