PSG70 : Mustapha, quel est votre meilleur souvenir avec le Paris Saint Germain ?
Mustapha Dahleb : « La victoire en Coupe de France, la première, en 1982. Sinon, pour ce qui est de ma carrière en général, je dirais la participation à la Coupe du Monde 1982 avec l'Algérie. »
PSG70 : L'année 1982 a donc été la plus belle pour vous ?
M.D : « Oui, enfin il y en a eu beaucoup d'autres, mais c'est vrai que j'arrivais en fin de carrière, c'est donc c'est celle qui m'a laisse le plus de souvenirs. »
PSG70 : Et votre pire souvenir ? Vos blessures peut-être ?
M.D : « Pour ce qui est du Paris Saint Germain, aucun, je n'ai aucun mauvais souvenir de cette période. Par défaut, je dirais que c'est quand j'ai quitté le club. Concernant mes blessures, cela fait partie du jeu... »
PSG70 : Vous avez passé 10 ans au PSG. Pensez-vous qu'une telle longévité est encore possible aujourd'hui ?
M.D : « Oh, oui, si le joueur devient amnésique (rires). Non, très sincèrement, je pense que ce n'est plus possible aujourd'hui, à part dans les très grands clubs comme le Barca ou le Real où il y a encore une politique du très long terme. Sinon, c'est vrai que pour les autres, cela semble difficile. »
PSG70 : N'avez-vous pas regretté financièrement votre fidélité au Paris Saint Germain ?
M.D : « Non, dans la mesure où c'était un choix délibéré de ma part. Effectivement, j'aurais pu gagner énormément d'argent en partant mais ce fut un choix de rester à Paris. »
PSG70 : Et sur le plan sportif ?
M.D : « Sportivement, oui, il n'y avait pas toujours les moyens. Le club a connu des difficultés quand aux résultats. Je dis toujours que les 10 minutes les plus importante du club pour moi ont été en Coupe de France contre Lens à Reims (NDLR : Demi-finale de Coupe de France perdue 3-2 avec un but lensois à 10 minutes de la fin du match lors de la saison 74-75). Les événements se seraient accumulés plus vites en cas de victoire, et le PSG aurait passé plus rapidement ce palier. C'est le moment le plus triste de ma carrière oui. »
PSG70 : Sans ses multiples ennuis de santé (blessures récurrentes au ménisque, notamment), croyez-vous que vous auriez pu avoir une envergure sportive encore supérieure ?
M.D : « Vous savez, je n'ai pas beaucoup plus été blessé que la moyenne quand on regarde les statistiques. Disons qu'on voyait quand je n'étais pas là mais je ne pense pas avoir été blessé plus qu'un autre attaquant de l'époque. Même le président Francis Borelli m'avait défendu devant les critiques sur ce point à l'époque. «
PSG70 : Oui, disons que vous étiez blessés moins souvent que la moyenne mais de façon plus grave ?
M.D : « Oui voila, j'ai tout de même eu deux opérations au ménisque. »
« Bianchi pouvait marquer sans toucher la balle ! »
PSG70 : Quelle personnalité vous a-t-elle le plus impressionné durant votre passage au PSG ?
M.D : « Je crois que nous avons eu de la chance, je voudrais rendre hommage aux dirigeants de l'époque d'avoir toujours eu le nez fin dans les choix dans une période difficile durant laquelle nous nous sommes maintenus en première division.
Il y a plusieurs hommes à qui je voudrais rendre hommage en commencent par Just Fontaine mais aussi Vélibor Vasovic. On a toujours eu de grands joueurs, on a été gâtés sur ce point. Bianchi, Larqué, Rocheteau, Bathenay. Sans ces bons choix de la part des dirigeants, il y aurait eu plus de remous dans le club. »
PSG70 : Et sportivement ? Quel joueur vous a le plus impressionné ?
M.D : « Chacun avait son registre, Bianchi par exemple pouvait marquer sans toucher la balle ! Il y a eu aussi Susic, Dogliani mais aussi Surjak dans les débuts. Le seul regret serait de n'avoir jamais pu disposer d'un effectif plus fourni pour vraiment confirmer sur une saison. Le groupe n'était pas assez étoffé. C'était un souci d'équilibre. »
PSG70 : Avec le recul, quel était votre poste préféré ? Ailier ou Meneur de jeu ?
M.D : « Je crois qu'avec le recul, le poste ou j'ai été le plus efficace était ailier gauche, mais vous savez, avec l'âge il y a des choses qu'on ne peut plus faire. Vers la fin, j'étais donc plus utile en meneur de jeu. Disons que j'ai su évoluer avec mon poste. Mais c'est vrai que j'ai été plus efficace devant. »
PSG70 : Etes vous resté en contact avec des joueurs de cette époque?
