Titulaire cinq fois d'affilée au poste occupé depuis le début de la saison par Bernard Mendy, Youssuf Mulumbu a relevé sans coup férir le défi que lui a lancé Paul Le Guen. Du moins jusqu'à ce Toulouse-PSG, où ses difficultés patentes l'ont conduit sur la touche à la mi-temps. Samedi, face à Lyon, le jeune milieu défensif était de nouveau remplaçant. "Dans n'importe quel club, c'est toujours agréable de jouer, analyse avec discernement le joueur, auprès de nos confrères "But! Paris". Maintenant, c'est plus valorisant quand c'est au PSG. D'autant que faire confiance aux jeunes ici, ce n'est pas évident. Après, il faut travailler et rendre cette confiance. Il ne faut pas passer à côté des matchs comme je l'ai fait contre Toulouse."
"Je vais discuter de ma position avec Paul Le Guen"
Milieu défensif de formation, Mulumbu appréhende le poste qu'il occupe actuellement de façon moins timorée qu'auparavant : "Disons que les deux premiers matchs m'ont permis de m'adapter. Avant, j'essayais surtout de m'aligner aux autres défenseurs. A présent, je ne me focalise plus trop sur la position. Depuis, pour moi, le plus important, c'est d'être à 100 %, d'être lucide sur mes relances et dans mes propres interceptions."
Tiraillé entre son envie de jouer en toute circonstance et le désir d'évoluer à son poste de prédilection, le jeune joueur voit dans une négociation avec Paul Le Guen le seul moyen de résoudre le choix cornélien qui s'offre à lui : "Je vais discuter de ma situation avec le coach dès que la situation du PSG sera plus claire. Je veux savoir ce qu'il veut faire de moi. Je ne sais pas s'il y aura des possibilités. Je demanderai s'il y a de la place pour jouer. Je veux également voir s'il recrutera."
En attendant, le joueur né à Kinshasa (République démocratique du Congo) pèse "le pour et le contre" : "J'ai encore beaucoup de choses à régler à ce poste. Pour moi, ce n'est pas forcément évident. Ce n'est pas en cinq matchs que l'on devient un véritable arrière droit de métier. D'un autre côté, j'aime bien être à la récupération et toucher un maximum de ballons. Je me sens mieux au milieu. Le problème est qu'il y a concurrence dans l'entrejeu. Il est difficile de s'y imposer."
"Peu de joueurs ont autant d'expérience que moi à mon âge"
Pisté par Manchester United, la Juventus Turin et Valence il y a quelques mois, Youssuf affirme que les sollicitations n'ont pas cessé tout en admettant que son contrat professionnel a quelque peu freiné les ardeurs des clubs étrangers : "Ils savent que c'est plus difficile depuis que je suis professionnel." Le joueur reste pour le moment dans l'expectative sur son avenir : "A vrai dire, je ne sais pas vraiment ce que je vais faire. Nous allons en discuter à tête reposée avec le coach et avec mon agent. C'est vraiment valorisant d'être suivi par de tels clubs. Cela dit, le plus important, c'est de jouer."
Titularisé à 18 reprises cette saison, Youssuf Mulumbu est entré en cours de jeu pour la première fois. Preuve que Paul Le Guen, tout en l'ayant remis sur le banc des remplaçants, compte toujours sur lui. Le joueur tire en tous cas un bilan très positif de l'année écoulée : "Pour ma première année en pro, je n'ai pas trop à me plaindre. Je vais bientôt atteindre les 20 matchs. J'ai aussi disputé trois rencontres de Coupe d'Europe. J'ai pu accumuler pas mal d'expérience. Peu de joueurs en ont autant à mon âge. J'en suis fier." Contrairement à son alter-ego Clément Chantôme, Youssuf Mulumbu n'a pas encore prolongé le contrat de trois ans qu'il a signé en novembre dernier. Loin de toute jalousie, il jète un regard lucide sur sa situation : "On ne m'a rien proposé. Mais ce n'est pas grave. Je ne suis pas pressé. Clément [Chantôme] le méritait par rapport à ses matchs. En plus, il est international Espoirs. Pour moi, tout reste à confirmer."
