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PSG : Exclu - Interview de Philippe Bergeroo (2ème partie)

Publié le 15 Avril 2020 à 12h50 par Ted75
Panoramic
Ancien entraîneur du PSG entre mars 1999 et décembre 2000, Philippe Bergeroo a eu l'extrême gentillesse d'accorder une interview à PlanètePSG. Deuxième partie de l'entretien lors de laquelle il évoque notamment les joueurs qui l'ont lâché dans le groupe.
PlanètePSG - Lors de la saison 1999-2000, le PSG réalise une superbe saison (2eme du championnat). Comment expliquez-vous ce redressement ?
Philippe Bergeroo
: J'ai mis en place ma méthode. J'ai eu la chance dans ma carrière de joueur d'avoir rencontré José Arribas qui avait la fibre nantaise. A chaque entraînement, je récupérais ses séances pour chez moi. C'était la méthode Arribas, Suaudeau, Denoueix. Je faisais beaucoup de travail sur les automatismes, sur les schémas, pour surprendre les adversaires. Les gars étaient disciplinés à leur poste, on jouait, on prenait des risques.



Cette année-là, je repositionne Jay-Jay Okocha plus bas. Devant, je trouvais qu'il n'était pas excellent dans la dernière passe. En revanche, il avait un pied en or et excellait dans les transversales, les décalages dans le dos de la défense. De plus, sur les tests physiques, il était le meilleur. Donc je lui ai dit de jouer au milieu. Lui me répondait qu'il ne pouvait pas physiquement alors que je lui démontrais le contraire (rires). Je l'ai convaincu car c'était pour le bien de l'équipe. Et il a illuminé le jeu du PSG.

« Cette équipe brillait plus par ses sorties nocturnes que par son efficacité sur le terrain »


PlanètePSG – Point noir de cette saison, la finale de Coupe de la Ligue perdue face à Gueugnon (0-2). Avec cette histoire de primes qui a entraîné quelques tensions. Est-ce la raison de cet échec ?
Philippe Bergeroo
: Je ne suis pas là pour régler mes comptes mais cette équipe brillait plus par ses sorties nocturnes que par son efficacité sur le terrain. L'année d'après, j'ai d'ailleurs été obligé de prendre des sanctions contre certains joueurs et ces derniers me l'ont fait payer. Cette finale était en fait annonciatrice de la suite. Je ne la sentais pas. J'avais mis en garde mes joueurs en leur disant que cela allait être physique. Et mon équipe n'aimait pas l'impact physique à l'époque. Gueugnon a joué là-dessus.



PlanètePSG – Preuve de cet agacement à cette époque, vous poussez une colère noire à la mi-temps d'un match contre Montpellier dix jours plus tard, match important que l'équipe devait gagner pour garder sa deuxième place en championnat. Racontez-nous.
Philippe Bergeroo
: En fait, après une première période médiocre, à la mi-temps, je suis rentré dans le vestiaire et je leur ai dit de s'asseoir. J'ai saisi une bouteille d'eau et je l'ai balancé au-dessus de la tête des joueurs. Je leur ai dit qu'ils m'emmerdaient, que c'étaient des enfants gâtés. En repartant, j'ai rebalancé une deuxième bouteille. Bernard Lama est venu me voir à la fin du match et m'a avoué que les joueurs en tremblaient encore (rires).



PlanètePSG – La saison d'après, justement, est celle où tout va basculer dans le mauvais sens avec un recrutement clinquant mais au final peu de résultats. Comment l'expliquez-vous ?
Philippe Bergeroo
: Laurent Perpère était obligé de répondre aux demandes de Canal +, qui avait décidé de miser sur la génération banlieue. Ça a été un moment très compliqué. C'est là que les problèmes ont commencé à arriver. Les titulaires ne voulaient pas laisser leur place aux autres. Je me souviens que quand on avait perdu au Bayern (défaite 2-0), un joueur qui ne jouait pas sifflait sous la douche après la rencontre pour me montrer que c'était bien fait pour ma gueule. La mentalité avait terriblement changé dès que j'ai écarté certains joueurs. Mais j'ai pris mes responsabilités. C'est juste désagréable de faire la police.



