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PSG : Exclu : interview d'Alain Cayzac (1/2)

Publié le 08 Février 2012 à 11h08 par Cyril Peter
Diplômé d'HEC, ex-publiciste de renom, chevalier de l'Ordre de la Légion d'Honneur, Alain Cayzac est aujourd'hui "senior advisor" de la banque d'affaires Goetzpartners, conseil en fusions et acquisitions spécialisé dans les secteurs des télécommunications, médias et technologies. Mais c'est en qualité de dirigeant historique du Paris Saint-Germain, le club de son coeur, qu'il a accordé une interview à Planète PSG. Dans cette première partie, l'ancien président parisien (juin 2006 - avril 2008) revient sur son expérience de médiateur entre dirigeants et supporters, tout en défendant l'âme Rouge et Bleu.
planetepsg.com : Alain Cayzac, vous avez quitté le conseil de surveillance du Paris Saint-Germain l'été dernier au moment où QSI débarquait dans la capitale. Quels sont vos rapports aujourd'hui avec le club ?

Ce sont d'abord des liens amicaux, historiques. J'ai connu Leonardo quand il était joueur et j'avais voulu le faire venir au Paris Saint-Germain quand j'étais président. Quand Nasser (Al-Khelaifi) est arrivé, nous nous sommes rencontrés de façon très cordiale pour que je lui présente des anciens. Je connais depuis longtemps Jean-Claude Blanc. Quand j'étais administrateur du groupe Amaury, lui était patron d'Amaury Sport Organisation (ASO). Il jouait même dans mon équipe de foot de la pub.

Par ailleurs, je suis encore président du Centre de Formation des Apprentis des métiers du sport dont le directeur exécutif est Thierry Morin, ancien joueur du PSG. Ce centre a été créé il y a plus de 10 ans avec le Conseil régional d'Ile-de-France. Le Paris Saint-Germain en est le maître-d'oeuvre. C'est pour ça qu'on en a la présidence. On accueille des jeunes sportifs de haut-niveau qui se préparent aux métiers du sport dans le cas où ils ne perceraient pas. Le tiers des élèves est composé de footballeurs, dont des joueurs du PSG. Anelka, Chantôme, Sakho y sont passés. Le reste, ce sont des sportifs de l'Ile-de-France, des judokas, des rugbymen.

Enfin, je suis toujours membre de la Fondation et administrateur de la Société d'exploitation Sports et Evènements (SESE), la société d'exploitation du Parc des Princes. J'ai donc des activités importantes mais annexes.

"JE COMPRENDS LE PRINCIPE DE TERRITORIALITE DANS UN STADE"

planetepsg.com : En 2010, avec Franck Borotra, qui a démissionné en décembre dernier de son poste de président de la Fondation PSG (http://www.rmcsport.fr/editorial/208197/fondation-psg-franck-borotra-demissionne/), vous avez été nommés médiateurs pour renouer le dialogue avec les supporters. Vous avez obtenu un retour aux abonnements, mais des abonnements aléatoires. Echec ou succès ?

La médiation a peut-être permis de ne pas couper les ponts, de poursuivre un dialogue mais c'est un échec dans la mesure où ce que l'on a proposé n'a pas été accepté. Il est important de rappeler que nous n'étions pas décisionnaires, nous n'avions qu'un pouvoir de recommandation.

Ma première idée était un retour des associations car je considère qu'un grand club ne peut pas fonctionner sans associations. A l'époque on me disait que j'étais un malade car je prônais un retour des supporters. La deuxième idée était de faire les choses progressivement pour ne pas retomber dans les travers du passé. Il fallait que les associations soient consituées d'un nombre limité de membres avec un responsable bien identifié. On avait voulu aller plus loin mais on avait limité à cent le nombre de membres. Ces associations devaient signer une charte, qui n'a pas été très appréciée auprès des supporters car elle était considérée comme trop directive, et un début de retour au choix des tribunes. Sur ces cent membres, on avait obtenu que cinquante d'entre eux puissent retourner dans leurs tribunes de prédilection, et les cinquante autres, en face. C'était un premier pas. Dans mon esprit, si tout le monde se comportait bien, on passerait l'année suivante à deux cent, etc.

Par conviction, je comprends le principe de territorialité. Je conçois que l'on puisse choisir sa tribune, d'y aller avec sa famille, ses amis... Ce qui n'était pas le cas de Franck Borotra, avec qui je me suis bien entendu. Le problème est que ce principe de territorialité était mal exploité, c'est-à-dire qu'on choisissait sa tribune pour s'opposer à celle d'en face. Donc il y avait un risque.

