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Supporters PSG : Une Saison Rouge et Bleue : Des fumis à Bordeaux

Publié le 29 Septembre 2007 à 22h37 par Arno P-E
Résumé des épisodes précédents : Adrien veut à tout prix récupérer le maillot collector que sa tante a vendu à F. Valloire, ancien salarié du PSG. Son ami Crijstôf a trouvé un stratagème investir le salon VIP, lors de PSG – Bordeaux, et rencontrer Valloire. Seul problème, pour cela il faut approcher le Parc avec une vingtaine de fumigènes...
Finding Valloire
(partie 1)


Adrien, mal assis devant la porte de sa rame bondée contempla pensivement son sac à dos pendant que les stations de métro de la ligne 9 défilaient. L'objet, la panse bien remplie, reposait sur ses genoux. Le bon sac du lycéen modèle, la besace que l'on aurait juré remplie de trousses, cahiers, livres et autres ustensiles indispensables à la survie en milieu scolaire... Sauf qu'en l'occurrence Adrien n'avait rien de la dégaine du bon élève se rendant en cours, et le contenu du sac aucun rapport avec ce qu'un lycéen doué de raison transporterait au bahut.

Sa casquette élimée sur la tête, un maillot du Paris SG de la saison passée floqué Kalou sur le dos (comme quoi on n'est pas tous bien inspirés lorsqu'il s'agit de répondre à une question pourtant simple, du genre « bon, je vous mets quel nom alors ?... »), Adrien avait sur le visage l'expression de celui qui prépare un mauvais coup, et que sa mauvaise conscience travaille.

Ne pas connaître dans son intégralité le plan censé l'amener au cœur du salon VIP, ça Adrien aurait pu le gérer... si justement il n'avait pas été mis au courant de la partie émergée de l'iceberg ! Et quelle partie : pour le faire rentrer dans les loges, l'opération mise sur pied nécessitait le craquage d'une bonne vingtaine de fumis aux abords immédiats du Parc des Princes. Fumigènes auxquels il faudrait donc bien faire franchir les cordons de police, par un moyen ou par un autre. D'où le sac du gentil écolier, et la vague inquiétude.

Assis sur le strapontin d'en face, qui était lui aussi en simili skaï, et probablement lui aussi barbouillé par ce que la première étude clinique venue authentifierait comme étant l'urine d'on ne sait combien d'êtres humains, Crijstôf paraissait bien plus détendu que son compère. Le fait que lui ne transportât pas de sac avant d'approcher du stade y était sans doute pour beaucoup...

La rame stoppa à Exelmans, et les deux acolytes rentrèrent les genoux pour laisser passer le flot d'usagers de la RATP sans avoir à se lever. Tordant le cou pour apercevoir Adrien serrant toujours son sac contre sa poitrine, Crijstôf tenta de réchauffer l'atmosphère.
- Mais ne t'inquiète pas, j'ai tout prévu... Ca va bien se passer cette histoire de fumigènes ! Tu vas le rencontrer ton François Valloire. Et ce soir, tu auras retrouvé ton maillot !

Dans un sursaut, la voisine d'Adrien, piercée de partout retira les écouteurs de son baladeur, puis les tapota d'un index verni de noir, une expression inquiète assombrissant ses beaux yeux déjà largement cerclés de khôl. Après les avoir longuement inspectés, puis s'être livrée à divers tests de volume, les approchant prudemment de ses tympans, la gothique entreprit enfin de remettre en place ses écouteurs, sans réussir à s'expliquer la provenance de la stridulation qui lui avait vrillé le crâne.

- Ben voyons, répondit Adrien en palpant le tissu rebondi. Facile à dire, c'est pas toi qui porte tout ça avant de t'apprêter à franchir je ne sais combien de barrages de police !
- Arrrh acquiesça Crijstôf dans un crissement caractéristique de la langue tsergovine, faisant de nouveau bondir la jolie goth dans un petit cri de surprise. On en a déjà parlé, il fallait bien que l'un de nous deux le porte ce sac. Et puis tu passeras peut-être sans te faire fouiller après tout ?
Adrien ne réagit pas...
- Oh, et zut à la fin ! On a joué, et tu as perdu !
- Bravo, belle mentalité... On a choué et du a berdu, singea Adrien, désagréable. Evidemment que j'ai perdu, qui pouvait imaginer qu'Edouard Cissé ne marquerait pas contre l'OM en ligue des champions ? Normalement il leur claque un but par an, et là quand je parie sur lui, ce naze reste muet.
- Le monde se sépare en deux catégories : il y a ceux qui ont la classe, qui savent anticiper, et il y a ceux qui portent le sac devant les flics. Toi, tu portes le sac. C'est cruel, mais c'est comme ça...
Adrien jeta un regard noir au Tsergovien, pendant que sa voisine décidait de migrer à l'autre bout de la rame, jetant à Crijstôf un regard apeuré.
- Il se calme Sergio Leone, là ? Attends, mais même Traoré est devenu bon depuis qu'il a quitté Paris. Pourquoi ça aurait pas marché avec Cissé, hein ? C'était logique comme choix pourtant...
- C'est sur !, répondit Crijstôf alors qu'ils se levaient pour attendre devant la porte encore fermée. N'empêche que grâce au Doud' moi je vais affronter les barrages l'âme sereine !

