Adjoint de Paul Le Guen au poste d'entraîneur, Yves Colleu démontre à travers une interview donnée au site officiel du club qu'il est davantage qu'un simple bras droit. Bien qu'un peu convenus, ses propos traduisent une véritable expérience de son métier.
Deux jours après le match PSG-Benfica (2-1), l'entraîneur adjoint revient sur la brillante victoire parisienne, dont il tire d'ailleurs de nombreux éléments positifs : "Nous avons connu un début de match difficile qui s'est matérialisé par un but rapidement encaissé. A ce moment, on avait quelques craintes car l'équipe semblait fébrile, manquait de confiance. Et puis nous avons réussi à égaliser sur un but chanceux, bien que la chance se provoque. Ce but nous a permis de revenir au score alors qu'en règle générale, les équipes qui doutent, ont du mal à réagir et s'effondrent. L'équipe s'est alors montrée plus entreprenante, mieux organisée et donc plus difficile à jouer. Les joueurs ont tenu bon, c'est encourageant." Sur le plan du résultat, Yves Colleu ne peut être que satisfait, puisque l'attaque du PSG s'est montrée particulièrement inspirée jeudi soir. "Il est important que les joueurs du PSG inscrivent des buts, car nous n'en marquions pas suffisamment. Pour un attaquant comme Pauleta, c'est effectivement important de marquer, surtout pour la confiance."
La victoire lors de ce match aller réévalue aux yeux de l'entraîneur la qualité de l'effectif parisien : "C'est bien d'avoir gagné ce match contre une bonne équipe européenne, présente en quart de finale de la Champions League la saison dernière et sortie des poules d'extrême justesse cette année, après avoir livré de très bons matches. Il s'agit donc forcément d'une référence pour nous, même si nous savons pertinemment qu'un seul but encaissé serait synonyme d'élimination au match retour (NDLR : un 1-1 au Estadio da Luz serait pourtant synonyme de qualification pour le PSG)."
"Nous réussissons assez bien à l'extérieur"
Le comportement du PSG à l'extérieur cette saison, à plus forte raison lorsqu'on les compare avec les mauvais résultats obtenus à domicile, incite même l'homme à l'optimisme : "D'une manière générale, nous réussissons assez bien à l'extérieur et cette victoire n'hypothèque en rien nos chances de qualification. Nous maintenons l'espoir. On ira là-bas avec l'ambition de réussir quelque chose. Je suis persuadé qu'en mettant du rythme dans le match et en imposant une cadence élevée nous pouvons les gêner." Gare cependant à ne pas se faire submerger par les 65 400 spectateurs du Estadio da Luz, qui seront à fond derrière leur équipe. Yves Colleu n'y pense pas et croit au contraire que l'engouement du public ne pourra que sublimer les joueurs parisiens : "Ce sera très motivant de jouer dans un stade certainement plein avec une ambiance très chaude. Cela permet aux joueurs de se livrer totalement. Avec l'appui de leur public, les joueurs portugais joueront leur chance à fond, mais ils savent que nous pouvons être dangereux et ils ne nous prendront donc pas à la légère."
Le match de dimanche revient cependant systématiquement sur les lèvres de l'entraîneur adjoint. Il est vrai qu'une élimination en 1/8 de finale de la Coupe de l'UEFA serait peu de choses à côté d'une défaite à domicile contre Auxerre. "Le championnat demeure l'objectif prioritaire du club. Il reste 11 matches, qui seront pratiquement autant de finales. Il faudra bien les négocier, donner le maximum, il en va de l'avenir du club en première division. De l'avenir des joueurs, mais également du simple salarié. Il faut en avoir conscience. Le match contre Auxerre est le premier rendez-vous de cette série." Une inquiétude cependant dans l'esprit d'Yves Colleu : "J'espère que nous n'aurons pas laissé trop de force dans le match de jeudi soir. La Coupe UEFA pose des problèmes de calendrier et de récupération."