"J'espère être bientôt convoqué en Espoirs"
En effet, Youssuf Mulumbu n'a pour le moment pas réussi à convaincre René Girard, patron des Espoirs. Ce qui semble gêné le joueur, visiblement désireux d'intégrer l'effectif des Bleuets : "A chaque fois, Clément [Chantôme] n'arrête pas de me répéter de ne pas m'inquiéter, que la prochaine fois, nous irons ensemble. Seulement, pour le moment, le sélectionneur ne fait pas appel à moi. Apparemment, je ne jouais pas assez. Maintenant, je suis titulaire. Alors j'espère pouvoir être convoqué en juin", regrette le joueur, avant de poursuivre, réaliste : "Je suis conscient que ce sera dur. Au poste d'arrière droit, il y a déjà Dabo [Saint-Etienne] et Larrys Mabiala [PSG]. Sinon, au milieu de terrain, c'est vraiment bouché. Entre Cabaye [Lille], Gourcuff [Milan AC], Coutadeur [Le Mans], Ricardo Faty [AS Rome] et Clément [PSG], ça fait du monde. Peut-être me manque-t-il quelque chose..."
L'intérêt que porte Mulumbu pour l'Equipe de France Espoirs ne semble pas aussi prononcé à l'égard de la sélection de la République démocratique du Congo, son pays natal. La faute à un manque de garanties financières et au niveau des Léopards, jugé trop faible par le joueur : "Si un jour je dois rejoindre une équipe nationale, ce sera pour progresser et jouer contre des internationaux confirmés. Dans cette perspective, l'équipe de France est plus intéressante. Rien qu'au niveau de l'organisation. Je ne me vois pas aller jouer dans un pays où il n'y a pas assez de garanties. C'est la raison pour laquelle je préfère pour le moment viser les Espoirs français. On verra ensuite quand j'aurai 23 ou 24 ans."
"Kalou saura rebondir, ici ou ailleurs"
Quoi qu'il en soit, en France, le regard sur le joueur a changé. "Et c'est normal, rétorque l'intéressé. En peu de temps, je suis passé d'un statut d'amateur à celui de quasi titulaire au PSG. Les gens me reconnaissent de plus en plus dans la rue, concède-t-il avant de se raviser : "A moi de garder la tête sur les épaules. C'est ce qu'il y a de plus dur aujourd'hui dans le foot. Mais je pense que ça ira. J'ai un mental de gagneur. Mon mot d'ordre, c'est le travail. Après, on verra. En tout cas, dans la vie quotidienne, j'ai les mêmes habitudes. Je suis resté comme j'étais."
Apprécié dans le vestiaire, Mulumbu fait en quelque sorte figure de protégé parmi ses coéquipiers, ainsi qu'il le confirme : "C'est à cause de mon caractère. Je parle beaucoup. Je chambre. Même si je suis jeune, je discute avec tous les joueurs. Pour moi, il n'y a pas de différence entre la saison dernière quand j'étais avec les amateurs et cette année. Je suis très bien dans le groupe. Dès le début, j'ai été adopté et je me suis bien adapté. Pour moi, c'était d'autant plus facile que le groupe vit bien. A partir de là, je ne pouvais pas avoir de soucis." De tous les joueurs, Mulumbu se sent particulièrement proche de Bonaventure Kalou. "Tout nous rapproche. C'est un peu mon grand frère. Il m'a vraiment aidé à m'adapter dans le groupe. C'est vraiment avec lui que j'ai le plus d'affinités. Je me confie plus facilement à lui qu'à un autre joueur. Je suis un peu triste pour lui qu'il ne joue pas. C'est un joueur confirmé. Mais même si ça ne va pas aujourd'hui, je sais qu'il saura rebondir, ici ou ailleurs. Tout dépendra de lui. Avec la qualité qu'il a, c'est tout à fait normal de le voir titulaire au PSG ou dans un grand club la saison prochaine."
