Ce soir, ce sera un peu "le" match de Pauleta. Joueur historique de la sélection portugaise, qu'il a quittée en juillet 2006, l'Aigle des Açores aura à cœur de prouver ce soir à ses proches, tous supporters du Benfica, qu'il est un grand. Dans une interview donnée au "Parisien", il évoque le 8e de finale mais également d'autres sujets d'actualité.
"C'est vrai, je suis moins bien"
Attaqué par le journal "L'Equipe" en début de semaine, Pauleta réagit aux "révélations" lui prêtant des velléités de départ et laissant entendre qu'un parfum de discorde flotte entre lui, le staff technique et les autres joueurs. "J'ai toujours accepté la critique quand je la mérite, répond Pauleta. C'est vrai, je suis moins bien. Mes buts sont moins décisifs. Malgré tout, j'ai marqué dix-huit fois", tempère-t-il avant d'ajouter : "Mais quand on dit que je suis en froid avec le club, le coach, mes partenaires, tout est faux. Je ne cherche pas non plus à partir au Qatar. Mon contrat court jusqu'en juin 2008 et j'irai à son terme", affirme l'homme de 34 ans, qui n'a connu que quatre clubs de 1re division au cours de sa carrière. "En douze ans passés à l'étranger, je n'ai jamais connu de problème et en une semaine on en a créé avec l'entraîneur, le président, les joueurs", ajoute-t-il à l'AFP.
Interrogé, au titre de capitaine, sur le moral des troupes, Pauleta admet qu'il est quelque peu entamé par la mauvaise série actuelle et notamment les deux dernières défaites en Championnat. "C'est normal que nous soyons tristes quand notre équipe est relégable. Quand on voit notre situation, c'est logique d'être inquiets. Descendre représente une possibilité. Tout le monde a conscience de la gravité de la situation." Malgré tout, le joueur discerne des raisons d'y croire : "On a des joueurs de qualité et je pense qu'on va se maintenir. On en a l'obligation. Pour s'en sortir, on doit rester solidaires. On a déjà montré qu'on avait du caractère en gagnant quatre matchs consécutifs."
"Paul Le Guen continue de me faire confiance"
Tour à tour discret puis râleur sur le terrain, Pauleta n'est pas un capitaine commun. "J'évite de parler à tort et à travers", estime-t-il. Des bruits courent et laissent entendre qu'il n'a plus la confiance de Paul Le Guen pour emmener l'équipe vers la victoire. L'Aigle des Açores se défend : "Quand on m'a donné le brassard en début de saison, l'effectif et le coach étaient d'accord. A l'arrivée de Le Guen, je l'ai vu pour lui dire qu'il pouvait, s'il le souhaitait, choisir quelqu'un d'autre. Mais il a décidé de continuer à me faire confiance."
Pauleta reconnaît être perturbé par les problèmes judiciaires que rencontre le PSG actuellement et qui le concernent de près : en effet il fait actuellement l'objet d'un contrôle fiscal, dans le cadre de l'enquête sur les transferts douteux du club. "C'est vrai que, parfois, c'est difficile... Je suis un peu perturbé de temps en temps. Alors j'essaie de me concentrer sur le football et l'avenir du club", déclare-t-il laconiquement.
"Je n'étais pas content d'être sur le banc contre Sedan"
Orgueilleux - cela lui est parfois reproché -, Pauleta avoue qu'il n'était "pas content" d'être assis sur le banc des remplaçants, samedi dernier, contre Sedan. Diplomate, il dit respecter "la décision de l'entraîneur. S'il pense que d'autres peuvent faire mieux que moi, c'est son choix." Néanmoins, la fierté ne tarde pas à ressurgir de la bouche du Portugais, recordman de buts avec son ancienne sélection (47 buts en 88 sélections). "Ce n'est pas parce que le coach me met sur le banc une fois que ce sera comme ça jusqu'à la fin de la saison. Depuis que je suis en France, j'ai toujours été titulaire."
Impatient d'en découdre avec ses compatriotes, Pauleta dit du Benfica Lisbonne qu'il est "une grande équipe, très expérimentée, avec de bons joueurs. Mon père et mes amis sont des "socios" de Benfica et je retrouve aussi des amis avec qui j'ai longtemps joué en sélection. C'est une rencontre très symbolique pour moi. J'espère que le PSG va gagner et que je vais marquer. Je pense qu'on va voir un grand match." Toutefois, il estime que l'affiche, peut-être la plus belle cette année pour un PSG bien triste, tombe presque mal : "Le championnat reste la compétition la plus importante. J'aurais aimé que ce match arrive dans une autre situation."
"Pauleta manque à la sélection portugaise"
Grand ami de Pauleta, le milieu défensif international de Benfica, Armando Petit, porte une grande estime envers celui qui n'a joué qu'en 2e division avec un club de son pays : "Pedro n'a rien perdu de ses qualités de finisseur, déclare-t-il à "L'Equipe". Il n'a toujours besoin que d'une ou deux occasions pour marquer." L'entraîneur lisboète Fernando Santos estime quand à lui qu'il "est un joueur de très grande qualité, qui a énormément apporté au football portugais."
Au sujet du manque de reconnaissance dont il souffre auprès de son peuple et du fait de n'avoir jamais joué dans l'un des trois grands clubs portugais (Benfica, Sporting, Porto), Pauleta, fataliste, est conscient qu'on ne peut pas toujours être prophète en son pays : "Le football est comme ça. Ma carrière était à l'étranger. Je me sentais bien dans tous les clubs où j'ai joué et cela a toujours été difficile de revenir au Portugal." Finalement, il lâche : "Oui, j'aurais aimé porter le maillot d'un grand club portugais." Joueur du PSG entre 1979 et 1980, Joao Alves a fait venir Pauleta à Salamanque, en Espagne, lorsqu'il en était l'entraîneur en 1996. Il défend son ancien protégé : "Il a toujours été quelqu'un de très équilibré dans sa vie personnelle et sportive. C'est pourquoi il est encore présent au haut niveau."
Retraité de la sélection au lendemain de la défaite contre l'Allemagne en Coupe du Monde, pour l'attribution de la 3e place, Pauleta n'a pas réussi à être remplacé de façon crédible à son poste, ni par Nuno Gomes ni par Helder Postiga, qui ne possèdent pas les mêmes qualités que leur prédécesseur. "Même s'il a bien fait de prendre du recul après le Mondial, c'est évident qu'il manque à la sélection un joueur de son profil, estime un journaliste du quotidien portugais "A Bola". Seul Hugo Almeida (Werder Brême) s'en rapproche."