Trois éléments ont empêché que ça se réalise. Premièrement, les esprits étaient très tendus. Pas contre moi mais contre Robin Leproux. On partait mal car il y avait un préjugé défavorable. Donc ça rendait le dialogue plus difficile. Deuxièmement, les supporters n'ont pas voulu croire au retour progressif à une situation normalisée. Troisièmement, ils ont considéré que la charte était trop proche de la direction. Je pense que si le climat avait été meilleur, on aurait pu réécrire la charte avec eux. Je ne porte pas de jugements, je ne dis pas qu'ils ont eu tort ou pas. Il y avait un grand principe : on ne pouvait pas revenir brutalement à la situation d'antan parce qu'il y avait eu des morts.

"LA NOUVELLE DIRECTION A BESOIN DE PATRONS D'ASSOCIATIONS IDENTIFIABLES"

planetepsg.com : Vous avez éprouvé des difficultés à entrer en contact avec des supporters historiques, notamment pour des raisons juridiques...

Oui, on n'avait pas le droit de rencontrer les patrons d'associations qui avaient été dissoutes. C'était le cas, par exemple, pour Christophe Uldry, le porte-parole des Supras Auteuil. Mais on a rencontré la plupart des leaders du passé et du présent. On n'a pas rencontré les indépendants, qui, par définition, ne se sont jamais regroupés au sein d'une association. Je ne les ai jamais rencontrés, même quand j'étais président.

En fait, ce n'était pas le moment, ce n'était pas mur. Robin Leproux avait la volonté de faire un pas. Moi, par tempérament, je voulais en faire deux du fait de ma proximité avec les supporters. Mais je ne voulais pas en faire trois car ç'aurait voulu dire : "je ne suis plus président et je me lave les mains".

planetepsg.com : Dans une interview à So Foot en décembre 2010 (http://www.sofoot.com/a-cayzac-le-vrai-adn-du-psg-c-est-borelli-143880.html), vous avez déclaré : "moi je suis attaché à trois choses : sécurité, ferveur, fréquentation". Aujourd'hui, l'aspect sécuritaire ne pose pas problème, la fréquentation est en hausse mais l'ambiance n'est pas au rendez-vous. Que faire ?

Ce triangle magique, c'est toujours le problème. Dans l'ordre, c'est sécurité, stade plein et ferveur. En tout cas la sécurité, on doit le mettre en premier car le fait qu'il y ait eu des morts est insupportable. Donc oui, aujourd'hui, il manque la ferveur. Les supporters historiques croient comme moi. Mais la majorité ne le pense pas. L'entourage du club - je ne parle pas des Qatariens - et mes amis ne comprennent pas quand je leur dis qu'il n'y a plus de ferveur. Ils voient un stade plein, des gens qui crient "Allez Paris". Ça leur suffit. Moi qui connais le passé, je peux dire qu'il manque les tifos, les chants. C'est quelque chose qu'on ressent que si l'on est historique. Ça ne signifie pas qu'on est un vieillard mais qu'on est là depuis longtemps.

On ne peut retrouver cette ferveur qu'avec les supporters historiques - je ne parle pas des 300-400 voyous - et que je défends toujours. Parce que je n'aime pas qu'on les assimile aux voyous. Parce qu'ils ont été formidables avec moi quand les résultats étaient mauvais. D'ailleurs, on m'a fait passer pour quelqu'un de trop proche des supporters et j'ai horreur des amalgames. Sur moi ou sur les supporters, qui ont toujours été là, même quand il n'y avait pas forcément de grands joueurs. Maintenant, on va tutoyer l'Europe... Je souhaite qu'ils reviennent. Mais je ne suis pas aux manettes !

Les dirigeants actuels étudient la situation. Ils ont quand même entendu dire qu'il y avait eu des morts. Ils ne peuvent pas dire tout d'un coup : "on oublie le passé". De toute façon, les pouvoirs publics ont leur mot à dire. Mais Jean-Claude Blanc sait écouter. Il est tout à fait conscient qu'il est bon pour le club que les supporters historiques reviennent. Après, il ne veut pas faire n'importe quoi. Il les a déjà rencontrés. J'espère qu'il y aura d'autres réunions entre lui et les supporters. J'espère qu'on réussira à les faire revenir sans mettre en péril la sécurité. Voilà l'équation.

Quand j'étais président, avec Amar, (Philippe) Peireira, Christophe Uldry, Fabrice Laurent (NDLR : les représentants des principales associations de supporters) et les autres, on a parfois eu des débats virils. On ne se faisait pas de cadeaux. Ils m'emmerdaient parfois sur le choix des joueurs. Et on avait de bons rapports. Si je n'avais eu personne en face de moi, j'aurais été beaucoup plus embêté. C'est pourquoi je pense que la nouvelle direction a besoin de patrons d'associations indentifiables.