"Le match à Sedan est le seul qui ne nous satisfait pas jusqu'à présent"
La dichotomie criante observée entre les matchs de Coupe de l'UEFA et ceux livrés en Championnat est une simple vue de l'esprit selon Yves Colleu : "Depuis que nous sommes arrivés avec Paul Le Guen, nous avons plutôt réussi des matchs d'assez bonnes qualités. Le seul match dont nous ne sommes pas satisfaits, c'est Sedan. La dernière défaite à domicile contre Saint-Etienne, a été de bonne facture et le résultat aurait pu être tout autre. Il faut donc croire en l'avenir, car nous sommes capables de redresser la barre." Celui qui a rencontré Paul Le Guen en 1998 au Stade Rennais défend son bilan, malgré les trois défaites consécutives contre Saint-Etienne, Sochaux et Sedan : "Nous savons très bien qu'on ne se sort pas d'une situation difficile aussi vite. Le club était engagé dans une spirale négative, c'est compliqué d'inverser la tendance, surtout lorsque l'on déplore des blessés importants, qui plus est pour une longue durée. Sans compter l'enchaînement des matches. Tout cela fait que nous sommes inquiets, même s'il s'agit d'une inquiétude raisonnable, car nous avons les moyens de maintenir le club en L1."
L'accumulation de matchs ces derniers temps ne l'inquiète pas outre mesure, alors que se profilent à l'horizon trois rencontres d'affilée, contre Auxerre, Benfica et Rennes. "Je ne me plains pas des cadences soutenues, j'aime bien jouer des matches, même si en ce moment nous en avons peut-être beaucoup. Il ne faut pas se plaindre, maintenir le cap et donner un dernier coup de collier avant quelques jours de repos bien mérités pour les joueurs." Allusion aux quinze jours de trêve internationale qui seront alloués aux joueurs. "Pour ceux qui rejoindront leurs sélections, il faudra par contre encore enchaîner des matches. Il ne faudra pas que cette période constitue une cassure. Il faudra très vite se remobiliser pour aborder les 9 derniers matches de championnat avec envie et détermination."
«Les Glasgow Rangers sont un exemple dont il faut s'inspirer"
Assistant de Paul Le Guen lors de ses passages successifs à Rennes, Lyon et Glasgow, Yves Colleu possède une connaissance aiguisée du fonctionnement des clubs, ce qui l'autorise à les comparer : "Paris, c'est le club de la capitale, avec une médiatisation très forte. C'était aussi le cas à Glasgow, avec une presse également très présente et plus déstabilisatrice. Mais les Glasgow Rangers restent un exemple au niveau de l'organisation et des structures. C'est difficile de faire mieux. Il faut donc s'en inspirer pour progresser, même si aujourd'hui nous en sommes encore loin. Paris est toujours cité parmi les favoris du championnat même s'il ne justifie pas toujours son rang. Le PSG peut et doit avoir une belle équipe et j'espère que dans les années à venir on aura un groupe pour jouer les premiers rôles. Rennes est un club qui s'appuie sur un centre de formation très performant avec là encore des infrastructures tout à fait correctes et une stabilité depuis quelques années qui permet au club de se maintenir à un niveau intéressant. Et enfin, Lyon, c'est un peu tout cela à la fois : de la stabilité, des infrastructures adaptées, un effectif constitué avec intelligence et une projection permanente vers le futur de telle sorte que le club possède aujourd'hui 5 ans d'avance."
L'arrivée un peu précipitée du nouveau staff technique l'a pour le moment empêché de travailler dans cette perspective, déclare l'entraîneur adjoint : "Nous sommes obligés de travailler dans l'urgence. Nous sommes arrivés deux jours avant un match en retard contre Toulouse et depuis cette date-là on passe d'un match à l'autre, en étant tous les jours sur le terrain. C'est certes très excitant, mais aussi un peu stressant. Nous aimerions compter une dizaine de points en plus afin de préparer l'avenir avec sérénité. J'ai cependant bon espoir qu'on arrive à se sortir de ce mauvais pas et pouvoir enfin profiter de Paris. De la ville, mais surtout du club, de son impact, de tout ce qu'il représente."
