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Supporters PSG : Arno P-E : Vivre Ultra’... Pour vivre ?

Publié le 12 Septembre 2007 à 00h03 par Arno P-E
Supporters  PSG : Arno P-E : Vivre Ultra’... Pour vivre ?
Pourquoi le PSG ne fait-il plus peur à domicile ? Pourquoi les Rouge et Bleu ne parviennent-ils plus à emporter la décision dans les dernières minutes d'un match ? Pourquoi ne sent-on plus la pression couler des tribunes, brulante, écrasant tout sur son passage ?

Dimanche 02 septembre 2007, fin du match contre Marseille. Le nul se profile, le PSG n'a toujours pas gagné au Parc. Quelques attaques parisiennes encore... Les Marseillais font des fautes et s'en sortent, sans s'exposer. Paris pousse, mais cela ne suffit pas. Vague sensation de gâchis. D'occasion manquée. Une nouvelle fois.

Pourquoi le PSG ne fait-il plus peur à domicile ? Pourquoi les Rouge et Bleu ne parviennent-ils plus à emporter la décision dans les dernières minutes d'un match ? Pourquoi ne sent-on plus la pression couler des tribunes, brulante, écrasant tout sur son passage ?

Le Parc des Princes s'est refroidi. Lentement. Pas une tribune qui ne compte une zone glacée. Partout on voit des travées où personne ne chante. Des sièges occupés mais silencieux. Des flaques ou les supporters restent immobiles. Figés. Même dans les tribunes populaires, le gel gagne lentement la bataille. Match après match, il ronge de nouveaux sièges. Cruelle ironie : pendant que le reste de la planète se réchauffe, le Parc, lui, se congèle. Inéluctablement.

La faute à qui ? Aux autres, surement. Se dire que les responsables sont ailleurs est bon pour la santé. Cela préserve des nœuds dans l'estomac, et évite quelques maux de tête. Pas de stress, pas besoin de se casser le crâne, si le Parc a froid à ses virages, c'est la faute à tout le monde. Sauf moi. Et sauf toi. Et lui. Bon, sauf nous quoi... Thiriez et sa politique démagogique, les abos trop chers, les interdictions de stade, la chasse au fumi, le temps qui passe, les maillots qui sont pas de la bonne couleur, les joueurs qui ne transpirent pas assez, les Tigres auto-dissouts... la liste des responsables potentiels est longue. Tant mieux, plus large est le choix, et moins la tentation de se remettre en question sera grande.

Certains demandent comment chanter quand on voit ce qui se passe sur le pré...

Et si on se livrait quand même à une introspection ? Une petite conversation avec sa conscience, le Jiminy Cricket des supporters. Une sorte d'auto-évaluation aussi honnête que possible. Histoire de voir dans quelle mesure on intervient tous dans cette nouvelle ère glaciaire tombée sur l'ouest de Paris.

Parce qu'après tout, qu'est-ce que tu fais, toi, pour réchauffer le Parc ? Quand est-ce que tu chantes ? Tout le temps ? Bah non, avec une équipe pareille, comment voulez-vous chanter tout le temps ? Ca doit venir d'eux aussi : aux Rothen, Armand et compagnie d'enflammer le terrain, et les tribunes suivront comme un seul homme.

C'est sur...

Oui mais voilà, et le jour où les joueurs sont moins bien ? Et le jour où ils tentent, ne déméritent pas... sauf que ça ne veut pas. Le ballon rebondit sur le trou de taupe, l'arbitre siffle à l'envers, et nos adversaires marquent sur leur seule attaque de la mi-temps. On fait quoi ce jour là ? On les laisse crever nos joueurs ? On attend qu'ils se ressaisissent tous seuls, qu'ils égalisent, histoire que ce soit plus facile de se remettre à chanter ? Non... Pas possible de penser comme ça. D'imaginer que ça doit toujours venir d'en bas, du terrain. Que les joueurs ont la solution.