Adrien descendit sur le quai de la station Porte de Saint-Cloud. A la fois énervé par l'évocation du pari perdu, et stressé par son sac à dos il choisit de garder le silence. Crijstôf continua donc la conversation tout seul, dans un monologue qui tenait tous les autres usagers du métro à plus de cinq mètres de distance. Ses explications sur la qualité du jeu de Cissé effrayèrent ainsi tour à tour les chevaux d'une patrouille de la police montée, quand les deux supporters sortirent de terre devant l'église Sainte Jeanne-de-Chantal, un couple de supporters bordelais qui quittaient la brasserie Les Princes, et les quelques gars qui faisaient la queue devant la boutique d'écharpes et de maillots située juste avant le barrage de la place Jules Rimet, au pied des tribunes H, I et J du Parc. Ce n'est qu'une fois arrivés à la fin du troupeau de supporters Rouge et Bleu agglutinés devant ce barrage de police qu'Adrien reprit la parole :

- Toujours autant de monde ici, hein ?
- Ouais, c'est pénible.
- J'arrive pas à comprendre pourquoi ils se ruent tous sur ce passage là. En plus on est juste à côté du Périph', on ne s'entend pas. Vraiment, c'est le plus désagréable.
Alors qu'Adrien poursuivait son chemin, tournant à droite dans une rue qui s'éloignait du stade, Crijstôf cru bon de revenir à un autre sujet :
- Mais de toutes façons, quoi qu'il arrive, au bout du compte tu es obligé d'ouvrir ton sac devant les policiers. Alors qu'est-ce que ça change ?
- Ca change que là, dit Adrien en tournant rue Maginot, devant un marchand de fruits et légumes, là au moins on est à la rue suivante, il y a un barrage... et on ne fait pas la queue parce qu'il n'y a personne ! Quitte à avoir des problèmes avec les forces de l'ordre, autant que ce soit sans avoir fait le pied de grue auparavant. Hé ! Peut-être que si on continue à parler, l'air de rien, on pourra se faufiler sans être...
- Monsieur !... Monsieur, vous ouvrez votre sac s'il vous plait ?

