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Leclub PSG : Club : Les quatre vérités de Jérôme Rothen

Publié le 13 Février 2007 à 15h09 par Ludovic FRANCISCO
Leclub  PSG : Club : Les quatre vérités de Jérôme Rothen
Dans une interview fleuve donnée à "France Football", Jérôme Rothen aborde de nombreux sujets : les raisons du délitement du jeu parisien cette saison, sa relation avec Guy Lacombe bien sur, mais aussi ses espoirs pour lui et pour l'équipe. Il prend également la défense de Vikash Dhorasoo.

Un mois après le départ de Guy Lacombe, Jérôme Rothen n'emploie pas des mots tendres au sujet de son ancien entraîneur. Mais, loin de se laisser aller à la simple acrimonie, le joueur explique les causes de la rupture. Pour en déceler les premiers germes, il faut remonter à la saison 2005-2006. "La saison dernière, j'ai joué deux matches avec la réserve. La première fois, peu après l'arrivée de M. Lacombe, je le méritais. Lors d'un match contre Le Mans (0-1), au moment d'être remplacé, les mots avaient dépassé ma pensée. C'était un accident, j'ai payé (il manquera un match de championnat et évoluera en CFA). Mais j'ai reconnu, j'ai joué en CFA sans rechigner, voilà. Une erreur, ça peut arriver. Sur le reste, on ne peut rien me reprocher. Mais je crois que cette histoire m'a poursuivi." Le véritable divorce intervient au lendemain du match PSG-Hapoël Tel Aviv (2-4), le 23 novembre dernier. "Il y a eu une discussion. La discussion de trop. Il y a eu clash. Quand on s'attaque à l'humain, au lieu du sportif, il y a forcément clash... Sur le jeu, M. Lacombe n'avait pas grand-chose à me dire, juste : "Tu n'es pas assez efficace." Mais qui était assez efficace à ce moment-là dans l'équipe ? Le reste, c'étaient des reproches humains. Des choses complètement injustes."

"A la fin, il n'y avait plus aucun respect"

Malgré le mauvais traitement constaté à son égard, Jérôme Rothen décide de laisser courir. Contrairement à Vikash Dhorasoo, il ne s'épanche pas dans la presse. Une stratégie différente donc, qui ne portera pas forcément ses fruits sur le court terme. Le finaliste de la Ligue des Champions 2004 évoque d'ailleurs une mésaventure qui rappelle celle relatée par l'ancien Milanais dans la sortie médiatique qui a causé son licenciement : "Soudainement, je n'ai plus joué. J'avais un peu mal au dos, c'est vrai, et il s'est servi de ce prétexte pour m'écarter. C'était plus facile ainsi, il n'y avait pas d'affaire Rothen. Dans un sens, je préférais ça. Etant donné la situation du club, je ne voulais pas que vienne s'ajouter l'affaire Rothen, peu après l'affaire Dhorasoo. Le plus important, ce n'était pas moi, c'était le club. L'entraîneur a continué à parler mais moi j'ai gardé le silence. Pour le bien du club. J'ai tout fait parfaitement, j'ai bossé, j'ai fermé ma gueule, j'ai accepté les décisions, toutes les décisions, mais, au bout du compte, je ne pouvais rien contre son pouvoir. Mais, à l'intérieur, je bouillais. Sans pouvoir rien faire. J'arrivais, je faisais mes footings, sans jouer le week-end. Je n'attendais qu'une chose, pouvoir enfin aider l'équipe. A la fin, je crois qu'il n'y avait plus aucun respect, ni de son côté, ni du mien. Il n'y avait plus rien. Si, "bonjour" le matin".

"J'ai commis un délit de sale gueule"

Concernant l'intérêt de Guy Lacombe de se priver volontairement de son international alors que le PSG n'était pas à son avantage, Jérôme Rothen avance a posteriori l'hypothèse d'une simple incompatibilité d'humeur : "Je ne me suis pas posé la question. Parfois, il y a des délits de sale gueule. C'était peut-être ça. Entre nous, il n'y a jamais eu de complicité, d'affection. Quand tu es joueur, tu as besoin de sentir que l'entraîneur te fait confiance. Comme beaucoup de coéquipiers, je ne l'ai jamais senti. J'ai souffert que l'on m'attaque sur le côté humain. On a dit que j'étais ingérable, incontrôlable, mais je n'ai jamais eu le moindre problème avec un entraîneur avant Lacombe. Je suis resté en contact avec tous mes entraîneurs passés. Je ne crois pas être ingérable." Malgré toute la colère accumulée à ce moment-là contre son entraîneur, le joueur formé à Caen affirme n'avoir ressenti aucune satisfaction à voir Paris s'enfoncer alors qu'il ne jouait pas. "Comment voulez-vous que j'éprouve ce sentiment en voyant mes copains souffrir sur le terrain ? C'était horrible. Pour l'équipe, je souffrais. Pas pour l'entraîneur. Lui aurait préféré que je parte, il me l'a fait sentir. Il ne voulait plus de moi. S'il était resté au PSG, j'aurais quitté le club à contrecœur, c'est évident."

