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Leclub PSG : Arno P-E : Armand, tout un symbole

Publié le 04 Juillet 2007 à 14h26 par Arno P-E
Leclub  PSG : Arno P-E : Armand, tout un symbole
Après avoir déclaré que le PSG ne comptait aucun joueur intransférable, les dirigeants parisiens semblent avoir changé d'avis, en décidant de garder Sylvain Armand à tout prix. Le latéral devient ainsi le symbole de la détermination du club de la Capitale. Et cela ne relève pas du hasard.

Depuis quelques jours, les masques tombent. Côté lyonnais, on nous a expliqué que de toutes manières, que l'on recrute Grosso, champion du monde de l'Inter, ou le Parisien Sylvain Armand, cela ne changerait rien, il faudrait que le remplaçant d'Eric Abidal, parti à Barcelone, se fonde dans un groupe soudé, uni, dans lequel les individualités se plient dans un collectif, blablabla... Sauf que soudain, on découvre que Grosso pas de bol il ne parle qu'italien, alors que Armand, lui, bien qu'auvergnat d'origine, parlerait parfaitement le français. Du coup officiellement les deux joueurs sont sur la même ligne n'est-ce pas, sauf que en fait Armand est devant. Hum... Pas toujours facile de ménager les susceptibilités en période de mercato.

En tout cas, depuis ce week-end, Sylvain Armand, jugé trop faible pour jouer en équipe de France, est devenu la priorité absolue des recruteurs lyonnais... A croire qu'eux ne le trouvent pas si nul que cela.

Côté Paris SG, il n'y a pas de joueur intransférable. Cela a été clamé haut et fort. La déclaration des Droits de l'Homme ayant été signée en région parisienne, les dirigeants se font fort de la respecter scrupuleusement, ou presque. Par conséquent au PSG tous les joueurs naissent libres et égaux en droit de signer ailleurs... enfin surtout Pancrate et Bueno, qui se sont octroyés quelques jours de vacances supplémentaires. Pour Armand ? La situation est claire : oui il peut signer où il veut... du moment que c'est au Paris Saint-Germain. Limpide, non ?

C'est pas qu'il soit intransférable, c'est juste que Cayzac refuse de le transférer. La nuance est pas facile à saisir, mais on en est pas moins là... Et Sylvain, quant à lui, il en est à suivre le stage avec les Rouge et Bleu, et c'est tout.

Cette situation, un peu ubuesque, ne doit pourtant rien au hasard. Pour le PSG, Armand n'est pas un joueur comme les autres. S'il se voit aujourd'hui porté sur le devant de la scène, lui qui déteste pourtant cela, c'est que depuis son arrivée à Paris, l'ancien Nantais a été un symbole dans bien des domaines. Il a su gagner le respect, puis la sympathie de beaucoup de supporters, s'imposer dans le groupe, et enfin tirer l'équipe vers le haut.

Armand réussit l'exploit de passer après Heinze, sans décevoir

Il faut pourtant se souvenir que notre latéral revient de loin : chargé de la lourde tâche de remplacer Gabriel Heinze, joueur élevé au rang d'icône par les supporters, Sylvain a eu les oreilles qui sifflent à son arrivée. De toutes façons, pour beaucoup, il ne pourrait jamais être au niveau de son illustre prédécesseur. Pas facile à gérer. Mais il suffira d'un tacle pour que cela change...

Quelques mois seulement après son arrivée dans la Capitale, alors que le PSG venait de finir deuxième du championnat sous les ordres de coach Vahid, Armand s'apprêtait à disputer son premier derby de France. Les PSG-OM revêtent toujours une importance particulière, de par la tension qu'ils génèrent dans les deux camps. Mais cette année-là, en plus, avait vu Marseille innover en se livrant à ce qui est depuis devenu LA grande mode sur la Canebière : le recrutement d'un joueur du PSG, le 31 aout à 23 heures 52. Etrange coutume locale. Alors avec l'affaire Fiorèse, disons que si en tribunes les « classiques » sont habituellement chauds, celui-là était en revanche carrément bouillant...