On est là pour les aider, pour leur montrer la voie dans la difficulté, ou uniquement pour les suivre quand ça va bien ? On reste silencieux, prostrés, la tête dans les mains parce que ça fait mal d'être menés ? Parce que y'en a marre de voir notre équipe balbutier son football depuis des années ? On garde la pose, tous alignés bien gentiment devant notre siège, comme des rangées de poissons sur un lit de glace ? Muets comme des carpes ?

... d'autres ne se posent pas de question, et chantent : les Ultras !

Pendant ce temps-là, ailleurs dans le stade, il y a du bruit. Il y a de la vie. Ca bouge ! Cherchez les bâches ! Regardez derrière elles ! Paris est mené ? Mais là-bas ça chante encore, et limite plus fort qu'avant. Les joueurs semblent apathiques, immobiles sur le terrain ? Ailleurs des drapeaux s'agitent, les deux mâts sont brandis. Bras tendus, le vent s'engouffre, les couleurs du PSG sont portées haut derrière ces bâches. Du début à la fin de la rencontre ! Ici ? Ici, les supporters sont assis. Le Parc est mort. Là-bas ? Les Parisiens se tiennent par les épaules et sautent. Ils chantent.

Tout est glacé ailleurs, l'hiver gagne. Les tribunes s'immobilisent, dans une gangue de givre. On peut compter les ultimes lueurs venues nous réchauffer : seuls les fumis brillent dans l'obscurité. Eux sont la vie. Dernière source de chaleur. Eux sont en mouvement. Le mouvement Ultra'.

Et si être Ultra' ça n'était que ça, après tout ? Être vivant ? Certaines parlent de rites, de modèle, de moyens de reconnaissance... Mais si c'était la vie qui importait le plus ? Le bruit de ceux qui refusent le silence. La gestuelle des supporters qui ne veulent pas rester sans rien faire. La chaleur des encouragements et la lumière des tifos.

L'habit ne fait ni le moine, ni le supporter

Être vivant avant tout. Avant de paraître, ou de jouer un rôle. Aux oubliettes le dress-code du bon supporter : pas de déguisement ni de panoplie officielle à exhiber. On peut acheter une écharpe SA91 ou un sweat portant le nom de sa tribune, et ne servir à rien. Être celui qui n'élève la voix que pour insulter un supporter adverse, celui qui ne brandit le poing que le majeur levé, celui qui ne porte ses doigts à la bouche que pour siffler ses propres joueurs... Et surtout celui qui, le reste du temps garde le silence. Il ne s'agit pas de s'autoproclamer Ultra'. Il s'agit de vivre Ultra'. Pour vivre.

Le Parc a davantage besoin d'animation et de mouvement que de gravures de mode. Il a sans doute davantage besoin aussi de voix, de cris et de joie que d'analystes du jeu, de fins tacticiens toujours là pour critiquer une titularisation. Vient un moment où il faudra savoir arrêter de rechercher la petite bête, arrêter de se poser des questions, pour tout donner. Pour se livrer et pousser, quoi qu'il arrive.

Alors quoi ? Être Ultra' ce serait ça : avoir un destin de mouton, et bêler des compliments aux joueurs, à l'unisson du troupeau ?

Idiotie... Les moutons ne sont pas ceux que l'ont croit. Le troupeau du Parc, l'immense cheptel est endormi. Il a brouté son hot-dog, lapé sa bière avant de rentrer. Il attend la première occasion pour gueuler enfin sur le joueur que le dernier forum à la mode lui a désigné du doigt.

Les Ultras ne suivent pas le mouvement. Ils sont leur propre mouvement. Qui a le courage de défendre ses couleurs quand le PSG sombre ? La majorité est abasourdie. Les mecs normaux, vous, moi, ils se rassoient, jambes coupées. Regardez aux alentour ! Ecoutez ce qui se dit à gauche : « on va perdre ». A droite ? « Mouillez le maillot ». Devant ? « Equipe de merde ». Elle est là la majorité bêlante. Facile à suivre en plus. Sauf qu'ailleurs, il y a des gars pour prendre le micro et essayer de la relancer cette majorité. Les capi représentent l'impulsion. Les Ultras relayent le cri. Ils l'étendent. Les Ultras sont l'étincelle. Celle qui ne s'éteint pas. Même au pire de la crise. Certains voudraient voir des brebis là où au contraire il y a des bergers.