"Sous Lacombe, c'était le néant total"

Au-delà de son cas personnel, Jérôme Rothen analyse avec sévérité les performances du Paris Saint-Germain sous l'ère Lacombe : "On courait beaucoup, mais peut-être trop ans le vide... On avait moins de repères, je ne dis pas que c'était systématiquement la faute de M. Lacombe, on était tous responsables, mais il nous fallait du changement. Il n'y avait plus de révolte dans cette équipe. Contre Valenciennes (1-2), lors du dernier match de M. Lacombe, on a encaissé un but et il ne s'est rien passé, aucune réaction. C'était le néant total". La gestion du cas Dhorasoo est également évoquée par l'ancien international. "Le licencier était évidemment une erreur d'un point de vue sportif. Cela revenait à se priver d'un joueur capable de faire la différence sur le terrain. On a dit beaucoup de choses sur Vikash, sur sa supposée arrogance, mais il n'y avait jamais eu de problèmes entre nous dans le vestiaire. Il avait sa personnalité, il ne parlait pas beaucoup, mais je n'ai jamais entendu personne, parmi les joueurs, dire : "Il fait chier Vikash." Il aurait mérité un peu plus de respect. Nous, les joueurs, nous aurions préféré qu'il reste."

"Je sens que je peux rejouer comme à Monaco"

Les mots contre Guy Lacombe, sa personnalité, son travail, ses choix, sont très durs. Encore plus lorsqu'ils sont mis sur la balance avec ceux employés pour dresser le portrait de Paul Le Guen : "Les deux personnages sont différents, ça se voit de l'extérieur. Leurs méthodes de travail sont également très différentes. Paul Le Guen n'a pas besoin de gesticuler ou de gueuler pour se faire comprendre. Ca apaise l'équipe." Malgré ce passé, proche et pesant, Jérôme Rothen souhaite s'appuyer sur cette expérience pour rebondir. Alors que d'aucuns affirment que le joueur de 29 ans n'est plus au niveau qui était le sien il y a quatre ans, lui assure du contraire : "Je n'ai pas du tout baissé de niveau depuis mon départ de Monaco. Tous les joueurs ont besoin d'un collectif performant pour briller individuellement, et ce n'est pas le cas en ce moment. Mais cela ne veut pas dire que mon niveau a baissé. A Monaco, j'étais fort parce que l'équipe était en place. Combien de joueurs peuvent-ils faire la différence tout seul, dans une équipe qui ne marche pas ? Très, très peu. Je sais que je peux rejouer comme à Monaco, je le sens, je le sais. J'ai évolué à un certain niveau et je ne vois pas pourquoi, du jour au lendemain, je ne pourrais plus évoluer au même niveau. Aujourd'hui, je ne joue plus en Ligue des Champions, plus le haut du tableau, comment briller dans ces conditions ? Avant que Laurent Fournier ne soit limogé, Paris jouait le haut et tous les joueurs étaient bons, moi comme les autres."

"Mon histoire avec Paris aurait pu se terminer à cause de Lacombe"

Enfin, le natif de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) tient une fois de plus à clamer haut et fort son amour pour le club de la capitale : "Je ne regretterai jamais mon choix. J'avais un plan de carrière avec Paris et il fallait que je saisisse l'opportunité à ce moment-là, parce que, si j'étais parti à l'étranger, je ne serais pas revenu de sitôt en France. Aujourd'hui, même si les choses ne vont pas tout à fait dans mon sens, je sens que ça va repartir. Mon histoire avec Paris n'est pas terminée. Elle aurait pu se terminer à cause de monsieur Lacombe, mais, aujourd'hui, je suis là. Je crois au destin. Depuis l'arrivée de Paul Le Guen, je crois avoir montré mon envie de réussir. Je suis sur que ça va revenir."

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