M.D : « Je ne suis plus souvent à Paris. Il y a bien les matchs du Variété qui permettent de revoir les anciens, non seulement du PSG mais aussi d'ailleurs. Sinon, oui, nous nous retrouvons de temps en temps et nous prenons plaisir à se revoir. »
PSG70 : Le racisme est de plus en plus présent dans le monde du football. Avez-vous été victime d'actes, de paroles ou de gestes racistes à votre époque, que ce soit de la part d'adversaires ou de supporters ?
M.D : « Non jamais (d'un ton ferme), je pense que ce phénomène a commencé dans les années 85 86. A notre époque, il n'y avait aucun problème avec le public, ni même avec les joueurs. Enfin personnellement je n'ai jamais eu de problème avec des adversaires, et je tiens à le dire clairement ! Quand je vois les dérives qu'il y a pu avoir par la suite notamment les banderoles racistes envers Weah ou Lama, je peux vous assurer que si j'avais été encore joueur à cette époque, jamais je ne serais entré sur le terrain en ayant connaissance de ce qui était affiché en tribune. Il faudrait vraiment que les dirigeants fassent quelque chose. Cela ne peut plus durer. Ils doivent prendre leurs responsabilités. Quand vous insultés dans la rue, vous pouvez vous retrouver au tribunal. Dans les stades, non. Le sport est pris en otage, et cette dérive est regrettable. »
PSG70 : Que pensez-vous du geste de Zinedine Zidane en finale de la Coupe du Monde contre l'Italie ?
M.D : « Je pense que personne ne peut l'expliquer. C'est dommage pour lui, pour l'équipe de France, pour tout le monde. On a beau trouver toutes les raisons du monde, on ne le saura jamais vraiment. Mais cela revient à ce qu'on disait (voir la question précédente), ce jeune homme (Materazzi), a agit impunément, en toute connaissance de cause, il faudrait vraiment que ces agissements cessent. Il y a des choses à revoir dans le football, même les arbitres sont dépassés, c'est indigne du sport. »
PSG70 : Mustapha Dahleb, que devenez vous ?
M.D : « Nous montons des opérations dans des pays africains, dans le domaine de la santé notamment. Avec beaucoup de gens, des ONG, des organismes ... »
PSG70 : Avez-vous déjà eu l'occasion d'intégrer le staff ou la direction du Paris Saint Germain depuis votre fin de carrière ?
M.D : « Non, j'ai décroché du sport, je ne suis plus proche du milieu du football. Je pense que nous avons eu notre temps nous autres, il est temps de passer à autre chose. »
PSG70 : Seriez-vous intéressé par un poste d'ambassadeur du PSG en Afrique du Nord, un peu à la façon de Raï en Amérique du Sud ?
M.D : « Non, sincèrement, non, si je devais reprendre, ça serait pour être au plus proche du terrain, en tant qu'entraîneur. Je pense que je serais plus utile à ce poste là. Si mon travail consiste à voyager, alors non, ce n'est pas ma vocation. »
PSG70 : Suivez vous toujours le PSG ? Que pensez vous du retour d'Alain Cayzac ?
M.D : « Oui, je suis l'équipe, les résultats. Pour Alain Cayzac, je lui souhaite longue vie et une grande réussite. Je ne l'ai pas connu lorsque j'étais au club (Alain Cayzac est arrivé au Paris Saint Germain en 1986, alors que Mustapha Dahleb l'a quitté en 1984) mais bien plus tard puisque nos enfants ont joués au foot dans la même équipe, à Boulogne. »
La situation du football en Algerie ? Catastrophique !!
PSG70 : Vous rendez vous toujours au Parc ?
M.D : « Oui, enfin je n'ai pas pu l'année dernière mais je compte vraiment y aller cette saison. »
PSG70 : Que pensez-vous de la situation du football en Algérie?
M.D : « CA-TA-STRO-PHIQUE ! Je pense que le football algérien ne pourra pas s'en sortir, je ne vois en tout cas pas pour le moment de voyant s'allumer au vert. »
PSG70 : Pouvez vous expliquer ?
M.D : « Si vous avez le temps oui, il nous faudrait trois jours pour tout expliquer (rires) disons que le contexte tout entier fait que le football algérien n'est pas au mieux. Il faudrait toute une opération englobante pour changer la situation... »
PSG70 : Vous aviez un projet de centre de formation en Algérie il y'a quelques années, ce projet est-il toujours d'actualité ?
M.D : « Oui, j'y suis toujours mais pas seulement en Algérie, je travail aussi en Afrique et dans les Pays du Golfe. Il s'agit d'une école de football où l'aspect scolaire est très pointu, l'entraînement et la formation y sont les points principaux. Je commence avec le football car cela est plus facile pour moi. Puis, par la suite, j'envisage d'englober les autres sports au fur et a mesure. »
Propos recueillis et retranscrits par Maxime Pousset pour PSG70.free.fr et PlanetePSG.com. Merci aux membres des forums PlanetePSG.com et DZfoot.com pour leurs questions ainsi qu'à Mustapha Dahleb pour sa disponibilité.
PSG70.free.fr
Extrait du PSG70 webzine numéro 9 - Aout 2006