Dans quel état d'esprit êtes-vous avant la réception de Nice ?
Lionel Letizi : « Je n'aurais jamais imaginé que Nice se déplace en leader au Parc des Princes. Mais ils ont un bon groupe et veulent montrer qu'ils méritent d'être en L 1. Par rapport aux autres promus, Nice a peut-être moins de qualités que Le Havre ou Strasbourg mais c'est une équipe qui s'accroche. Ils mouillent le maillot, un peu comme quand j'y jouais. On avait une équipe jeune, et on se défonçait tout le temps. »
Comment avez-vous vécu la pseudo-rétrogradation du club en National ?
« Cela aurait été une catastrophe. A Nice, le sport de haut niveau, c'est pas terrible. Il n'y a plus de rugby, plus de tennis, plus d'athlétisme. Si on enlève le foot, il n'y a plus rien. C'est dur pour les jeunes qui arrivent derrière. Mais les réactions des gens m'ont fait plaisir. Il y a eu une énorme solidarité de tout le monde, joueurs, dirigeants, ville... Et ils ont réussi à sortir de leur galère. Quand on tire tous dans le même sens, on avance. Nice mérite un club comme Nantes ou Bordeaux. »
Vous souvenez-vous de vos premiers pas sur un terrain niçois ?
« Bien sur, comme si c'était hier. C'était avec Saint-Sylvestre, un club de quartier. J'avais fait un essai dans les buts et cela s'était bien passé. Et mon premier match de foot, je l'ai gagné sous un déluge. C'était le temps des tournois de Pâques ou de Pentecôte, quand on partait dormir chez l'habitant en Corse ou en Italie. »
Votre famille vous a-t-elle vraiment poussé ?
« Pas tant que ça. Quand mon grand-père élevait un peu trop la voix, mon père lui serrait la vis et lui faisait la leçon en rentrant à la maison. En dehors du terrain, j'avais une vie normale. Je n'étais pas obsédé par le foot. Après Saint-Sylvestre, mon père m'a mis à l'OGCN. Le seul problème, quand on est gardien chez les jeunes, c'est qu'on gagne souvent 5 ou 6-0 le dimanche. Alors, avec mon père, on se trouvait un petit coin de terrain et on s'entraînait tous les deux, pour s'amuser. »
Quelle image gardez-vous de vos premiers pas en D I, lors d'un Bordeaux - Nice (1-0) ?
« C'était bizarre. A l'époque il y avait Huard, Zidane, Lizarazu en face. Des mecs que je ne voyais qu'à la télé... On avait perdu, mais ça reste marqué. J'avais 21 ans et l'entraîneur ( NDLR : Albert Emon) n'hésitait pas à donner leur chance aux jeunes. C'est la période où Barthez, Coupet et Dutruel ont commencé à sortir. »
Le départ de Nice pour Metz a du être un déchirement...
« Mais il fallait le faire, d'abord pour le club qui avait bien besoin de renflouer ses caisses. Et puis, j'aurais peut-être stagné à Nice. Alors, on s'est retrouvés seul avec ma femme en Lorraine et on s'est fabriqué une autre vie. Mais c'est sur que je rentrerai à Nice dès la fin de ma carrière. Ma vie est là-bas. »
Propos recueillis pour Le Parisien par: Eric Bruna