Le joueur revient tout d'abord sur un épisode qui restera probablement gravé dans sa mémoire : lorsqu'il a été nommé capitaine et s'est retrouvé titulaire au poste de latéral gauche, au détriment de Sylvain Armand. "C'est allé vite pour moi. De toute façon, j'avais intégré le groupe la saison dernière quand le coach était encore Guy Lacombe (NDLR : deux matchs de Coupe de l'UEFA). J'avais alors seize ans. Alors c'est vrai que c'est allé vite, mais il ne faut pas oublier que je n'ai encore que dix-sept ans."
Courageux au cours de ces deux rencontres de championnat (contre Valenciennes, puis Lyon), le joueur a malgré tout donné l'impression à certains moments d'être dépassé par les événements. Est-ce une observation juste ? "Non, réfute-t-il avec la conviction d'un homme qui a vécu. Le coach m'a fait confiance, il m'a donné le brassard, je l'ai pris. Mais que je joue avec le brassard ou sans, c'est pareil : j'encourage comme je peux et j'essaie de donner le maximum. C'est un honneur de jouer des matchs de L1 car c'est autre chose que la CFA. Il faut s'adapter, c'est en faisant des matchs que l'on progresse." Assuré : "Je vais acquérir de l'expérience."
Depuis cette parenthèse, le défenseur est retourné sur le banc. Samedi, il a tout de même disputé les vingt-cinq dernières minutes de Nancy-PSG, à la faveur d'une blessure d'Armand, avec qui son destin semble indéfectiblement lié. Positif quant à sa situation, Sakho ne se met pas en posture d'exiger quoi que ce soit et se concentre sur son apprentissage : "Ce sont les choix du coach, je fais avec. Le temps qui m'est donné est du bonus. Quand je joue, je profite comme je peux du temps de jeu qui m'est donné. Quand je ne joue pas, je me remets à travailler, comme tous les jours." Peut-on parler d'un départ idéal pour un joueur formé au club et à qui déjà tant de responsabilités ont été confiées ? "C'est vrai que ça a toujours été un rêve, déjà de pouvoir jouer au Parc sous les couleurs du PSG. Et avoir le brassard était quelque chose auquel je n'avais jamais pensé. Mon rêve en était deux fois plus fort ! Mais je ne suis pas encore arrivé, il y a encore du travail."
D'un point de vue personnel, Sakho assure avoir bien vécu son inattendue promotion et trouvé de la force dans le fait de ne pas vivre ce moment seul : "J'ai assez bien vécu cette progression, car nous étions cinq joueurs du centre de formation dans le groupe pro. Nous nous connaissions avant et avons grandi ensemble, donc psychologiquement, c'était un peu plus simple. Je n'ai pas eu vraiment d'appréhension grâce à ça. Si j'avais été seul, ça aurait été plus dur car je me serais retrouvé avec des stars confirmées. Nous sommes de purs produits du centre de formation et personnellement, j'ai souvent été surclassé quand j'étais jeune. Mais quelle que soit la catégorie où l'on me met, si l'on m'y met, c'est que les coachs estiment que j'ai le niveau pour."
A la question de savoir quelle aurait été sa réaction, en tant que supporter, de voir autant de jeunes alignés pour un match de L1, le Parisien de cœur réplique, sans se démonter : "C'est quand même Paul Le Guen, un grand coach, donc je me serais dit que s'il fait ça, c'est qu'il a ses raisons pour le faire et que ce sont des jeunes en lesquels il a confiance. D'un autre côté, le fait qu'il possède des stars et qu'il ne les fasse pas jouer m'aurait certainement interpellé."
Formé depuis son plus jeune âge au poste de stoppeur, Mamadou Sakho a cependant montré à de nombreuses reprises, que ce soit en CFA, en équipe première ou en sélection, qu'il présentait certaines dispositions comme arrière latéral. Une analyse que ne partage pas l'intéressé, même s'il comprend qu'on ne lui ait pas confié d'office les clés de la défense : "Oui, mais c'est normal. Car c'est dur de faire confiance dans l'axe à un jeune. C'est un poste qui comporte beaucoup de responsabilités. Beaucoup de joueurs formés dans l'axe ont débuté leur carrière sur un côté, et cela ne les a pas empêché de retrouver ensuite leur poste initial. Aujourd'hui, on me met à gauche. Au fil de ma progression, on verra si je retrouverai moi aussi mon poste de formation. En attendant, j'essaie de m'adapter. Que je joue dans l'axe ou à gauche, je prends. Mais je n'ai pas réellement les qualités d'un latéral. Après, si le coach pense que je suis efficace à ce poste-là, tant mieux."
Plusieurs fois durant sa formation, ce surdoué a eu l'opportunité de quitter le PSG. Pourquoi ne pas avoir fait le pas ? Sa réponse indique bien le degré d'ambition qui l'anime : "Ça a été un défi pour moi. Quand vous êtes jeune et que vous entendez les échos sur le PSG, c'est toujours le même discours qui revient : "Au PSG, ils ne font pas sortir les jeunes." Nous, quand nous étions au centre, nous nous parlions énormément et notre défi était de tout faire pour faire taire les gens qui parlaient en dehors. Car le PSG a toujours été le club de notre cœur, donc nous n'aimions pas entendre ce genre de critiques. Nous avons eu la chance d'avoir un coach comme Paul Le Guen, c'est sur, mais honnêtement, un joueur peut toujours forcer un entraîneur à le faire jouer. Si tu es bon, tu joues. Même à Paris, et quel que soit le coach."