Au centre de La Turbie, le changement d'heure n'a pas d'effet. Les séances d'entraînement sont longues, très longues. Attentif au moindre détail, Guidolin fait répéter à ses hommes les enchaînements en position d'attaque, comme il les oblige à travailler le pressing défensif collectif. Son credo est simple: "Je veux une équipe pragmatique. C'est une règle essentielle dans le football, la façon de penser de ceux qui recherchent la gagne. Lyon, qui peut remporter la C1, en est un exemple".
Si le technicien voit "encore beaucoup de différences" entre son équipe et les champions de France, il dit avoir confiance en lui et dans son travail.
Depuis son arrivée, il a largement ouvert son groupe aux jeunes pousses du centre de formation. Titulaire face à Dijon (1-0) puis Ajaccio (3-0), Olivier Veigneau souligne: "Il nous parle peu mais nous responsabilise, comme avec des joueurs expérimentés. C'est vraiment bien".
Guidolin estime avoir "quelques jeunes très intéressants". Par conviction mais aussi par nécessité devant le nombre d'absents, l'Italien a, de ce fait, déjà répondu aux volontés dirigeantes de voir Monaco redevenir un club-étalon en matière de formation.
"Besoin de temps"
Cette émulation n'est pas sa seule réussite. Dubitatif lors des premières séances, l'effectif intègre progressivement ses principes.
"Il nous a fallu un temps d'adaptation, souligne François Modesto. Ce n'est pas toujours évident de comprendre ce qu'il cherche. Mais ça vient". Lucas Bernardi enchaîne: "Après un mois, on est conscient de ce qu'il veut. On n'a été demandeur de rien mais il a bien senti qu'on manquait de confiance".
Homme méticuleux, Guidolin insiste sur la notion de temps. "Je connais mieux mes joueurs. Mais pour avoir une équipe complètement organisée, j'ai besoin de temps. Si j'étais superficiel, je pourrais dire que ça va, mais je crois dans le travail collectif".
Sa volonté est de former une équipe dynamique et protéiforme. "Il souhaite qu'on soit aussi performant à trois qu'à quatre derrière, afin de modifier les systèmes facilement, précise Modesto. On répète tous les jours les mêmes exercices et on appuie dessus, on retrouve donc les mécanismes en match".
Il en va de même sur les coups de pied arrêtés. Coup-francs axiaux ou excentrés, directs ou indirects, corners, touches... Pour chaque phase répétée à l'envie, il propose différentes variantes que les joueurs appliquent à leur guise.
A Paris, le technicien sait que "tout le club passera un test important" avant de préparer une fin novembre décisive (St-Etienne, Hambourg, Marseille et Prague).
"J'espère que Monaco est parti pour durer", souffle-t-il exténué, la nuit tombée un soir d'entraînement. "Mais le plus compliqué pour moi est de gérer ma fatigue mentale, conclut-il dans un français très correct. Devoir tous les jours m'imposer à parler, à penser en français est un exercice épuisant". Mais l'Italien aime la répétition.
AFP