Etes-vous satisfait de votre première demi-saison à Istanbul, où vous venez de remporter le titre de champion de Turquie avec Fenerbahçe ?
J'étais déjà champion d'Angleterre -avec Arsenal- et d'Espagne -avec le Real Madrid-. Maintenant champion de Turquie. Ce titre est logique, nous avons mené toute la saison, même si j'ai trouvé que Galatasaray jouait mieux que nous.
Vous ne regrettez pas d'avoir signé à Fenerbahçe ?
Pas du tout. En France, on m'a encore critiqué avant même que j'aie posé un pied à Istanbul. Ça me fait rire. Mais, cet hiver, j'ai vu qu'avec Manchester City il n'y avait aucun espoir de jouer la Ligue des champions, et j'avais envie de grands matches. J'ai failli partir à Liverpool et Barcelone, mais on m'a mis des bâtons dans les roues. Fenerbahçe était la seule solution pour moi.
Le niveau du football turc est tout de même inférieur à ce que vous avez connu auparavant...
C'est sur qu'ici c'est plus lent, moins physique, moins tactique que le championnat anglais. Il y a encore un écart important par rapport au jeu européen. Peut-être que je ne joue pas dans le meilleur club du monde mais je me plais bien à Istanbul... Si un plus grand club veut m'engager je partirai, mais, pour le moment, je reste ici.
Et appréciez-vous la vie à Istanbul ?
On est tranquille en Turquie. A Paris, je ne pourrais pas me balader dans la ville comme ça. Je me sens super bien, ici. Ma venue n'a rien à voir avec le fait que ce soit un pays musulman. Ma religion, je la pratique dans mon coin depuis bientôt dix ans. Je n'ai pas besoin d'en parler ou de me montrer. Surtout qu'en France, quand tu dis que tu es musulman, on croit que tu vas faire un attentat.
Vous n'avez pas songé à revenir jouer en France ?
Pas question. La mentalité française ne m'intéresse pas. Là-bas, ils n'aiment pas les gens qui réussissent, il y a beaucoup trop de jalousies... Je pense que je finirai ma carrière à l'étranger. Quand je suis revenu jouer au PSG, les gens ne me regardaient plus de la même façon. On a dit que j'avais changé, mais c'est le regard des autres qui a changé. Pourtant, en France, mon club, c'est le PSG. Je ne pourrais jamais aller jouer à Marseille ou même à Lyon.
Vous avez donc suivi de près la calamiteuse saison du PSG ?
Ça fait dix ans que le PSG a les mêmes problèmes. C'est toujours pareil. Ils changent tout d'une année sur l'autre : le président, l'entraîneur, les joueurs... Et ils veulent tout dès la première année. C'est du gâchis. Un jour, j'aimerais bien aider ce club à s'en sortir et m'investir dans son fonctionnement.
Vous avez récemment critiqué les choix du sélectionneur, Raymond Domenech. Avez-vous définitivement tiré un trait sur votre carrière avec l'équipe de France ?
J'ai simplement dit la vérité sur Domenech. Le football est un milieu d'hypocrites. Il dit qu'il prend les meilleurs en équipe de France et il ne le fait pas. C'est tout. Tant qu'il y aura des sélectionneurs bizarres qui penseront plus au caractère du joueur ou à son signe astrologique qu'à sa façon de jouer au football, je ne jouerai pas en sélection. Avec Santini c'était pareil. L'équipe de France, c'est du passé.
Cela ne vous donne aucun regret ?
Mon seul regret, c'est d'avoir manqué la Coupe du monde 1998. Tout mon parcours en bleu est bizarre : en 1998, j'ai fait le doublé avec Arsenal mais pas la Coupe du monde. Ensuite, j'ai joué au Real Madrid, le meilleur club du monde, mais je n'ai pas été sélectionné de la saison... Moi, je vis très bien sans l'équipe de France et ce n'est pas elle qui m'a apporté ce que j'ai aujourd'hui.
Lemonde.fr