"SI ON LE COMPARE AUX STADES ALLEMANDS, LE PARC EST ASSEZ OBSOLETE"

planetepsg.com : Leonardo a déclaré dans la Repubblica en décembre dernier que le Parc des Princes était "vieux et inadapté" (http://www.planetepsg.com/news-19371-club_leonardo_trouve_le_parc_trop_vieux.html). Etes-vous d'accord ?

Je suis d'abord d'accord avec moi quand je dis que le Parc est l'ADN du Paris Saint-Germain. Je ne l'imagine pas jouer ailleurs qu'au Parc, sauf en cas de travaux ou pour une affiche énorme. Je ne suis non plus borné : s'il y a 200 000 demandes, je ne suis pas contre, évidemment.

Ayant dit ça, oui, c'est un stade vieux parce qu'il a 40 ans. Si on ne le dit pas, on ne pourra pas régler les problèmes. Si on le compare aux stades allemands, il est assez obsolète. Pour certains spectateurs, il est devenu inconfortable. Il n'y a pas de parkings. La capacité d'accueil est limitée. On peut se contenter de 45 000 places. Ce serait mieux s'il y en avait 55 000. Il ne faut pas se leurrer, il y a du boulot à faire pour que ce stade devienne conforme à ce que l'on attend d'un grand club européen. Donc Leonardo n'a pas tort sur ce point.

Je suis un de ceux qui disent que si le PSG déménageait, on perdrait de notre âme, ce serait un autre club. Pourquoi pas à la limite ? A ce moment-là, ce ne serait plus le mien. On en changerait le nom et on créerait une autre équipe à Paris. En tout cas, je peux vous assurer que la nouvelle direction fait tout pour rester au Parc. J'espère de tout mon coeur qu'on va y arriver.

planetepsg.com : Pour ou contre un transfert définitif au Stade de France ?

Je suis contre. Mais je ne veux pas que l'on croit que je suis content du Parc actuel. Il faut savoir qu'il y a de nombreuses contraintes et que les travaux ne sont pas faciles à réaliser. Je me souviens qu'on avait envisagé de baisser la pelouse. Mais certains spectateurs se seraient retrouvés sous la pluie en cas de mauvais temps...

C'est facile quand on n'est plus président, on dit : "il faut, il faut, il faut". Mais la vérité, c'est que les Qatariens bossent. Ils ont jugé qu'on n'était pas prêts (sic), ils ont préféré rester au Parc pour le match contre Marseille. Donc ça veut dire qu'ils ne veulent pas à tout prix aller au Stade de France. Il y a aussi des problèmes d'argent. On a Vinci et Colony. Les Qatariens pourraient également en mettre. Mais ils le mettront que s'ils ont l'impression que l'on peut faire un beau stade.

On n'est pas Arsenal, qui joue en jaune. Dans un club ancien qui a déjà gagné des coupes d'Europe, on peut ouvrir un peu les vannes. On est une belle marque, mais une marque encore fragile car le PSG est un club jeune, turbulent, avec des bons moments, d'autres extrêmement difficiles... Donc il faut être prudent sur les fondamentaux qui font la marque PSG : les couleurs, le nom, les "bons" supporters et le Parc des Princes.

(réflexion) Et puis il y a l'âme. Je ne veux pas passé pour un vieux con. Le PSG est un club, qui, pour son âge, a une image incroyablement puissante. Il faut la garder sachant que le Parc des Princes en fait partie tout comme Paris, la ville. C'est le club de la ville et de la région Ile-de-France. Comme Marseille, le PSG est une marque très forte. Ce qui ne veut pas dire bonne. On aime ou on déteste. Vous savez, mon métier, c'est les marques. Et une grande marque ne laisse pas indifférent. Elle est née de Francis Borelli : généreuse, talentueuse, passionnée et paradoxale. Son principal défaut est l'inconstance. Quand tout va bien, il y a toujours quelque chose qui coince. Quand tout va mal, on se mobilise tous. On veut des stars, mais on veut des joueurs formés au club. On veut des étrangers, mais quand il y en a trop, on dit qu'il faut des Français...

On a donc une marque qui est beaucoup plus forte que d'autres produits. Ce qui est rare. On n'a pas brillé depuis 1991, c'est évident. Dans les années 2000, on a gagné des coupes nationales mais on ne jouait pas souvent l'Europe... Pourtant, quand j'étais président et que ça ne marchait pas bien, il y avait du monde au stade. Quand j'allais en Asie en tant qu'homme d'affaires, le plus beau cadeau que j'offrais à mes collaborateurs, c'était un maillot du PSG.

http://www.planetepsg.com/news-19892-club_exclu_interview_dalain_cayzac_22.html pour lire la deuxième partie de l'interview, qui traite de l'actualité agitée du club.

Planète PSG remercie Alain Cayzac pour sa disponibilité et sa franchise.
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