Prévoyant, Vahid avait pris ses pilules homéopathiques anti-vomitives, au cas où. Les Ultras de la Capitale avaient rivalisé d'imagination dans leurs banderoles pour féliciter Fiorèse de son brillant choix de carrière, et il y avait une grosse, grosse ambiance au Parc. Rajoutons des chocs bien rugueux sur la pelouse, des joueurs qui se donnent comme il faut, et Armand, le petit nouveau, qui se retrouve face à Fiorèse, justement. Avec la rude tâche de faire oublier l'ancien latéral du PSG : Gaby Heinze !

On arrive à la demi-heure de jeu, tant bien que mal, et si le score a depuis quitté la mémoire de la plupart des supporters parisiens, ce qui en revanche y est bien resté, c'est le tacle monstrueux de Sylvain Armand...

Fiorèse reçoit le ballon, il tourne le dos à la son adversaire direct, et tergiverse un dixième de seconde. Le dixième de trop, parce que Sylvain, bien qu'un peu trop loin s'est déjà jeté. Une course, trois pas, et le tacle glissé modèle bucheron canadien. Et là, tout le Parc le voit venir gros comme une maison. Inspirations simultanées de 40 000 Parisiens qui retiennent leur souffle. Les tribunes sont debout avant même que le choc n'ait lieu... Wooouuuuhhh ! Impressionnant.

Rugissement de dingues : Sylvain Armand embarque tout. Jambes, ballon, short, la totale. Fiorèse est le cul dans la pelouse, et Armand se relève pour continuer le jeu... Mais le Parc sombre dans le chaos. Hurlements dans les virages, sifflet arbitral, bronca démentielle en tribune, échauffourées sur la pelouse. La totale. Et dans ce tourbillon, le Parc se reconnaît un nouvel arrière gauche.

Certes, Armand se fera sortir par l'arbitre sur cette faute. Mais en plus d'un joli carton rouge, il aura surtout gagné le respect de l'ensemble de la communauté Rouge et Bleu. Après ça, si ses centres, ou certaines de ses interventions seront critiqués par quelques-uns, plus personne ne remettra jamais en cause son engagement, et sa fidélité à nos couleurs. Armand, sur un tacle, quelques mois à peine après son arrivée était devenu un symbole de l'identité PSG. Là où d'autres, en dix ans passés au Camp des Loges ne seront jamais parvenus à prouver leur amour de la Capitale autrement que par de belles paroles.

Un état d'esprit et une communication irréprochables

Lors des saisons suivantes, jamais Sylvain Armand ne verra sa mentalité mise en défaut. Pendant que certains de ses coéquipiers critiquent les choix d'un coach qui ne les fait pas jouer à leur « vrai » poste, alors que personne n'a jamais trouvé de quel poste ils parlaient au juste, l'ancien Nantais sera lui baladé sur tout le côté gauche. Latéral, stoppeur, milieu défensif, et même offensif en Coupe de l'UEFA sous l'ère Lacombe, le tout sans jamais se plaindre. Mieux, le Clermontois ira jusqu'à se féliciter des challenges que ces changements lui proposaient ! Jamais une plainte auprès des médias, jamais d'état d'âme, de regret, ou même de doute. Alors que le PSG sombre de crise médiatique en crise médiatique, le défenseur parisien prend toujours soin de ne jamais remettre en cause un coéquipier ou un dirigeant.

Pas d'histoire de taupe, pas de déclaration anonyme. Même en pleine crise il communique à visage découvert, et continue à parler à la presse. Parfois il sera même le seul à trouver le courage d'assumer une énième défaite. En plus de sa grinta parisienne, Armand est aussi le modèle du joueur intelligent, qui contrôle sa communication et ne nuira jamais à son groupe à cause de ses déclarations tapageuses. Jusque aujourd'hui, il a toujours su garder cette ligne, ô combien précieuse à Paris.