Bien qu'il s'y soit préparé depuis des jours, et bien qu'il l'ait ressassée durant tout le trajet en métro, Adrien ne put s'empêcher de frissonner en entendant cette phrase. Alors que Crijstôf l'attendait, déjà passé de l'autre côté des barrières métalliques, Adrien fit glisser les bretelles de ses épaules, et tendit le sac à un CRS moustachu et patibulaire. Pléonasmes s'il en est.
- Allez-y !, dit Adrien en enfonçant sa casquette sur ses yeux. Moi je préfère ne pas regarder...
Aussi intrigué qu'un CRS puisse l'être, c'est-à-dire parfaitement impassible, le moustachu empoigna le sac et ouvrit la fermeture éclair. Fouillant du regard l'intérieur de la besace, gardien de la paix tomba immédiatement sur un objet qui attira son attention. Cette chose, là... La forme oblongue, les dimensions, la couleur. Tout collait. L'esprit du policier tourna à cent à l'heure. Incroyable de tomber là-dessus par hasard, comme cela. Pas de doute, c'était...
- Ca alors ! Un vibromasseur Bunny Waver ondulant !
- Tiens, on est tombé sur un connaisseur Adrien...
Le CRS replongea illico l'objet en latex rose dans le paquet, histoire de ne pas davantage attirer l'attention de ses collègues après son cri du cœur un tantinet compromettant, puis il feint d'ignorer l'intervention stridente de Crijstôf pour ne s'adresser qu'à Adrien :
- Dites-donc vous, qu'est-ce que vous transportez là-dedans au juste ?
- Dis-lui que ça le regarde pas, et c'est pour ton usage personnel !, proposa Crijstôf, hilare.
- Rien qui ne soit interdit par la loi monsieur l'agent !
- Vous êtes sur ? On va peut-être vérifier tout ça ?
Crijstôf, accoudé à la barrière Vauban, lança entre deux rires :
- Demande-lui sur qui il veut les vérifier ! On va peut-être trouver une fliquette volontaire ?
La main sur une bonbonne glissée dans sa ceinture et la moustache froncée, le CRS demanda Adrien :
- Il est avec vous celui qui crie, là ? J'ai bien envie de lui demander ses papiers...
Adrien haussa les épaules. Pas de blague, la situation était déjà suffisamment compliquée.
- Oui, il est avec moi, c'est un ami. Et ses papiers sont en règle, il est fils de réfugié politique Tsergovien.
- Hey, arrête de lui raconter ma vie à ce playmobil !
- Dites-donc, vous ne pourriez pas lui dire de prendre un ton moins agressif quand il a affaire aux forces de l'ordre ? Et puis en passant, demandez lui de parler français ! On est encore en France après tout...
- Mais il parle français, c'est bien le problème, répondit Adrien, tendant les mains pour essayer de récupérer son sac. Crijstôf, pitié, tais-toi ! Bon, on peut y aller maintenant ?
Le CRS se gratta pensivement le cuir chevelu, de la main qui ne tenait pas le sac. Au moins il avait relâché ce qui ressemblait beaucoup à une bombe lacrymogène.
- Vous ne m'avez toujours pas dit ce que vous comptiez faire avec ce Bunny Wav... avec cette chose, là ! Le policier jeta un nouveau coup d'œil dans les entrailles du sac... Ni avec tout le reste ! Menottes recouvertes de moumoute rose... Casque de chantier... Pour un trip à la Village People je présume ? Canard vibrant... Cagoule en latex... Tiens, je n'avais jamais vu de boîte de préservatifs aussi grosse que celle-là ! Le lubrifiant qui va avec, de la corde pour le bondage... Oulà, y en facile cinq mètres là, non ?
- Non, dix mètres pour être précis !
- deux strings en bonbon, un autre canard vibrant...
- Oui, oui, dit Adrien d'une petite voix, ne sachant plus où se mettre. Je sais ce qu'il y a dans ce sac, ça va !
- Et encore, il a pas vu la ceinture vac U lock : elle est dans le fond...
Le CRS referma la fermeture éclair et se dirigea vers son supérieur.
- Bon allez, on va au poste !
- Quoi ?, s'insurgea Adrien, prenant à partie les passants aux alentours. Et pourquoi ? C'est pas interdit de transporter des canards vibrants dans la rue que je sache !
- En théorie non, mais dans un stade cela pourrait faire office de projectile.
Adrien hocha la tête de gauche à droite, abasourdi.
- Vous êtes malade ? S'adressant à une jeune fille qui attendait de franchir le barrage, juste derrière lui : Vous savez combien ça coute un canard vibrant ? Pas question que je balance ça sur quelque Bordelais que ce soit !
- Surtout le canard sado-maso !
Le CRS recula encore d'un pas...
- Euh... Et les menottes ?
- C'est des fausses !, s'insurgea Adrien. Elles s'ouvrent quand on appuie sur le côté !
- Oui, à part quand la moumoute rose se coince dans le fermoir. Ca m'est arrivé une fois...
Regardant autour de lui, le CRS semblait un peu perdu et haussa le ton...
- Mais il va se taire, lui ?
Enervé pour de bon, Adrien ne lâchait pas l'affaire :
- Et si je veux me protéger moi, je n'ai pas le droit de transporter de préservatifs alors ? C'est ça votre boulot ? Tout faire pour que les gens attrapent le sida !
La demoiselle de la file d'attente opina du chef, choquée.
- Non, mais...
- Y a pas de « mais » !
Le CRS lâcha le sac, empoignant nerveusement sa gazeuse.
- Merde à la fin !
Cette fois le policier criait franchement, se contrôlant avec peine :
- Barrez-vous ! Circulez ! Avec vos godes et vos strings bonbon, et toute le reste. Qu'est-ce que j'en ai à foutre après tout ? Allez, dégagez-moi le plancher espèce de tarés !
Surpris, Adrien ramassa son sac tombé à terre.
- Ah bon ?...
- BARREZ-VOUS !
- C'est demandé si gentiment Adrien, je crois qu'on devrait suivre son conseil et filer !



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(Suite et fin de l'épisode en début de semaine prochaine)

Pour retrouver les anciens épisodes :
(http://saisonrougebleue.canalblog.com/)

Pour lire le Guide du Supporter en intégralité :
(http://livregsp.canalblog.com/)
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