Mais pourquoi suivre ce « mouvement » ?

Restent les réfractaires. Ceux qui ne voient pas pourquoi ils suivraient des pseudo-règles, peu claires au demeurant, ou un quelconque « modèle ». Ceux qui donnent de la voix et s'en contentent, se disant que si tout le monde en faisait autant...

Oui, chanter, c'est bien. Mais montrer que l'on chante en levant les bras, c'est mieux. La gestuelle, ce n'est pas que pour faire joli sur les photos que l'on va compulser sur le net. L'élan narcissique et l'autosatisfaction du web c'est super, mais le but premier n'est pas là : il faut montrer aux autres que l'on chante. Essayer de les entraîner. Voilà le but des gestuelles ! Leur indiquer la voie, les désinhiber. Un gars qui chante, celui placé 10 rangs au dessus ne le voit pas. L'Ultra' qui chante et suit les gestuelles est lui identifiable par toute sa tribune. Il donne l'exemple. Pas pour faire style, ou parce que « c'est la mentalité et qu'on discute pas avec ça, il faut le faire et basta cosi »... Non. Parce que c'est ce qu'il y a de plus efficace. De plus entraînant.

Tous les autres modes d'action des Ultras répondent d'ailleurs aussi à cette règle. Les choses ne se font pas par hasard, ou « parce que c'est le modèle ». Le mouvement supporter existe depuis des décennies. Il a lentement évolué, et ici encore la théorie de Darwin a fait son oeuvre : la sélection naturelle assure la survie du plus fort. Le Parc en est la preuve : l'évolution a abouti à plusieurs modèles, distincts mais complémentaires. L'Ultra', les Indépendants, et la mouvance Britannique sont les survivants de ces années passées dans les tribunes. Tous leurs rites, leurs habitudes, leurs façons d'agir sont l'aboutissement d'un long processus de sélection. Tout y est par force efficace, et nécessaire.

Seulement des trois, la mouvance Ultra' est sans doute la plus facile à atteindre. La moins exigeante, en un certain sens.

Il ne s'agit pas obligatoirement de vous carter, de filer votre billet pour obtenir une carte qui à elle seule ne signifie rien. Même si l'argent reste le nerf de la guerre, à long terme mieux vaut un gars motivé qu'une adhésion de plus ou de moins. Il s'agit avant tout de s'investir. Par des choses simples : brandir un drapeau, c'est déjà apporter une touche de couleur au Parc. Il ne s'agit pas de suivre, mais de montrer. Rien de difficile là-dedans : reprendre une grecque, participer à un tifo, c'est déjà prouver l'unité d'une tribune, l'existence d'un bloc soudé. Il ne s'agit pas de copier, mais de créer. Du bruit. Des chants. Des tifos. De la chaleur. Et de la joie. Où est le plaisir à rester planté sur place sans rien faire ? Quelle que soit l'issue du match, si vous avez déjà passé 90 minutes à gueuler, à vous agiter et à faire vivre le Parc, là au moins vous aurez pris du plaisir. Vous aurez vécu Ultra'. Vous aurez vécu.

Reste que se lâcher dans une zone morte n'est pas si évident. Animer toute une tribune, ou tout un stade... Cela paraît tellement démesuré ! Surtout quand on ne connaît pas grand monde et que l'on ne souhaite pas forcément rentrer dans un groupe très soudé, voir fermé. Certes. Mais au point où on en est, rien n'est facile au Parc. Et chaque détail compte. Au PSG, à domicile il y a 45 000 détails. On en fait tous partie.

Reste une question : Es-tu vivant ?

Note : Il n'est pas question ici de privilégier un mouvement au Parc au détriment des autres. C'est juste que le mouvement Ultra' me paraissant le plus facile à suivre pour les néophytes, la logique veut que ce soit vers lui que ce texte penche. De plus, je doute que les Indèps, par exemple, aient besoin de PlanetePSG pour recruter qui que ce soit...

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