Daniel Bravo, joueur du PSG.
Si Daniel Bravo a connu 6 clubs durant toute sa carrière (Nice, Monaco, Paris, Parme, Lyon et Marseille), c'est au PSG qu'il affirme être le plus attaché : "Mon nom est associé à Paris et à Nice, mais on me parle surtout de Paris. J'y ai joué sept ans et j'ai la chance d'avoir appartenu à une génération privilégiée. Pourtant, j'y ai connu une phase très difficile." Le club de la Capitale reste malgré tout celui qui l'a le plus marqué : "Paris est le plus important parce que c'est un grand club et parce que je sentais que nous étions capables de gagner la Ligue des Champions. Quand ça marche à Paris, c'est fabuleux." De son expérience parisienne, celui qui fut Champion d'Europe en 1984 avec l'Equipe de France ne retient que deux noms : "Weah, parce qu'il était capables de nous faire gagner des matches à lui tout seul : on le laissait partir contre les quatre ou cinq défenseurs en se disant qu'il allait nous offrir la victoire. Et Ricardo, parce que je l'ai vu jouer blessé, sur une jambe, s'entraînant très peu, mais au cours d'un match il était toujours là."
S'il se refuse de résumer ses sept années parisiennes, Daniel Bravo retient malgré tout le Camp des Loges de l'époque : "On dit aujourd'hui que ce n'est pas un centre d'entraînement digne de ce genre de club, eh bien je trouve que c'est pas trop mal par rapport à ce qu'on a connu à l'époque ! C'était tellement délabré que je me suis électrocuté sous la douche, à me retrouver à poil par terre, sous le choc. On s'entraînait avec des tenues dépareillées."
S'il admet n'avoir pas été au niveau au début de ses années parisiennes, Daniel Bravo doit sa renaissance à un seul homme : Luis Fernandez. "Il a fallu attendre que Luis me redonne ma chance pour que je la saisisse pour de bon. Je n'avais plus peur du public car je ne pouvais pas tomber plus bas et cela a fini par payer."
Daniel Bravo et le Parc des Princes.
Daniel Bravo revient également sur le stade qui l'a vu grandir, le Parc des Princes : "Pour moi le Parc, c'est PSG-Real, PSG-Barcelone, PSG-Parme, c'était vraiment chaud. J'adorais l'ambiance qui y régnait. Quand aujourd'hui je vais au Stade de France, je vois une énorme différence. Je sais que les Bleus vont revenir au Parc (contre l'Ecosse) et je vais y aller car j'aime ce stade, j'aime l'ambiance, c'est chaud, c'est fermé, il n'y a pas de piste autour du terrain. J'y ai joué sous d'autres maillots, ça reste le stade le plus impressionnant de France. Le Vélodrome est raté. Même avec de l'ambiance, on y est pas. Certes, au Parc j'ai été sifflé par le public tout entier mais, à un moment donné, on était bien plus que des joueurs qui étaient au PSG, on étaient des joueurs du PSG. On pouvait passer au travers d'un match, le public était tolérant et se demandait pourquoi on était pas en forme, il y avait du respect."
Daniel Bravo et le PSG.
Celui que l'on surnommé le petit prince n'hésite pas à revenir sur les nombreux échecs qu'ont connu certains joueurs au PSG : "On doit laisser deux ou trois ans à un joueur dans un club. Avec le temps, tu as tes repères, et ça représente quelque chose pour toi. Quand dans un club on ne te laisse pas le temps de gagner du crédit, il suffit de te louper un ou deux matches pour être entraîné dans une spirale négative." D'après lui, si tant de bons joueurs deviennent mauvais au PSG, c'est parce qu'ils "n'ont pas le temps de s'habituer, il y a davantage de concurrence et il faut saisir sa chance très vite."
Même propos pour ce qui concerne l'entraîneur : "Si c'est dur pour les joueurs, ça l'est encore plus pour l'entraîneur. Surtout aujourd'hui. (...) Je n'ai jamais été entraîneur ; de ce qu'on m'a dit, on n'entraîne pas Paris comme Sochaux. Les joueurs n'acceptent pas à Paris ce qu'ils acceptent à Sochaux." Cependant, pour lui, une seule recette miracle existe pour que le coach se fasse respecter de ses joueurs : la méthode. "Quand Luis est arrivé, il n'était pas très expérimenté mais il savait communiqué et il connaissait le club." Il en profite pour revenir sur l'éviction de Fournier : "Laurent Fournier a été viré à tort alors que son bilan était bon, c'était un jeune entraîneur en train de faire ses preuves, qui était juste avec les joueurs et les traitait comme des humains. Ce qu'on (lui) a fait était proprement scandaleux. Quand tu veux tuer ton chien, tu dis qu'il a la rage. Ils ont essayé de trouver tous les défauts du monde à un entraîneur qui avait redressé une situation délicate."
Daniel Bravo et le PSG actuel.
Comme tout amoureux du PSG, Daniel Bravo est affirmatif : la relégation du club parisien est inenvisageable. "L'arrivée de Paul (Le Guen) devrait permettre de jeter de nouvelles bases saines. Il est très respecté, très écouté et il va pouvoir batir une équipe et arranger ce qui ne va pas. C'est vraiment un très bonne chose pour Paris. Pas seulement pour redresser la situation mais reconstruire sur le long terme. Paul va penser à l'intérêt du club avant ses propres intérêts. Il va mettre le club au centre de ses préoccupations."
Par ailleurs, il n'hésite pas à faire la critique et la comparaison avec les méthodes de Vahid Halilhodzic, ancien entraîneur du PSG : "Halilhodzic voulait faire table rase du passé, y compris des anciens. On avait l'impression d'être persona non grata au Parc. Vahid voulait occulter le passé, l'effacer. (...) Vahid avait coupé la tête à tout le monde, y compris au niveau du siège. Il a voulu en finir avec l'identité du club. Vahid se plaint qu'on ne l'ait pas laissé finir... heureusement ! Si on l'avait laissé finir, il n'y aurait plus de club."
Daniel Bravo et le PSG de demain.
Pour l'avenir du PSG, celui qui a disputé 217 matches (23 buts) de championnat sous le maillot Rouge et Bleu fait confiance en l'équipe dirigeante actuelle : "(Le PSG) est un club qui a encore une identité et il doit s'en servir. Je crois beaucoup en Cayzac et Le Guen pour la reconstruction. Le club n'est certes pas au mieux, mais, depuis que Paul est là, le collectif et l'envie sont revenus. On les voit convalescents mais il y a clairement du mieux."
Enfin, Daniel Bravo est persuadé que pour réussir, le PSG devra effectuer un recrutement efficace dans le style de ceux réalisés pendant les périodes de gloire : "A plus long terme, il faudra à tout prix ne pas se planter sur le recrutement. On avait des joueurs décisifs, des Weah, des Djorkaeff, des Ginola, des Rai. Le club manque aujourd'hui de joueurs capables de faire basculer un match."