Il y a aussi cet exemple à Toulouse où je mets mes meilleurs joueurs sur le banc (Ndlr : Anelka, Okocha). Les remplaçants me reprochent alors de leur faire jouer les matches amicaux. A la mi-temps, on perdait 2-1 et j'étais donc obligé de faire entrer Anelka et Okocha. On finit par gagner 3-2. C'était une gestion très compliquée.

« Les joueurs voulaient se faire le coach »


PlanètePSG – Après le match de Rosenborg (7-2), tout s'assombrit. Paris ne gagne plus un match. Usure mentale ?
Philippe Bergeroo
: Les joueurs ont lâché mentalement, ils voulaient se faire le coach. Anelka était blessé, il ne jouait plus. Et quand je suis viré, le lendemain, comme par miracle il s'entraîne avec Luis Fernandez. C'était ou Bergeroo ou Anelka dans l'histoire (rires). C'est comme ça. J'ai donné toute mon honnêteté, j'ai tout donné.

Et puis il y a ce match de Sedan (défaite 5-1). Je vais vous faire une confidence. Moi j'étais déjà au courant qu'ils allaient me lâcher. La veille, un ancien entraîneur du PSG m'a contacté. C'était Gérard Houllier. Il avait déjà l'info et il m'a dit « t'es mort, il faut que tu blindes le match ». Mais c'était déjà trop tard. Je retiens juste l'attitude de Lionel Letizi à la fin qui vient me voir et me dit "Philippe, je leur réglerai le compte à ces personnes".



Le match d'après mon limogeage en championnat, Paris gagne contre Metz (Ndlr : 1-0) et il y a deux gars qui parlent à la TV et me dédient la victoire. Et bien figurez-vous que ces deux gars, ce sont ceux-là qui m'ont trahi (rires) ! Après, je ne suis pas aigri. J'ai passé deux ans extraordinaires à Paris. J'ai écrit une belle page de mon livre au PSG. Quand je vois les supporters parisiens, ils viennent me voir, me remercient après autant de temps.

PlanètePSG – D'ailleurs, quelques années plus tard, il y a l'anecdote d'un de ces joueurs qui a passé ses diplômes d'entraîneur à Clairefontaine et vous êtes l'examinateur.
Philippe Bergeroo
: Oh oui. A la base, je ne voulais pas passer avec lui. C'étaient les oraux et il avait été très moyen. A la fin, je lui dis « Ta note, ce sera 4 ». L'autre est un peu gêné, s'excuse. Et après, je rectifie. Je lui balance : "Non, je te mets 12. Parce-que toi t'es un enfoiré et moi je ne le suis pas". Je ne suis pas rancunier. Et immédiatement après, je lui ai dit de s'en aller. Bon, il y a prescription maintenant.

PlanètePSG – Quels étaient vos rapports avec les journalistes ?
Philippe Bergeroo
: Les journalistes ne voulaient qu'une chose, c'était la composition d'équipe. Il y avait d'un côté L'Equipe et de l'autre Le Parisien. A l'Equipe, c'était Sébastien Tarrago. L'autre, je ne veux pas en parler. A Tarrago, je lui dis de regarder les séances d'entraînement. Et c'était simple. Car à chaque séance, je travaillais dans la largeur, dans la profondeur et dans la diagonale, c'était la méthode nantaise. Pour cela d'ailleurs que les gars avaient des automatismes.



Tarrago avait donc la composition d'équipe. Mais le Parisien a cru que je travaillais avec l'Equipe et pas avec eux. J'ai donc été critiqué par ce journal avant ce fameux match de Rosenborg. Mais c'est surtout avec la personne du journal que j'ai un souci. Le matin même de Rosenborg, il m'encourageait à prendre ma démission en cas d'élimination en C1. Et après la victoire 7-2, ce même journaliste entre dans les vestiaires, me félicite et me dit que je suis l'invité du journal le lendemain. Là, je lui demande de se rapprocher et à l'oreille, je lui dis "tu vas te faire foutre". Ça plait ou ça ne plait pas mais au moins je suis droit.

Nous remercions vivement Philippe Bergeroo pour sa disponibilité et sa gentillesse. Retrouvez la dernière partie de l'entretien ce vendredi


Retrouvez la première partie de l'entretien :
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