Le coup de talon qui fait remonter à la surface

Mais il reste une dernière facette du personnage. Peut-être la plus importante aux yeux de ceux qui ont vécu le cauchemar de la dernière saison Rouge et Bleu. Non seulement Sylvain Armand n'a jamais lâché, non seulement il est l'un des rares, ou peut-être même le seul joueur à ne pas avoir subi de baisse de régime de la saison, mais en plus il est l'auteur du coup de talon qui nous aura permis de remonter à la surface. Au sens propre autant qu'au figuré d'ailleurs.

Au coup d'envoi du match retour, à Lens, Paris était en dernière position au classement. Premier avril 2007, la loupe de Canal + passe dans les tribunes et un lensois brandit son panneau : Le PSG en L1 l'an prochain ? Poisson d'avril ! La descente apparaissait alors comme inéluctable. Pourtant, le PSG allait ouvrir la marque très rapidement, grâce à un magnifique but de Diané. Ouf ! Les Rouge et Bleu s'arc-boutent alors en défense, et ne jouent plus qu'en contre, trop heureux de tenir enfin trois points si précieux. Jusqu'à ce que Lens égalise.

Paris vingtième, Paris qui après tant de déboires, de défaites, y croyait enfin, un peu, est rejoint en début de seconde période. Les minutes passent, le nul se profile... Il n'arrange pas les affaires parisiennes : un point, alors qu'on en voyait déjà trois dans l'escarcelle ! A un quart d'heure de la fin du match, les Rouge et Bleu semblent abattus. Il leur est arrivé tant de fois cette saison d'espérer une victoire, de la toucher du doigt, et d'encaisser un but idiot... Là, cette égalisation, c'était un coup de massue.

Les Parisiens regardent leurs chaussures, certains dodelinent la tête, doucement, comme hébétés. Ca faisait trop pour eux. Beaucoup étaient à bout, malgré leur statut, leurs avantages, leur salaire, etc. Parce que tous les chèques du monde ne peuvent plus vous donner de courage quand psychologiquement vous êtes brisé. Les supporters continuent à chanter mais on sent dans leur gorge tout le désespoir de ceux qui livrent le baroud d'honneur. A cet instant, tous les signaux sont au rouge, et il ne reste plus qu'une issue logique : le PSG va descendre.

Un but pour l'Histoire

Sauf que Sylvain Armand, lui, il y croit encore. Et ils étaient peu nombreux dans son cas, ce 1er avril, à un partout. Mais Armand y croit. Et Armand se bat, toujours... jusqu'au bout. Et Armand marque.

Oh, son but n'est pas esthétique, il ne dribble personne, ne décoche pas une de ces frappes imparables qui passent en boucle dans les résumés télé. Non. Il va juste chercher un ballon sur coup de pied arrêté, plus haut que les autres. Juste ça... Il le détourne parce qu'il s'est davantage battu que ses adversaires. Alors oui ça paraît simple, ça ne fait pas rêver les fans de PES, mais ça compte quand même. Il s'étire, se contorsionne, et son talon dévie la balle dans les filets de Itandje. Parce que Sylvain Armand y a cru, et a fait son boulot en donnant toutes ses forces.

Le tournant de la saison, il est ici, sur cette frappe de Armand qui n'en est finalement même pas une. Le Paris Saint-Germain y gagne les trois points, mais surtout la confiance, et la force de réaliser une série qui lui permettra de s'en sortir. Ce but est peut-être l'un des plus importants de l'histoire du club. Parce que sans lui...

Et du coup, Armand est peut-être l'un des joueurs les plus importants de l'histoire du club. Pas le plus talentueux, pas le plus impressionnant, ni même le plus doué. Mais voilà, Armand est Parisien dans les actes avant de l'être dans les mots, et il a initié la révolte qui nous a sauvés. Alors si aujourd'hui Cayzac, premier supporter du Paris SG, décide de tout faire pour le garder, ça n'est pas un hasard. Le président Rouge et Bleu a sans doute compris que pour bien des supporters, Armand est le prototype du joueur que l'on souhaiterait voir rester au Paris SG le plus longtemps possible. Pas une star, mais un joueur de club. Un vrai. Enfin...

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